Le classement de l'Algérie dans le Global Innovation Index 2013 (indice mondial de l'innovation), élaboré par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et l'institut Insead, illustre parfaitement la situation de l'économie nationale et la régression qu'a connue particulièrement l'industrie du pays. En effet, l'Algérie arrive à la 138e place sur 142 pays. Ce qui montre que le pays a besoin d'un travail de longue haleine pour rattraper ce retard et améliorer sa compétitivité mais aussi pouvoir mettre sur le marché de nouveaux produits innovants. Ce qui n'est pas le cas pour le moment. Mais il serait utile de revenir sur les conclusions du rapport en question, qui s'est basé sur 84 indicateurs portant notamment sur la qualité des principales universités, les possibilités de microfinancement ou encore les affaires de capital-risque. Le document propose pour les pays dont le classement est au bas du tableau comme l'Algérie de revoir leur stratégie dans l'objectif de faire décoller ce secteur sensible et nécessaire pour le développement économique. Il s'agit selon le Global Innovation Index 2013 d'atteindre un niveau critique dans tous les domaines en relation avec les activités d'innovation ce qui aura un effet multiplicateur en termes des résultats, mais également d'améliorer le rendement des institutions en relation directe avec l'innovation, entre autres l'enseignement supérieur, et des infrastructures. Il s'agira aussi d'une intégration plus profonde aux marchés mondiaux. Le rapport explique que pour les pays qui ont réussi a améliorer leur niveau, l'une des explications est que la réussite en matière d'innovation se traduit par l'apparition d'un cercle vertueux selon lequel, une fois qu'un seuil critique a été atteint, les investissements appellent d'autres investissements, les compétences d'autres compétences et l'innovation davantage d'innovation. Les rédacteurs du rapport ajoutent également que «les pays qui enregistrent de mauvais résultats peuvent renforcer leurs capacités innovantes en créant des pôles au sein desquels de grandes entreprises, dont les objectifs commerciaux sont alignés sur ceux du pôle d'innovation, peuvent jouer un rôle essentiel de catalyseur». «Les meilleures entreprises, qui comprennent des entreprises d'Etat, des entreprises familiales et des multinationales, peuvent être les principaux moteurs de l'activité des pôles d'innovation. Ces entreprises peuvent faciliter la création des pôles d'innovation et de leurs réservoirs de compétences en stimulant l'innovation et en contribuant à réduire l'écart entre recherche et réussite commerciale», estime la même source. Pour le cas Algérie, le rapport, qui s'est basé principalement sur des indicateurs clé prédéfinis, a relevé plusieurs insuffisances notamment le cadre institutionnel, le capital humain et la recherche, les infrastructures, le niveau de modernisation du marché, l'environnement des affaires, la connaissance et les produits technologiques et la créativité et les produits innovants. Pour l'environnement des affaires l'Algérie a été classé à la 139e case avec une note de 17,7. Ce qui démontre la faiblesse structurelle que connaît le système économique dans ce domaine. Idem pour la création technologique pour laquelle l'Algérie a été classée à la 115e place. Pour la créativité, le pays a failli même être classé au bas du tableau arrivant à la 140e place. Les critères dans lesquels le pays a réussi à se positionner relativement au milieu du tableau sont ceux des infrastructures et recherche et capital humain. A travers les résultats de ce rapport, l'Algérie devrait revoir sa copie en matière de politique d'innovation. A l'heure actuelle, l'innovation ne représente pratiquement pas grand-chose pour les entreprises. Et pour cause, les opérateurs économiques sont beaucoup plus occupés par les innombrables obstacles rencontrés au cours d'un projet ou à la recherche de financements. Certains opérateurs considèrent néanmoins l'innovation comme un pilier et un facteur clé pour toute entité qui ambitionne de gagner des parts de marché. Les experts et les économistes aussi voient du même œil cet élément, voire une des conditions sine qua non pour le développement de toute économie. «Avec l'avènement de la mondialisation, l'entreprise économique ne peut pas concurrencer ses semblables sans recourir à l'invention et à l'innovation», juge un économiste pour qui «les pôles concurrentiels supposent l'instauration de relations étroites entre l'université et son environnement économique, ce qui permet d'arriver à un développement local caractérisé par un esprit concurrentiel». L'ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou, avait même assuré récemment que l'«innovation est un élément clé de la compétitivité», ajoutant qu'«en perspective de l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'entreprise algérienne gagnerait à miser sur l'innovation et la productivité qualitative pour se frayer une place à l'international». S. B.