Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a revendiqué hier l'attentat spectaculaire de jeudi contre le site du ministère yéménite de la Défense, qui a fait 52 morts, dont quatre médecins et deux infirmières étrangères. Dans un communiqué publié par sa branche chargée des médias, Aqpa indique que l'objectif de l'attaque était une salle de contrôle des drones qui visent régulièrement ses combattants dans le pays. Les frappes de drones, ayant tué cette année des dizaines d'insurgés, sont généralement attribuées aux Etats-Unis qui sont les seuls à disposer de ce type d'appareils dans la région et qui aident les autorités yéménites dans leur lutte contre les terroristes. Jeudi, des terroristes ont lancé un assaut spectaculaire contre le siège du ministère de la Défense yéménite dans la capitale du pays, Sanaa. Les assaillants ont concentré leur assaut, un attentat suicide suivi par une attaque armée, contre l'hôpital militaire de l'immense complexe abritant le ministère, situé près de Bab al-Yaman, à l'entrée de la vieille ville de Sanaa. Cinq médecins ainsi que trois infirmières de diverses nationalités ont été tués dans l'attaque, selon la Commission suprême de sécurité, qui a fait état d'un bilan total de 52 morts et 167 blessés, dont neuf graves. L'assaut a été lancé par un kamikaze au volant d'une voiture piégée qui a forcé une entrée du ministère, avant d'être suivi par des complices à bord d'un autre véhicule. Ces derniers, munis d'armes automatiques, ont réussi à atteindre l'hôpital militaire et deux autres bâtiments du complexe. Le ministère de la Défense a assuré sur son site internet que l'armée avait repris le contrôle de la situation dans le complexe, alors qu'une source de sécurité a affirmé que «le groupe des assaillants avait été anéanti». La télévision d'Etat a souligné que les assaillants avaient profité de travaux à l'entrée du complexe pour lancer leur attaque. Elle a montré des corps criblés de balles ou calcinés devant l'établissement, en précisant qu'il s'agissait de ceux des assaillants. Le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, a tenu sur les lieux une réunion avec les hauts responsables des services de sécurité, à qui il a demandé d'ouvrir une enquête dont les résultats doivent être publiés sous 24 heures. Le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a «condamné dans les termes les plus forts les attaques terroristes», selon son porte-parole. Il a «rappelé que le Conseil de sécurité avait réaffirmé être prêt à considérer davantage de mesures en réponse à toutes les actions (...) visant à interrompre le processus de transition» politique, selon cette même source. Le processus de transition politique est bloqué au Yémen, où un soulèvement populaire dans le cadre du Printemps arabe de 2011 a abouti à un départ négocié de l'ancien président Ali Abdallah Saleh. Les Etats-Unis, où se trouvait le ministre yéménite de la Défense Mohammed Nasser Ahmed, en visite avec une délégation militaire, ont fermement condamné l'attaque de jeudi. Le département d'Etat a «fortement recommandé aux citoyens américains de reporter tout déplacement vers ou aux environs du Yémen». Ces derniers mois, le pays a connu une escalade des violences, en particulier contre l'armée. La majorité des attaques sont attribuées au réseau extrémiste d'Al Qaïda, qui reste particulièrement actif dans le sud et le sud-est du pays, bien qu'il ne les revendique que rarement. La capitale yéménite n'a pas échappé à l'escalade. Le 26 novembre, un Bélarusse a été tué et un autre blessé en pleine rue par des hommes armés. Quatre jours plus tôt, un député représentant de la rébellion zaïdite chiite au dialogue national en cours avait été assassiné. Les forces de l'ordre yéménites sont régulièrement visées par des attaques, revendiquées ou attribuées à Al Qaïda, qui a tiré profit de l'affaiblissement du pouvoir central à la suite du soulèvement populaire de 2011 contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer sa présence dans le pays, où il est désormais actif dans le sud et le sud-est. M. N./Agences