Sur un gisement de plus de 500 000 tonnes de papier, l'Algérie ne récupère que 120 000 tonnes, un potentiel important qui reste sous exploité malgré les retombées positives de cette activité sur les plans économique et environnemental. Pour favoriser et développer l'industrie du recyclage, les professionnels et les experts ont recommandé la facilitation de l'accès au crédit et au foncier pour encourager l'émergence de PME spécialisées dans la récupération et le recyclage du vieux papier. Prenant en considération les préconisations de ces spécialistes, le gouvernement a introduit dans le projet de loi de Finances (PLF) 2014 l'attribution aux personnes physiques exerçant l'activité de collecte de papiers usagés, la qualité d'artisan. Le PLF 2014 propose aussi de soumettre leur chiffre d'affaires au taux de 5% ainsi que l'encadrement de l'octroi des avantages dans le cadre des régimes privilégiés (dispositifs d'aide à l'emploi) afin de limiter tous les risques de détournement et d'abus des aides consenties par l'Etat. En outre, afin d'optimiser l'activité du recyclage en Algérie, un accord a été signé, en janvier de l'année en cours, par les groupes publics Tonic industrie, le Groupe industriel du papier et de la cellulose (Gipec) et une filiale de Saica Papers, une société espagnole, pour atteindre plus de 300 000 tonnes/an de vieux papier récupéré. Ce partenariat a pour objectif d'arriver à terme à récupérer 40 à 45% du volume total de papier consommé au niveau national. Selon un responsable du secteur, la partie algérienne est en phase de lancement de l'étude de faisabilité et de préparation du pacte d'actionnaires pour présenter, par la suite, le dossier à l'examen du Conseil des participations de l'Etat (CPE). «Le dossier sera finalisé au début de l'année 2014», a-t-il précisé. L'entreprise Papirec, affiliée au groupe publique Gipec, spécialisée dans la récupération du vieux papier, ambitionne d'augmenter son activité de plus de 16 000 tonnes/an actuellement à 35 000 tonnes/an en 2014, a indiqué le directeur général de l'entreprise, Azeddine Hannache, à l'APS. Occupant une superficie de 33 000 m2, cette entreprise, basée à El Harrach, a bénéficié d'une enveloppe financière de 350 millions de dinars pour mettre en œuvre son plan de développement. «Nous avons bénéficié de crédits à l'investissement pour notamment la rénovation et l'acquisition de nouvelles machines de production ainsi que la réhabilitation des infrastructures comme les sites de production, de stockage et l'administration», a-t-il indiqué. En outre, ce plan porte également sur l'acquisition de nouveaux camions et la rénovation du réseau routier ainsi que le réseau contre incendie. S'agissant des contraintes du métier, M. Hannache, qui dispose de centres régionaux à Annaba, Oran, Constantine et Bordj Bou Arréridj, a souligné que l'un des principaux problèmes auxquels fait face son entreprise est le manque d'approvisionnement en vieux papier. Ajoutant que son entreprise ne peut pas s'approvisionner auprès de récupérateurs privés travaillant dans l'informel. «Nous avons demandé aux services concernés d'attribuer à ces récupérateurs des cartes d'artisans pour qu'ils bénéficient de la suppression de 17% de la TVA, une mesure qui contribuerait à absorber le chômage et à nous aider à augmenter nos capacités de récupération», a-t-il plaidé. Actuellement, Papirec s'approvisionne en matière première, notamment auprès des imprimeries et des entreprises opérant dans la transformation de papier et la production de caisses en carton. Cette société a exporté cette année environ 3 000 tonnes (un demi-million de dollar), notamment vers l'Arabie saoudite et l'Inde. Mais son objectif primordial reste d'arriver d'abord à satisfaire les besoins du Groupe Tonic industrie, principal client de la filiale, et exporter par la suite le surplus. R. A.