Relier le faible taux de consommation de fertilisants en Algérie, où il ne dépasse pas les 18 kg à l'hectare (kg/ha) alors qu'il atteint 30kg/ha en Tunisie et 25kg/ha au Maroc, avec la tendance pour le développement d'une agriculture bio, en vogue dans les sociétés industrialisées, n'est que pure chimère. C'est d'autant plus vrai dans la mesure où notre pays est encore loin de l'ère de la promotion de l'agriculture biologique car plus enclin à relever le défi de satisfaire des besoins locaux de première nécessité et dont la demande ne cesse de croître. Mais ce n'est pas avec des rendements moyens comme ceux en cours que l'objectif escompté sera atteint. La faiblesse de la productivité agricole, notamment pour ce qui concerne les cultures stratégiques, a ses raisons. La plus évidente selon des experts dans le domaine est que le gros de la troupe des exploitants agricole utilise peu, voire pas, de fertilisants. Ces derniers invoquent inlassablement que c'est avant tout pour des raisons matérielles. Il a été constaté aussi que la majorité des petits exploitants n'ont pas les moyens financiers adéquats pour pouvoir s'approvisionner en quantité suffisante du fait des prix des engrais qui sont pour eux très élevés, soit entre 3 500 et 5 500 dinars le quintal. Autre raison de la faiblesse d'utilisation d'engrais citée par les spécialistes en matière de production agricole : elle est d'ordre comportemental. En effet et à l'exception des quelques exploitations de grande taille, l'agriculteur algérien reste attaché au caractère traditionnel dans l'exercice de sa fonction, c'est-à-dire qu'il continue à faire preuve de résistance au changement en refusant de s'adapter aux nouveaux précédés techniques. Toujours dans ce même registre il faut bien entendu ajouter le facteur sécuritaire et son impact sur le circuit de la distribution des engrais potassiques, phosphatés et des engrais à base de nitrate. En clair, l'acheminement des engrais à leur utilisateur se fait depuis la décennie noire (1992-2002) sous escortes des services de sécurité ce qui engendre souvent des retards de livraison au grand détriment des agriculteurs car la réception se fait souvent hors période d'utilisation d'engrais. Comme il faut aussi indiquer dans la foulée que d'autres engrais sont soumis à une autorisation d'acquisition délivrée par les services du ministère de l'Energie et des Mines et dont les agriculteurs se plaignent de lenteurs bureaucratiques. Ainsi donc des hectares et des hectares se voient privés d'intrants. Et c'est pourquoi d'ailleurs les rendements restent d'une médiocrité caractérisée, notamment pour les grandes cultures comme les céréales où sur une moyenne de 3 millions d'hectares emblavés annuellement, les récoltes ne dépassent pas les 45 millions de quintaux, soit moins de 17 quintaux/ha. Sur cette dernière donne il est utile de rappeler qu'en 2009 un record inhabituel de 61 millions de quintaux de céréales a été enregistré. Ce qui prouve que le potentiel productif en Algérie peut mieux s'exprimer en utilisant les semences de qualité, des techniques culturales mieux adaptées aux zones de production. En claire l'utilisation rationnelle des engrais avec l'amélioration des techniques de l'irrigation permettraient d'augmenter la production jusqu'à 50%. Pour rappel, l'utilisation des engrais dans la filière céréalière a été multipliée par quatre durant la saison agricole 2008-2009, ce qui a contribué à augmenter le rendement d'une manière significative. Notons également qu'à partir du saut quantitatif de la récolte de 2009 on peut vite avancer que la politique actuelle de fertilisation est plutôt non systématique et reste de surcroît aléatoire. Un constat mis en évidence après des études de terrain. Celles-ci font ressortir que chez nous l'utilisation de la fumure organique est très limitée et que le ratio moyen de fertilisation demeure très faible comparativement aux pays voisins. Et cela en dépit des recommandations de l'organisation onusienne pour l'alimentation (FAO) qui stipule que la quantité minimale nécessaire est de 50 kilogrammes de fertilisants par hectare. Ce qui n'est pas du tout appliqué en Algérie (voir le taux réel ci-dessus). Toujours dans ce même registre il y a lieu de rappeler et selon les chiffres du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, en 2012 les fertilisants utilisés n'ont pas dépassé 2 000 000 de tonnes, alors que les besoins estimés du pays avoisinent les 6 000 000 de tonnes, d'après la même source. «En conséquence si l'agriculture algérienne persiste dans l'état actuel, elle s'achemine vers l'appauvrissement du sol et la baisse de sa fertilité», c'est ce que conclu dans un des ses rapports l'Institut national des sols, de l'irrigation et du drainage. Cet institut indique que les constats établis font état d'une utilisation non rationnelle et inadéquate de fertilisants par les exploitants agricoles en Algérie. «Les quantités et le type d'engrais utilisés et même la période de fertilisation sont différentes d'une exploitation à une autre. Ce qui fait que dans une même région il y a des exploitations qui atteignent 50 quintaux à l'hectare de céréales et d'autres ne dépassent pas le cap des 10q/ha», lit-on dans le rapport. Il est également souligné que l'agriculture algérienne nécessite une utilisation intensive et maîtrisée des fertilisants compte tenu de l'état des terres et des conditions climatiques. C'est d'ailleurs les conclusions d'autres experts agronomes qui, semblent-ils, ont été prises en compte dans l'actuelle politique agricole. Cette dernière impose en effet un niveau plus élevé de l'usage des engrais, des fertilisants et des produits phytosanitaires dans tous les secteurs de production agricole. C'est en fait un moyen efficace si l'on veut intensifier les niveaux de production agricole. Maintenant que les engrais sont devenus très disponibles, on peut avancer que la balle est dans le camp des agriculteurs. A eux donc de s'atteler à utiliser davantage les intrants nécessaires pour atteindre des rendements plus élevés. Z. A.