La culture, et depuis la nuit des temps, a servi à faire connaître les causes humanitaires. L'art comme moyen de résistance a toujours été adopté pour faire entendre la voix des peuples colonisés, car dévoiler la culture d'un pays c'est dire son existence et le soutenir. Pendant la guerre de libération nationale contre la France, qui s'était engagée dans un colonialisme de peuplement et travaillait donc à la déculturation et l'acculturation du peuple algérien, le FLN a opposé la lutte culturelle et constitué la fameuse troupe d'artistes qui a endossé la lourde mais aussi noble mission de faire connaître la cause algérienne au monde entier et cela en multipliant les représentations un peu partout dans le monde. Dirigée par le défunt Mustapha Kateb, la troupe composée d'Abdelhalim Raïs, Taha Lamiri, Keltoum, Nouria, Larbi Zekkal et Ali Maachi et plein d'autres, a, grâce aux pièces de théâtre et aux chants patriotiques, réussi une réelle sensibilisation de l'opinion internationale à la cause algérienne, même en Asie. On a aussi eu nos cinéastes de la révolution, dont le chahid Chanderli, l'un des rares à avoir filmé au maquis des moudjahidine. D'autres peuples, d'autres pays et d'autres causes ont également eu leurs porte-voix. Le défunt poète Mahmoud Darwich fut la voix de la Palestine qui a marqué les mémoires par ses vers et réussi à faire connaître la douleur de son peuple. Aujourd'hui, plus que jamais, la culture s'est liée aux luttes des peuples pour leur indépendance et les artistes ont pris conscience de leur rôle. Embrassant les causes nobles des peuples et soutenant les victimes, les artistes s'imposent comme les ambassadeurs des causes justes dans le monde. Les festivals dédiés aux luttes des peuples pour l'indépendance se multiplient tels que le festival Cinéma Proche-Orient et le festival Karama de Jordanie. La culture s'est aussi jointe aux campagnes de sensibilisation contres différents maux et fléaux sociaux tel le Sida. À Alger, des concerts sont organisés chaque 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le Sida. Des campagnes sont aussi menées par des artistes sur les réseaux sociaux comme l'opération «Si j'étais séropositif ?». Cette campagne rassemble une quarantaine de clichés d'artistes et gens de médias qui interpellent les facebookers avec cette question. Elle a connu un franc succès sur la toile. En France, on a l'exemple des Enfoirés qui aident les Restos du cœur à rassembler des fonds chaque année. Le Sahara occidental, dernier pays africain colonisé, a aussi bénéficié d'un large soutien artistique à travers la tenue de festivals qui lui sont dédiés tels le Festival du cinéma Fisahara et la Caravane des artistes plasticiens. Dans un autre contexte, l'art a aussi contribué aux combats des masses populaires avant, pendant et après le printemps arabe, comme c'est le cas en Tunisie, qui assiste aujourd'hui à une véritable éclosion cinématographique. Sous toutes ses formes, l'art a toujours été un des vecteurs les plus porteurs pour la médiatisation des causes. A travers leurs œuvres, les artistes deviennent les porte-paroles des peuples et, grâce à leur notoriété, arrivent à toucher un public plus large que les politiques se gardent généralement d'impliquer. W. S. M.