A l'Institut national des sols, de l'irrigation et du drainage (Insid), on juge que l'utilisation des engrais en Algérie reste encore faible. «Alors que la quantité minimale recommandée par la FAO est de 50 kilogrammes de fertilisants par hectare, la quantité utilisée en Algérie n'excède pas les 15 kilogrammes par hectare, contre 22 en Tunisie et 33 au Maroc», nous ont confirmé des cadres de l'Institut joints par téléphone. Quant à la question de connaître les causes de cette faible utilisation, on nous a précisé : «Si, jusqu'en 2008, la raison majeure était due à la cherté des produits phytosanitaires, à une faible offre et parfois même à leur indisponibilité sur le marché local, ces contraintes ne sont plus aussi pénalisantes car les pouvoirs publics ont décidé depuis cette dernière date de soutenir à hauteur de 20% les prix des engrais et intrants agricoles et ont introduit des mesures pour les rendre plus disponibles, dans les délais et en quantités voulues.» Toujours dans le même ordre d'idées, on nous fera savoir, selon une étude menée par l'Insid et rendue publique au début de 2009, que les fertilisants utilisés en 2008 n'ont pas dépassé les 120 000 tonnes alors que les besoins estimés du pays sont de 600 000 tonnes. C'est à croire que les mesures prises par le gouvernement, comme citées plus haut, n'ont pas eu une incidence dans le milieu des gens de la terre. Du coup, une question s'impose : comment changer la donne ? A première vue, et comme s'accordent à le dire nos interlocuteurs, il s'agira de convaincre les agriculteurs de l'intérêt à utiliser les fertilisants sur leur exploitation. Ce qu'a démontré une étude de la FAO, citée par un spécialiste en protection des végétaux, affirmant que l'utilisation rationnelle des engrais avec l'amélioration des techniques de l'irrigation permettrait d'augmenter la production jusqu'à 50%. Un tel taux ne saurait laisser insensibles les agriculteurs en quête de voir leur rendement s'améliorer mais toujours est-il qu'il faut reconnaître que pour inciter les sceptiques, c'est-à-dire ceux qui affichent encore de la réticence un travail de vulgarisation est tout indiqué pour encourager l'utilisation rationnelle des engrais. Une mission que peuvent assurer les Chambres d'agriculture plus proches des agriculteurs notamment ceux versés dans la production de cultures maraîchères. Car dans la filière céréales et pomme de terre, ce n'est pas le cas puisque l'utilisation des produits phytosanitaires est plus importante et est appelée à croître si l'on s'en tient à la courbe de croissance des rendements à l'hectare des céréales et de pomme de terre enregistrés ces trois dernières années. Pour rappel, l'utilisation des engrais dans la filière céréalière a été multipliée par quatre durant la saison agricole 2008-2009, ce qui a contribué à augmenter le rendement d'une manière significative. Notons également qu'au sein de l'Insid, on se dit prêt à accompagner les agriculteurs qui n'ont pas encore tenté l'expérience d'introduire des engrais dans leurs cultures. «Notre contribution se résume en l'analyse des sols pour déterminer les besoins engrais de chacun des agriculteurs qui nous sollicitera», nous a-t-on appris. Par ailleurs, avec un diagnostic précis, l'exploitant agricole saura comment, où et quand utiliser les fertilisants. Il pourra ainsi donner à ses espaces arables juste ce qu'il leur faut comme engrais et au moment qu'il faut, précisent les experts en productions végétales. Et de soutenir dans ce sillage «qu'une fertilisation adaptée et équilibrée permettrait non seulement des rendements plus élevés, mais aussi une meilleure résistance». C'est là tout l'enjeu si l'on veut assurer plus vite la sécurité alimentaire du pays, du moins développer suffisamment les cultures que nos sols sont en mesure deproduire. Z. A.