Produit dans le cadre de la manifestation Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011, le documentaire Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien a été projeté hier matin en avant-première à la salle Ibn Zeydoun en présence des médias. Réalisé par le jeune Salem Brahimi, qui a aussi collaboré à l'écriture du scénario à côté d'Audrey Brasseur, ce documentaire inédit est produit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel. Quant à la production exécutive, elle a été confiée à Wamip Films et Battam Films. D'une durée de 96 minutes, ce documentaire réunissant de nombreux témoignages de chercheurs et spécialistes de l'Emir Abdelkader à travers les quatre coins du monde, tente d'apporter un éclairage sur le parcours spectaculaire de cet homme. Chronologiquement, le documentaire nous relate une vie hors du commun, celle d'un homme mythique, certes connu de tous, mais dont on ignore certains aspects de sa personnalité fascinante et troublante. De la Moubayaâ en passant par la fondation de l'Etat algérien, le réalisateur à l'aide des témoignages de chercheurs et historiens nous dévoile toute la grandeur de la sagesse de cet homme. Ses plus grandes batailles ont été reconstituées à l'aide du film d'animation apportant à cette œuvre une dimension plus réelle et ludique. Brièvement, le documentaire raconte mais sans trop s'attarder les étapes les plus marquantes de la vie de l'Emir dont la signature du Traité de la Tafna en 1837. Trahi par la France coloniale, l'Emir et ses compagnons sont dès leur arrivée en France jetés en prison. Un épisode très douloureux dans la vie de l'Emir qui se retrouve dépourvu de tout pouvoir mais aussi incapable de prendre soin de ses proches dont la plupart sont morts durant cette réclusion de 5 ans. La caméra nous fait visiter les différents forts dans lesquels l'Emir et ses compagnons ont été maintenus prisonniers dont le palais d'Amboise. Le réalisateur qui s'est attardé sur cette étape de la vie de l'Emir a souligné que c'est durant cette réclusion que l'Emir a entamé son initiation au soufisme. Une fois libre c'est en Turquie qu'il trouve refuge et c'est là qu'il décide de suivre le pas du Cheikh el-Akbar Ibn Arabi. Le documentaire survolera par la suite les faits connus comme le séjour de l'Emir à Damas. Assez global, Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien résume assez bien une vie exceptionnelle, celle d'un homme qui a marqué sa génération et celles à venir. Voulant briser le format assez carré du documentaire, c'est à l'animation mais aussi à la voix d'un gouale «narrateur» que le réalisateur a eu recours. Et ce n'est autre que l'artiste Amazigh Kateb qui a superbement campé le personnage du gouale déclamant des vers de la poésie populaire à la gloire de l'Emir. On notera aussi que la musique originale du documentaire, signée par Mehdi Haddad, a vraiment joué un rôle important. Le réalisateur auquel on a reproché de survoler certaines étapes importantes de la vie de l'Emir a affirmé avoir eu à faire un choix «dans un documentaire ou on ne peut pas tout mettre, j'ai fais le choix de raconter certaines choses et je l'assume. Raconter la vie de l'Emir ne peut se faire en 90 minutes, il y a de quoi écrire des romans et faire une vingtaine de films», a-t-il dit. Pas vraiment riche en révélations (on a presque tout dit sur l'Emir) le documentaire, premier consacré à ce personnage, est aussi très réussi d'un point de vue technique et esthétique, pas étonnant si l'on se fie au réalisateur qui a avoué avoir entamé une approche cinématographique pour la réalisation de ce documentaire. W. S. M.