Le ministre des Transports, M. Amar Ghoul, a dressé un tableau noir de la situation de son secteur qui connaît une anarchie à tous les niveaux et promis par là même de sévir contre tous ceux qui ne rentreront pas dans l'ordre. C'était hier, aux grandes assises nationales des transports inaugurées par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, que le mot sévir est revenu sans cesse dans le discours et la conférence de presse du premier responsable du secteur, qui semble décidé à y mettre de l'ordre et redresser la situation. Selon lui, «le transport est la vitrine d'un pays» et l'urgence aujourd'hui est de trouver «des solutions immédiates» aux problèmes récurrents et d'anticiper l'avenir avec «des solutions durables». «Nous avons des problèmes urgents à régler en allant en profondeur des choses», a-t-il souligné en soulevant par là même «la problématique des retards à tous les niveaux». Ghoul a expliqué qu'il ne faut plus se voiler la face puisque la situation est aujourd'hui connue et qu'il faut donner plus de place aux solutions et non au diagnostic. «Un travail intersectoriel doit être engagé prenant en charge toutes les synergies à même de trouver des solutions concrètes sur le terrain», a-t-il encore déclaré. C'est pourquoi d'ailleurs le nombre important d'invités de tous bords : autorités en charge du secteur, walis, Sûreté nationale, Gendarmerie nationale, Protection civile, mouvement associatif, syndicats, experts et universitaires...ont été conviés à cette rencontre, première du genre depuis l'Indépendance du pays. Des orientations ont donc été données par le ministre aux participants, lesquels ont été exhortés de sortir avec des recommandations et des solutions concrètes qui peuvent se traduire sur le terrain. Ghoul a dans son discours mis l'accent sur l'importance de combattre la bureaucratie et faciliter le traitement des dossiers et des doléances des promoteurs et des citoyens. Une instruction a été donnée d'ouvrir quotidiennement et au niveau national toutes les administrations du transport. Des mesures coercitives seront appliquées contre tous ceux qui fermeront la porte devant un citoyen. En parallèle, des mesures incitatives en faveur de tous ceux qui travaillent pour le bien du secteur seront également prises. Dans la conférence de presse organisée, à l'issue des travaux d'ouverture de cette rencontre, le ministre s'est prêté aux questions des journalistes nombreux à y prendre part. Amar Ghoul a encore précisé qu'on ne peut plus continuer dans cette anarchie et ce laisser aller. Il rappellera comme autre mesure le gel des autorisations d'octroi de lignes de bus et de taxis avant de mettre en place un cahier des charges adéquat et la maîtrise de la mobilité. Certaines lignes sont saturées et d'autres sont dépourvues d'où la nécessité de trouver un équilibre. Le problème de la qualité de service, que ce soit au niveau du secteur public que privé se pose également avec acuité, reconnaît le conférencier ajoutant qu'il concerne surtout le non-respect du temps et les retards injustifiés. «Nous prendrons des décisions et des mesures juste après ces assises. Je le répète il y aura des dispositions qui seront incitatives pour encourager ceux qui travaillent et très sévères à l'encontre de ceux qui entravent toute la bonne marche du secteur». Des lignes maritimes seront ouvertes sur la côte algérienne Interrogé sur le groupe des 5+5 présidé par l'Algérie, M. Ghoul a déclaré que cet espace est un acquis pour la région méditerranéenne. Il rappellera à cet effet, que dans le domaine maritime il y a une stratégie et un plan dans le cadre des autoroutes maritimes, et l'Algérie a tout à gagner puisqu'elle veut augmenter la capacité de son pavillon national, qui n'est actuellement que de 3%, à 20 voire 30% à moyen terme. Il a été retenu dans ce cadre, la réalisation d'un grand port méditerranéen en Algérie avec un système de hub. À propos de l'acquisition de nouveaux bateaux, au nombre de 27, dont 25 pour les marchandises et deux pour le transport de voyageurs (capacité de 2 000 places), M. Ghoul a expliqué que la procédure suit son cours et le premier navire arrivera d'ici février 2014. Sur le transport maritime à Alger pour lutter contre l'encombrement, le premier responsable du secteur a expliqué que c'est là un dossier très sérieux qui est à l'étude et concerne non seulement la côte algéroise mais aussi les grandes villes, (Alger-Annaba, Alger-Skikda...). Il dira aussi la nécessité de l'ouverture du port sur son environnement c'est-à-dire aux citoyens qui ne doivent plus tourner le dos à la mer. A propos de l'ouverture du secteur aérien au privé, le ministre a rappelé qu'un travail est déjà engagé en la matière et que des avions taxi seront autorisés pour le grand sud notamment. Le ministre n'a pas mâché ses mots en disant qu'il faut toute une révolution dans le transport aérien, allusion faite aux services fournis à la clientèle qui laissent à désirer la plupart du temps. B. A. Sellal appelle les travailleurs de l'ETUSA à privilégier le dialogue Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a appelé hier, les travailleurs de l'Etablissement de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) à «privilégier» le dialogue, suite au mouvement de grève déclenché par les chauffeurs et receveurs de cette entreprise pour réclamer des augmentations de salaire. C'était en marge des grandes assises des transports que le Premier ministre a déclaré à l'adresse des représentants de l'Etusa lors d'une visite au stand de cette entreprise, «je vous encourage à privilégier le dialogue avec la direction et de ne pas recourir, à chaque fois, à la grève, qui pénalise en premier lieu les citoyens». Le Premier ministre a assuré, dans le même cadre, les travailleurs de l'Etusa du «soutien des pouvoirs publics», soulignant dans ce sens que leurs droits «seront préservés». Pour rappel, les chauffeurs et receveurs des bus relevant de l'Etusa avaient observé une grève de 10 jours (du 11 au 21 novembre 2013), sans préavis. Cette grève a été jugée «illégale» par le tribunal administratif de Sidi M'hamed. La principale revendication des grévistes était l'application de tous les articles de la convention collective signée et adoptée en 1997 avec effet rétroactif. Le permis sera revu d'une manière radicale Sur le permis à points, le ministre des Transports dira qu'il faut revoir toute la structure de cet examen et de manière radicale, depuis l'auto-école jusqu'à l'examinateur. «On ne peut plus accepter la situation telle qu'elle est aujourd'hui», explique M. Ghoul ajoutant que les rapports émanant de la Gendarmerie et de la police concernant les accidents de la route sont catastrophiques. Il rappellera aussi le rôle de la formation des examinateurs et des centres d'examen, au nombre de 100 implantés à travers le territoire national. «Le permis à points est un élément dans toute cette organisation et nous allons le revoir d'une manière palpable et réaliste». B. A.