Le réseau d'alimentation en eau potable au niveau de la capitale enregistre quotidiennement une perte de plus 40%, soit 400 000 m3 sur le million de m3 en eau potable distribué à travers trois barrages et deux stations de dessalement d'eau de mer. C'est ce qu'a affirmé, hier à l'APS, le directeur des ressources en eau (DRE), Smaïn Amirouche. Cette perte quotidienne en eau potable est due particulièrement aux canalisations vétustes et, surtout, aux piquages et aux branchements illicites, domestiques ou industriels et agricoles. Des quantités considérables en eau potable sont ainsi perdues en raison des fuites d'un réseau long de plusieurs milliers de kilomètres. M. Amirouche estime que «dans la capitale, on consomme un million de m3 par jour. On a atteint le pic pendant le mois de Ramadhan dernier avec 1,1 million m3/j. C'est un peu trop comme volume consommé, nos évaluations établissent la consommation quotidienne à près de 900 000 m3, suffisant pour couvrir la demande». Les branchements illicites, que ce soit en le milieu urbain ou industriel, sont la principale cause des perturbations enregistrées. «Le problème des fuites d'eau persiste. Nous estimons les pertes à 40%, sur lesquelles il y a 20% de pertes physiques (fuites de réseaux). Mais nous pensons qu'il y a énormément de branchements illicites surtout en extra urbain, et dans le secteur industriel», a déploré M. Amirouche. En ce qui concerne le processus mis en place par les autorités locales afin de mettre un terme à ces fuites d'eau, M. Amirouche dira que les autorités locales ont mis en place un programme de rénovation des canalisations vétustes dans beaucoup de quartiers urbains et sub-urbains, dont certaines ont été installées il y a plus de 80 ans. Leur rénovation (les canalisations) et leur maintenance sont primordiales pour limiter les pertes en eau potable estime le responsable. «Si on veut économiser l'eau, il faut rénover les canalisations. C'est sur ce créneau très important que nous travaillons actuellement», a-t-il souligné. Le programme de rénovation du réseau d'alimentation en eau potable initié depuis quelques années déjà, consiste à remplacer les anciennes canalisations à raison de 50 à 80 km par an. «Ce plan est réalisé à 75%. Il y a des années, nous avions rénové plus de 200 km de conduites sur un an», a souligné M. Amirouche à ce sujet. Sur un autre plan, les autorités locales visent à améliorer le service public de l'eau pour sensibiliser les consommateurs au fléau des branchements illicites et à la problématique du gaspillage de cette ressource. «L'amélioration du service public de l'eau a fait que les gens ont maintenant un nouveau comportement. Lorsque vous mettez de l'eau H24 à la disposition de la population, même ceux qui ne payaient pas avant, s'inquiètent maintenant de ne pas recevoir leurs factures à temps», a estimé M. Amirouche. Selon le même responsable, le problème de l'accès des citoyens à l'eau potable à travers les 57 communes de la wilaya d'Alger est «définitivement résolu», à l'exception de certains quartiers de Khraïssia, Saoula et Souidania. Le défi auquel fait face la direction des ressources en eau consiste actuellement à l'amélioration du service public dans ce secteur. Le responsable a expliqué ensuite la politique suivie par la direction afin de faciliter la tâche aux citoyens en ce qui concerne les démarches administratives et la relation entre la direction des ressources en eau et la clientèle. «Notre politique est d'améliorer le service public de l'eau, de se rapprocher du consommateur, de créer des agences de la Seaal (Société des eaux et d'assainissement d'Alger) un peu partout, surtout au niveau des nouveaux quartiers en cours de construction, donner la possibilité aux gens de payer par d'autres moyens que l'argent liquide, par chèque, par la poste et plus tard par internet.» Le responsable s'est penché ensuite sur le nombre de barrages existants au niveau de la capitale et la capacité de ces derniers à fournir ou à distribuer la quantité nécessaire. Ainsi, environ 60% des besoins de la capitale en eau potable proviennent des barrages de Taksebt (Tizi Ouzou), El Hamiz, Kedara (Boumerdès), Bouroumi (Aïn Defla) et Koudiat Acerdoun (Bouira), en sachant que les usines de dessalement d'eau de mer du Hamma (Alger, 200 000 m3/j) et de Fouka (Tipasa, 60 000 m3/j) y participent à hauteur de 20%. Les 20% restants proviennent de 267 forages d'une capacité de 350 000 m3/j, dont la moitié n'est pas exploitée, a révélé M. Amirouche avant d'ajouter : «Depuis trois ans, comme il y a beaucoup d'eau dans les barrages, nous avons arrêté volontairement l'exploitation de la moitié des forages pour laisser la nappe phréatique se reconstituer.» A. K.