L'Université d'Adrar organise, depuis mardi passé, un séminaire portant sur «Les manuscrits algériens dans l'ouest-africain», animé par plusieurs intervenants, professeurs et chercheurs et passionnés de manuscrits qui ont mis en relief la nécessité de procéder à «l'authentification scientifique du patrimoine manuscrit et sa mise à la disposition des générations montantes», rapporte l'APS. La rencontre scientifique vise également «à faire connaître le patrimoine culturel algérien manuscrit, qui a contribué au rayonnement culturel dans l'ouest africain, et à valoriser les efforts des anciens pour sa conservation», a indiqué le directeur du laboratoire, le Dr Ahmed Djaâfri. Les intervenants ont également mis l'accent l'importance de l'authentification scientifique du patrimoine manuscrit et ont mis en avant l'importance des nouvelles technologies dans la conservation du patrimoine manuscrit, à l'instar de la numérisation.Dans ce contexte, le Dr. Moulay Ahmed, de l'Université d'Oran et membre de l'instance chargée des manuscrits islamiques à l'Université de Cambridge, au Royaume-Uni, a démontré l'importance de la numérisation dans la conservation des manuscrits et la facilité de leur récupération et publication, afin d'en faire profiter le plus grand nombre de personnes. Les travaux de la rencontre, organisée par le Laboratoire des manuscrits algériens de l'ouest africain, relevant de l'Université d'Adrar, en présence de professeurs d'universités, nationaux et étrangers, se poursuivent avec des interventions sur différents thèmes , à l'instar de celles intitulées «Mécanismes juridiques de conservation des manuscrits», «Le patrimoine manuscrit des oulémas algériens dans l'ouest africain», «Les manuscrits du centre Cheikh Mokhtar El-Kenti El-Kebir de recherches et d'archivage de Gao». Par ailleurs, dans le cadre de ce séminaire, un hommage a été rendu à Cheikh Hadj Brahim Ben Mohamed Tellai, natif de Beni-Izguen à Ghardaïa, une éminente personnalité dans le domaine de l'authentification des manuscrits en Algérie, qui a été honoré à cette occasion pour ses efforts depuis 40 ans dans le domaine. Pour rappel, depuis quelques années plusieurs séminaires et rencontres ont été organisés afin de mettre en valeur l'importance de la protection de ce patrimoine matériel et le rôle qu'il joue dans la sauvegarde de chapitres de l'histoire et de l'identité nationales. A cet effet, le Centre national des manuscrits d'Adrar tente de déployer des efforts dans cette optique, notamment dans le cadre de recensement et de la préservation des manuscrits se trouvant au niveau des Khazaïne (bibliothèques) des mosquées et des zaouïas et chez les particuliers. Il est aussi question de mettre en lumière les conditions de conservation des anciens manuscrits des fonds documentaires des bibliothèques du Sud qui traitent de différents domaines de la science et du savoir, ainsi que les voies et moyens de les numériser afin de servir la recherche scientifique. Aujourd'hui, il devient plus que nécessaire d'exploiter les nouvelles technologies de l'information et de la communication pour faire renaître le patrimoine culturel manuscrit et éviter sa déperdition. Il est à noter que la wilaya d'Adrar, qui a constitué par le passé un lieu de passage privilégié des caravanes allant de l'Afrique vers le Nord et vice- versa, et donc des oulémas et autres érudits, comptabilisent quelque 56 khizanate dans lesquelles plus de 7 000 manuscrits ont été inventoriés, traitant différents sujets socioculturels, scientifiques et religieux. Les plus anciens manuscrits de cet important patrimoine datent du 6e siècle de l'Hégire. Quant aux autres manuscrits, ils remontent entre le 9e et le 11e siècle de l'Hégire. Dans le sud algérien, les zones les plus prolifiques en manuscrits sont celles du Touat, de Gourara et du Tidikelt, qui renferment une grande partie de ces écrits, dont les khizanate ou bibliothèques se trouvant au niveau des 360 ksour de la région. Ceux-ci traitent, entre autres, des arts et sciences humaines, de sciences cultuelles ou fiqh, de hadiths et leur explication, d'astronomie, de philosophie, de médecine, d'histoire et du soufisme. L'emplacement géographique de la ville l'avait transformée en pôle de production de manuscrits par excellence. S. B./APS