Initialement prévu pour hier, c'est aujourd'hui que les Tunisiens adopteront le nouveau texte constitutionnel. Un consensus trouvé entre les partis représentants toutes les sensibilités politiques tunisiennes au terme de nombreuses tractations et de nombreuses interruptions. L'année politique qui vient de s'écouler en Tunisie a connu des assassinats politiques, de nombreuses grèves et des attentats terroristes qui ont ciblé l'armée. L'Assemblée nationale constituante (ANC) a adopté, jeudi soir, le projet de Constitution, après un long processus où l'ont votait article par article depuis le 3 janvier 2014. Cette nouvelle Constitution, de 146 articles, sera présentée à l'assemblée générale de l'ANC et doit être adoptée par les deux tiers des députés, soit 145 parmi les 217. En cas de non adoption par les deux tiers, le texte sera soumis au référendum populaire, selon le règlement intérieur de la Constituante. Un texte qui ne semble cependant pas agréer l'ensemble des partis politiques tunisiens. Vendredi des centaines d'extrémistes islamistes, partisans du parti radical Ettahrir, ont manifesté dans les rues de Tunis pour protester contre le projet de la Constitution qu'ils jugent «laïque». Ces manifestations, qui se sont déroulées au milieu d'un important dispositif de sécurité, interviennent au lendemain de l'achèvement par l'Assemblée nationale constituante (ANC), issue de l'élection du 23 octobre 2011, de l'adoption article par article de la Constitution, qui a annulé un texte faisant de l'islam la seule référence en matière de législation et adopté des dispositions interdisant les accusations d'apostasie et l'incitation à la haine et à la violence. Les manifestants qui ont qualifié la Constitution de «faible et d'incompatible avec la charia islamique», rédigée, selon eux, «pour plaire aux pays occidentaux», ont appelé à l'application de la loi islamique (charia) avec le Coran comme référence principale de législation. Fondé à la fin des années 1980, le parti Ettahrir activait clandestinement avant d'obtenir l'agrément en juillet 2012. Plus de trois ans après la révolution tunisienne, qui a eu raison du régime de Ben Ali, l'Assemblée constituante est appelée à mettre fin aujourd'hui à l'instabilité politique qui caractérise le pays. La loi fondamentale du pays ne sera que la première étape pour la Tunisie pour se doter d'institutions élues, notamment un président de la République et un nouveau Parlement. L'organisation de ces deux scrutins sera la tâche la plus ardue du prochain gouvernement qui remplacera celui d'Ali Larayedh, qui a officiellement démissionné jeudi dernier. Le cabinet du technocrate Mehdi Jomaa devait être connu en fin de la journée du samedi. Il maintiendrait Lotfi Ben Jeddou comme ministre de l'Intérieur, ainsi que trois ou quatre autres ministres du gouvernement de Ali Larayedh, qui ont prouvé leur compétence dans le traitement des dossiers dont ils ont été chargés, et ce, compte tenu de l'intérêt que Jomaa accorde à la garantie d'une continuité entre les deux phases, ont indiqué des sources concordantes, citées par l'agence officielle tunisienne TAP. Les mêmes sources ont expliqué le maintien de Ben Jeddou à la tête du ministère de l'Intérieur, malgré l'opposition de certaines parties politiques, par «la complexité du poste en ce moment» et compte tenu de l'ampleur des défis auxquels le pays est actuellement confronté sur le plan sécuritaire, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. La composition du gouvernement de Mehdi Jomaa se contenterait d'un nombre restreint de ministres. M. N./agences