De nouvelles nfrastructures hospitalières sont également en vue. La décision de lancer la réalisation de ces structures médicales intervient dans un contexte marqué par de vives polémiques sur les conditions d'accès aux soins en Algérie. Le premier responsable du secteur, M. Abdelmalek Boudiaf, a annoncé récemment la mise en place d'un plan d'action immédiat pour redresser le secteur de la santé qui aura pour maître mot l'amélioration de la prise en charge du malade, qui doit être au centre des préoccupations de tous les personnels de santé. Par ailleurs, les hôpitaux souffrent d'un déficit d'encadrement paramédical et affichent également des besoins de renouvellement de certains équipements. A ce titre, le ministre a aussi insisté sur la mise à niveau du personnel médical en donnant des directives claires aux chefs des établissements hospitaliers à travers le territoire national, pour que l'acquisition des équipements soit adossée à un cahier des charges assurant la maintenance et la formation à l'utilisation des équipements acquis. Le ministre, qui a enchaîné les visites d'inspection depuis quelque temps, envisage de lancer une vraie révolution dans le système de santé de notre pays. Les directives des responsables sont ainsi claires et devront être appliquées dans les semaines et les mois à venir. Mais qu'en est-il vraiment de l'état actuel de nos hôpitaux ? Sur le terrain, les choses semblent un peu compliquées. Erreurs médicales, négligences, prise en charge insuffisante, infrastructures hospitalières insuffisantes... C'est toute la gestion du système de santé en Algérie qui est remise en question. Malgré les efforts qui sont concédés par l'Etat en vue de redorer le blason du secteur de la santé et de rapprocher celui-ci du citoyen, des insuffisances persistent, empêchant l'Algérie de se doter d'un système de santé digne des aspirations des citoyens. Ce qui a provoqué des conflits sociaux, des disparités régionales et des erreurs fondamentales dans le fonctionnement des espaces publics de santé. Et surtout une perte de confiance de la part du citoyen en le secteur de la santé publique. Tout le monde s'accorde à dire que ce n'est ni une question de manque de moyens, ni un problème de manque d'argent, mais que la situation catastrophique dans laquelle se trouve nos hôpitaux est surtout due à l'incompétence, à une gestion catastrophique des moyens, où n'importe qui s'improvise maître des lieux. Les dysfonctionnements relevés par les médecins et les patients au sein des hôpitaux sont connus de nos autorités. Ces dernières ont reconnu à maintes reprises les dangereuses insuffisances de notre système de soins. Dans ses trois derniers rapports, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) a dressé également un tableau noir sur l'état des hôpitaux en Algérie. Des enquêtes menées à travers 85 établissements hospitaliers de plusieurs wilayas ont prouvé que l'accès aux soins est devenu très compliqué pour les Algériens. Le droit à la prise en charge sanitaire est ainsi bafoué par de graves carences caractérisant notre système de santé. Déficit en médecins spécialistes et conditions lamentables de travail au niveau des hôpitaux, sont deux problématiques qui y sont pour beaucoup l'état calamiteux de nos structures sanitaires. Aujourd'hui, l'urgence n'est pas seulement de revoir la gestion de nos hôpitaux. L'urgence est depuis longtemps de créer un nouveau système de santé. Lequel pourrait enfin nouer, à terme, des relations telles avec le citoyen que ce dernier n'aurait, justement, plus rien à en redouter. Le problème du manque d'équipements médicaux est l'une des lacunes qui aggravent la situation au sein des établissements hospitaliers. Même quand ces équipements existent, ils sont inutilisables, faute de maintenance mais aussi faute de formation du personnel médical quant à l'utilisation de ses équipements. Les services de maintenance ne fonctionnent pas bien, notre pays acquiert chèrement du matériel qui n'est pas entretenu et tombe souvent en panne. Actuellement, les entreprises n'assurent pas le service après-vente, certains spécialistes évoquent également une éventuelle mauvaise qualité de ces équipements. En matière d'hygiène, la situation dans nos hôpitaux est lamentable et plus qu'alarmante. En effet l'anarchie règne au niveau de plusieurs hôpitaux surtout en matière d'hygiène, un problème qui dure depuis des années en l'absence totale d'une réelle stratégie pour améliorer l'état de certains établissements hospitaliers censés fournir les meilleurs conditions et moyens pour accueillir des malades déjà souffrant et