Les différentes tentatives de relancer l'industrie nationale butent souvent sur des contraintes insurmontables en raison de l'absence d'un tissu d'entreprises étoffé capable de satisfaire les besoins des grandes entreprises du pays. C'est pourquoi, l'on persiste à dire que l'un des créneaux qui méritent d'être développés, n'est autre que celui de la sous-traitance. Mais, en dépit de toutes les initiatives, l'on est tenté de dire que le travail n'est encore qu'à ses débuts. Pour preuve, l'Algérie importe de nombreux équipements faute d'un réseau de fabrication local, bien que les opportunités ne manquent pas. Les responsables avaient initié entre autres actions susceptibles d'encourager cette activité, un salon dont la deuxième édition s'ouvrira demain à la Safex sous le haut patronage du ministère du Développement industriel. Il s'agit du Sanist, organisé par la Chambre algérienne de commerce et d'Industrie avec la collaboration de la Safex et des Bourses régionales de sous-traitances et de partenariat, (Bastp Centre, Bstp Est et Bstp Sud). Ce salon inversé est dédié particulièrement aux donneurs d'ordres qui viendront proposer leurs services aux différentes PME du pays. Outre l'objectif de réduire les importations, cette événement économique constitue une opportunité pour bon nombre d'entreprises pour nouer des liens avec les grands donneurs d'ordres et identifier de nouveaux créneaux d'investissement, notamment dans le domaine industriel. Les organisateurs estiment aussi qu'à travers cette manifestation, l'objectif est de permettre à un maximum de donneurs d'ordres et de receveurs d'ordres algériens de se rencontrer, accroître l'intégration industrielle nationale par le développement de la sous-traitance, améliorer la connaissance du potentiel de production nationale, favoriser la diversification de la production nationale. Il s'agit également de susciter des investissements de la part des PME et des PMI pour répondre aux besoins exprimés par les donneurs d'ordres et non satisfaits par le potentiel existant. Toutefois, la sous-traitance reste, aux yeux des experts, un créneau très peu développé pour plusieurs raisons. L'on parle notamment de la méconnaissance des PME algériennes qui activent dans le secteur industriel, la préférence des produits et pièces de rechange importés, qui sont de meilleure qualité. Il est question aussi de normes. Certains grands donneurs d'ordres accordent peu d'intérêt aux produits et composants locaux qui restent encore loin des standards internationaux. Cette situation est perçue par les pouvoirs publics comme un handicap qui se répercute sur toute l'industrie du pays. C'est, d'ailleurs, cette volonté qui a incité le gouvernement à associer plusieurs dizaines de PME dans le projet automobile lancé avec le constructeur français Renault. En dépit des difficultés constatées au début de l'opération, ce qui a nécessité une mise à niveau et un renouvellement des équipements, les PME associées dans le projet Renault pourraient, à terme, acquérir et maîtriser de nouvelles techniques et les dernières technologies dans leurs secteurs respectifs. Des conventions ont été signées également dans le secteur énergétique en vue de réduire un tant soit peu les importations. Mais pour les observateurs, ces actions restent timides face au potentiel existant. Sur ce point, les experts estiment le marché national à environ 5 milliards de dollars. Ils citent notamment les cimenteries, les briqueteries, les céramiques, les hydrocarbures, la production d'énergie électrique, etc. qui «sont de très grandes consommatrices de pièces de rechange». L'on évoque également «le transport ferroviaire, en plein développement avec la construction d'un nouveau réseau de 4 000 km et la modernisation de l'ancien réseau, long de 4 000 km». Mais le développement de la sous-traitance passe, assure-t-on, par la reconfiguration du système industriel du pays et la mise à niveau des PME susceptibles de fournir des services dans les différents secteurs d'activités, notamment le Btph, l'énergie, les services etc. La mise en place d'une banque de données est également recommandée en vue de recenser les besoins des entreprises mais également de faciliter l'accès des PME à la commande publique en matière de sous-traitance. Globalement, pour les consultants en sous-traitance, «la conversion des besoins des donneurs d'ordres, en demandes pour le marché national, exige un professionnalisme des sous-traitants et sera conditionnée par l'homologation, par le donneur d'ordre, de la société et de ses produits». S. B.