Madani Azzeddine Toute région doit préserver son histoire et son identité pour que les générations de jeunes à venir découvrent ce que leurs ancêtres avaient réalisé et dans quel environnement ils ont vécus. Beaucoup de citoyens arrivent aujourd'hui à se souvenir des événements ayant marqué une partie de leur vie grâce à un patrimoine architectural, un endroit représentant à titre d'exemple un lieu public de rencontre. Des jardins publics reflètent une partie du temps vécu pour de nombreux citoyens. Au niveau de la ville d'Aïn Defla, le jardin situé en face de la mosquée El Khadra permet à beaucoup de personnes de voyager dans le temps pour revenir à une période de jeunesse où la plupart des écoliers y passaient des moments agréables. Son aménagement intérieur spécifique pour les jardins lui a donné un charme particulier et les constituants d'un lieu de repos, de détente et de jeu. Aujourd'hui, ce jardin a changé de look après avoir fait l'objet d'une opération de réhabilitation, mais le béton a eu une grande place par rapport au couvert végétal. Une stèle a été réalisée dans ce jardin à la mémoire des martyrs de la guerre de libération de la région, dont les noms sont gravés sur cette stèle qui permet à la génération actuelle de se souvenir de cette grande période historique de notre pays. Mais dans son développement, la ville a oublié son cachet originel. Le style architectural propre à cette région est en voie de disparition et peu de personnes, aujourd'hui, arrivent à se rappeler des typologies de construction ayant marqué cette région. Les architectes n'essayent même plus de maintenir le patrimoine architectural et ce depuis qu'ils ont versé dans le rythme des programmes d'urgence de construction imposé par l'administration. Le temps de réflexion et de maturation des idées n'est plus respecté. Le «copier-coller» dans les plans d'architecture est devenu monnaie courante et beaucoup d'architectes se sont impliqués dans ce nouveau mode de travail, ce qui a mis à l'écart leur côté artistique qui leur aurait permis de voir un bâtiment non plus comme une réalisation urbaine mais comme un chef-d'œuvre architectural ayant une identité et s'inscrivant dans une histoire et une mémoire collectives. En revanche, certains architectes, en dépit de cette situation, essayent de se maintenir dans cet environnement et préserver ces notions identitaires. A titre d'exemple, les mosquées, aujourd'hui, restent les uniques constructions où ces architectes arrivent encore à préserver un pan de notre patrimoine et style reflétant notre passé. Au niveau de la ville d'Aïn Defla, de nombreuses mosquées réalisées et d'autre encore en chantier disposent d'un style attirant. Quant au patrimoine artisanal et vestimentaire, il est, lui, en voie de disparition. Les habits des gens ont complètement changé et ce même dans le monde rural. Même en gastronomie les choses ont beaucoup changé. Les plats de grands-mères qui prennent le temps de mijoter, sont remplacés par les repas dont la confection est rapide. On ne peut plus prendre son temps pour préparer ces plats de notre enfance. Les mutations sociales et l'avènement de nouveaux modes de vie ont eu un grand effet sur les comportements de la population qui ne semble plus attachée qu'au devenir. Et le passé n'a plus grand intérêt, sauf aux yeux des spécialistes. Des citoyens, face à cette situation et relevant la disparition d'une grande partie de notre patrimoine, essayent de faire de leur mieux pour préserver ce qui peut encore l'être, mais ces derniers sont souvent vus comme des personnes au mieux originales, sinon extravagantes qui n'ont rien d'autre à faire que de s'occuper de vieilleries. En somme, beaucoup de gens disent que la volonté de préservation des patrimoines doit tout d'abord exister chez les autorités, à différents niveaux, pour que le citoyen arrive à contribuer, car ce dernier ne peut s'engager tout seul dans une entreprise de préservation et/ou de promotion d'un héritage s'il n'est pas conscient de son importance d'abord et n'a pas les moyens de le faire. M. A.