Samir Ould Ali Comme chaque année à la même période, de nombreux parents doivent redoubler d'imagination pour animer le quotidien de leurs enfants en vacances : où les emmener et quand ? Et surtout comment faire lorsque les deux travaillent et doivent répondre à leurs obligations professionnelles ? Le casse-tête de la trêve hivernale Un affreux casse-tête que de très nombreux parents vivent pendant les vacances scolaires - mais également toutes les fois que les syndicats de l'enseignement décident de faire grève : «Etant de profession libérale et maître de mon temps, c'est moi qui assure garde les enfants pendant que leur mère travaille, explique Salim, designer. C'est contraignant mais pas impossible à réaliser. Le problème est que je ne peux pas emmener les enfants à une balade, au jardin public ou au théâtre parce que je travaille tout le temps dans mon salon. Donc, les enfants partagent leur temps entre la télévision, les travaux de dessins ou la lecture, ce qui n'est pas l'idéal pour des enfants qui ont besoin de bouger, aller au cinéma ou s'amuser aux manèges.» Depuis qu'il a déménagé dans un nouvel appartement à Oran et, par conséquent, gagné son indépendance vis-à-vis de la «grande» famille, le couple ne peut prétendre bénéficier de l'inestimable assistance des grands-parents, restés dans leur wilaya d'origine, Mostaganem. Un problème qui ne se pose pas du tout à Hamid, fonctionnaire qui a la chance, lui, de résider dans le même quartier que ses beaux-parents : «Chaque matin, j'emmène mon fils chez ma belle-famille, ce qui me permet de vaquer tranquillement à mes occupations. Mon gamin les adore et de plus, leur école est toute proche.» En vacances ? «Leurs grands-parents les emmènent régulièrement aux manèges ou pour des balades mais ils ne sont pas très théâtre», assure-t-il en déplorant, au passage, l'indigence de l'offre culturelle dans une wilaya de la dimension d'Oran : «Ici, nous avons quand même le théâtre, malgré tous ses travers, la cinémathèque ou les espaces de divertissement de quartiers comme les manèges et les terrains de foot, mais d'autres petites localités n'ont absolument rien du tout. C'est le désert !» Désert culturel dans les petites localités Il est vrai que dans les petites communes, les activités culturelles sont rarissimes même si quelques maisons de jeunes et des associations -lorsqu'elles existent- tentent d'organiser des manifestations culturelles pour «amuser» des jeunes et moins jeunes au bord de la déprime. 2014 est à nos portes et il s'en trouve encore des populations qui ne savent pas ce que pièce de théâtre, projection cinéma ou séance de lecture dans une librairie veulent dire : «Pour cela comme pour beaucoup d'autres choses, nous sommes contraints de ‘monter' à Oran, confirme Abdessadok, habitant de la lointaine de Hassiane Ettoual, au sud-est du chef-lieu de wilaya. Nous n'avons même pas une maison de jeunes par ici, les enfants jouent dans la rue, comme aux premières années de l'indépendance, et les jeunes partagent leurs temps entre les cafés et les cybercafés.» Résultat : il faut se résoudre à prendre le transport collectif pour se rendre dans la proche daïra de Gdyel (25 kilomètres à l'est d'Oran) ou directement à Oran pour trouver une meilleure offre en termes de divertissement et d'animation culturelle. Heureusement, le théâtre Relativement «chanceux» par rapport à leurs tristes concitoyens des petites communes, les Oranais, eux, peuvent encore se rendre au Théâtre Abdelkader- Alloula qui, pour ces vacances d'hiver, a mis en train un programme spéciale-enfants dans lequel on retrouve d'anciennes productions qui, comme El assad ouel hattaba ou El Houta Ouel Jiran sont déjà connues et ont été relativement bien accueillies par le public juvénile. Pour rappel, El Assad ouel hattaba, écrite par Mourad Senouci et mise en scène par Samir Bouanani, raconte l'histoire d'un lion, imbu de sa force et de son statut de roi de la forêt, qui part tuer l'Homme dont tous les autres animaux disent qu'il est supérieur à tous les êtres vivants. Il se trouve que le félidé n'a jamais vu un être humain et n'en connaît donc pas l'apparence. Avant d'être «monté» sur les planches, ce conte a, pour rappel, constitué la trame d'un dessin animé de moyen-métrage par la station régionale d'Oran de la Télévision algérienne. El Houta Ouel Jiran, elle, écrite et mise en scène par Missoum Medjahri, raconte la peur des habitants d'un village balnéaire lorsqu'un matin, ils découvrent une baleine échouée sur la plage ; ce qui leur fait craindre l'apparition de quelque maladie étrange ou de quelque pollution... S. O. A.