qui souffrent encore d'avantage de l'état des hôpitaux. Depuis le temps que des citoyens et responsables des hôpitaux expriment leur colère face à cette situation, mais rien ne semble s'améliorer. Il faut rappeler que, lors d'une conférence qui l'a réuni avec les gestionnaires et les directeurs du secteur, l'ancien ministre de la Santé, M. Ziari, avait mis l'accent sur l'hygiène dans les hôpitaux qui, selon lui, n'est nullement un problème de ressources ou de moyens mais plutôt un problème de gestion flagrant. Il existe aussi un manque flagrant de centres spécialisés dans certaines maladies tels que les centres anticancéreux Les malades atteints du cancer se sentent condamnés, entre la cruelle insuffisance de centres médicaux et la mauvaise gestion de ces derniers. A ce jour, l'Algérie ne dispose que de trois centres anticancéreux dans tout le pays (Oran, Alger et Blida). Il y a également lieu de relever le manque en centres de gériatrie et pour brulés. La santé mentale en Algérie est un problème à prendre très au sérieux, d'autant qu'il y a manque flagrant de structures spécialisées dans le domaine, c'est-à-dire la psychiatrie. Les établissements spécialisés existants sont débordés. Ce qui revient à dire qu'il est nécessaire de créer d'autres établissements hospitaliers et mettre en place de nouveaux centres spécialisés dans le but de prendre en charge les citoyens atteints de certaines pathologies. Sans oublier le manque en médecins spécialistes et en infirmiers, surtout à l'intérieur du pays, notamment au Sud. Les réformes engagées dans le secteur de la santé depuis déjà un certain temps au niveau national visent à assurer une bonne couverture médicale à la population urbaine et rurale. Le nouvel organigramme mis en place prévoit de nouvelles structures avec un statut particulier et une gestion indépendante, et pourtant certains établissements manquent à ce jour de personnel médical. Le ministre a annoncé récemment l'affectation de plus de 1 000 médecins aux régions Sud. Selon le premier responsable du secteur, la nouvelle politique sanitaire prônée dans la perspective de l'utilisation des capacités spécifiques à chaque daïra, visant aussi bien le secteur public que privé, verra la désignation d'un coordinateur pour chaque zone à l'effet de définir les besoins et les mesures à prendre dans le cadre du projet portant réorganisation du secteur de la santé. Il appel aussi à la formation complémentaire et spécifique des médecins et paramédicaux urgentistes. Les responsables estiment nécessaire de trouver une solution aux problèmes quotidiens que le commun des Algériens rencontre au niveau des différents services hospitaliers. «Il faut conjuguer les efforts pour effacer cette impression que nos services ne sont pas à la hauteur», dira M. Boudiaf lors d'une visite d'inspection. Il a aussi affirmé que la stratégie qu'il voudrait asseoir dans le secteur de la santé consiste à mettre en place «une équipe qui redouble d'initiatives». Des directives qui s'annoncent prometteuses, si elles sont appliquées avec rigueur et avec une vraie volonté de changer la donne, notre pays pourra enfin se doter d'un système de santé digne. Coté infrastructures, le ministre a annoncé que l'Algérie se dotera prochainement de neuf centres hospitalo-universitaires, une décision qui a été prise par le président de la République, a précisé le ministre. Ces centres hospitalo-universitaires ultramodernes seront, notamment implantés à Alger, Tizi Ouzou, Tlemcen, Constantine, Béjaïa, Batna, Annaba, Béchar et Ouargla. Ils seront construits selon des normes conformes aux standards internationaux. La réalisation des projets sera confiée à des entreprises étrangères d'envergure internationale et cumulant une expérience importante dans la réalisation et la gestion des CHU qui sont différents des hôpitaux ordinaires. Ainsi, la réalisation de ces établissements permettra de développer la formation et la recherche dans le domaine de la santé, ainsi qu'un renforcement de la prise en charge médicale au niveau national. En outre, le premier responsable a déploré le fait qu'il y ait un manque de personnels paramédicaux. Selon le ministre, toutes les écoles sont passées au statut d'instituts d'enseignement supérieur, assurant une formation à plus de 9 600 paramédicaux qui vont terminer d'ici juin prochain. En ce qui concerne les médecins spécialistes, le ministre a fait savoir que les 1 100 médecins spécialistes qui viennent de terminer leur formation, seront affectés au sud du pays, dans les Hauts-Plateaux, et là où il y a un manque en personnel médical spécialisé A. K.