Une dizaine de folie ! C'est ainsi qu'on pourra décrire le 21e Championnat d'Afrique des Nations qui s'est déroulé à Alger. Depuis le 16 janvier jusqu'à hier soir, les cœurs battaient au rythme d'une petite balle qui a donné un peu de relief au quotidien des Algériens. Au fil des rounds, le magnifique public, qui a accompagné les équipes nationales dames et messieurs dans cette compétition, n'a cessé de pousser les nôtres à se surpasser, à les transcender pour envoyer nos messieurs en finale défiant tous les pronostics qui ne donnaient pas chère de la peau des Fennecs et des Vertes. Au vue des récentes polémiques et problèmes qui ont secoué le jeu à sept algérien, il est vrai que les places qualificative au Mondial Qatari ne semblaient guère à portée de main de notre sélection qui ne faisait office que de (sérieux) outsider. Les places étaient «expansives», donc pour les protégées de Karim Achour et les poulains de Réda Zeguili qui n'auront pas ménagé les efforts pour être dans le carré d'as et accrocher le podium par la suite. Deux jolis parcours qui laissent prévoir de bonnes choses pour les prochaines échéances continentales et internationales. Une CAN qui était placée sous le signe de la résurrection. Une sorte de reviviscence qui intervient dans des moments difficiles que les Fennecs ont su mettre à côté pour sortir un grand tournoi. Un admirable parcours de «champions» dessiné grâce à un mental énorme et une détermination sans faille conjugués à un «huitième homme» (le public) dont la contribution est à valoriser. En face, il y avait de grandes nations du handball africain à l'instar des hégémoniques Tunisiennes et Angolaises. Certes, le sort n'a pas mis les gros morceaux sur le chemin des Algérien(nes) qui ont pu éviter l'Egypte et la Tunisie pour nos hommes. Quant à nos représentantes, elles étaient dans un boulevard pour accrocher cette finale face aux surprenantes tunisiennes qui avaient réussi à dompter les «Panthères Noires» angolaises. Les Verts ont tout donné Un premier tour grandement mené et une finale où ils ont tout tenté face aux Aigles de Carthage, double tenants du titre et non tuple Champions d'Afrique. Deuxième meilleure attaque (144 buts) derrière la Tunisie (157) et devant l'Egypte (142) et meilleure défense (93 buts), l'Algérie affolait déjà les compteurs. Le début de l'aventure était avec un carton plein et ces cinq victoires qui les ont placés à la tête d'une poule «B» qu'ils auront littéralement survolé. Pour le premier match, les coéquipiers de Messaoud Berkous, sorti encore fois du lot avec des prestations de haute volée, ont largement dominé le Nigéria 34 à 16 établissant le plus grand écart de buts dans le premier tour avant de le soigner 3 jours plus tard face au CongoBrazzaville (35-16). Pour son second match, l'Algérie a disposé de la RD Congo (26-23) avant de prendre le meilleur sur l'Angola (23-19). Pour clôturer la phase de groupes, les Algériens ont dompté les Lions de l'Atlas 26 à 19. Reçus 5 sur 5, les Verts ont encore une fois envoyé un signe fort à l'occasion des quarts de finale face au Sénégal. Confrontée à des Lions de la Téranga sans crocs, la 17e nation lors du dernier Championnat du Monde de la discipline en Espagne a assumé son nouveau statut, celui de favoris, en infligeant un 44-29 au 4e du groupe «A». Un succès qui a permis à nos handballeurs d'aborder les retrouvailles avec l'Angola en toute sérénité. Un dernier écueil qu'ils ont passé non sans difficultés (27-23) pour se hisser en finale où ils se sont heurtés aux voisins Tunisiens. Comme en 2012, les deux sélections se sont disputées le sacre. De toute façon, le plus important était déjà fait. L'Algérie a assuré son visa pour le Mondial Qatari. Des dames et un goût d'inachevé Que dire d'elles ? Courage, bravoure et générosité ! C'est la clé d'une admirable campagne africaine que nos Dames ont livrée. Malgré des débuts difficiles, face au Sénégal qui les a accrochées (27-27), qui ont accentué le sceptissisme et laissaient envisager le pire chez certains, les camarades de Tizi Nabila, souvent sortie du lot en se démarquant avec ses buts décisifs, ont su redresser la barre. Le «déclic» n'a pas tardé à venir avec la victoire face au Cameroun (26-21). La prochaine victime sera la RD Congo qu'elles ont dominé 27 à 20 pour clôturer le «priliminaty tour» avec la troisième meilleure attaque (80 buts marqués) et troisième meilleure défense (68 buts encaissés). Seule l'Angola, sacrée 9 fois de suite, a fait mieux devant la Tunisie. Logiquement, en langage des mathématiques, et virtuellement, les Vertes étaient «médaillables», restaient à connaître la couleur du métal. La belle histoire (c'est du moins ce que ça laissait croire) s'est donc poursuivie pour elles. En quarts, c'était au tour de la modeste sélection Guinéenne de subir leur loi 25-17. Dans le dernier carré, nos handballeuses ont recroisé la route de la RD Congo. Le «remake» a mal tourné avec une défaite au goût amère qui les a privées de la finale face aux Tunisiennes qui ont réussi l'exploit de sortir l'Angola. La déroute en demies a donc envoyé le pays hôte défier des Angolaises sonnées par l'élimination la veille. La tâche était très difficile contre une nation qui a dominé la petite balle chez les dames durant les 9 dernières éditions. Quand on compare les palmarès, il n'y avait pas photo. De surcroit, il ne restait que la petite-finale pour les «Palancas Negras» afin d'assurer une place de mondialistes. Le défi était de taille, la mission presque impossible et la défaite inévitable. En somme, ce Championnat d'Afrique des Nations aura été une étape importante pour un handball national sur le retour. Un véritable révélateur qui nous a rappelés qu'en sport, tout peut arriver. Tout se joue d'abord au mental. Prendre un adversaire de haut peut être fatal. En 60 minutes on peut tomber très bas ou monter très haut et atteindre les sommets défiant tous les pronostics. Nos Messieurs ont su porter un costume paraissant trop large pour leurs épaules et nos dames ont péché par manque d'expérience. La RD Congo a saisi sa chance pour disputer la première finale de son histoire. Une aventure chargée d'histoire et d'émotions. Place au travail maintenant pour la prochaine messe en.... Egypte qui aura l'honneur d'accueillir la crème du jeu à sept africain pour la 3e fois en 12 ans. Cependant, la prochaine escale, et pas des moindres sera Doha (Qatar) pour le prestigieux rendez-vous planétaire : le Mondial. M. T.