Depuis des semaines la distribution du lait pasteurisé en sachet connaît des perturbations. Le produit se fait rare chez les commerçants et pour s'en procurer il faut patienter dans des files d'attentes interminables. Cette situation est qualifiée d'alarmante par les citoyens aux bourses moyennes qui se disent otages de crises récurrentes pour les produits de base, qu'il s'agisse de poulet, de fruits et légumes, d'œufs, de pomme de terre ou encore de légumes secs qui connaissent toujours des envolées cycliques de leur prix. Voilà qu'un autre problème, celui du lait, et ce n'est pas la première fois, vient se greffer à ceux-là. Maintenant que les résultats de l'enquête diligentée par le ministère du Commerce sont connus, il y a lieu de réagir et trouver des solutions concrètes et pérennes pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs. Car la crise persiste malgré le fait que la production du lait pasteurisé en sachet au niveau des laiteries des régions qui ont connu une pression sur ce produit a été revue à la hausse depuis samedi dernier (18 janvier 2014). Ce sont, du moins, les déclarations à l'APS du directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Ait Abderrahmane. «Le marché est bien approvisionné et ne connaîtra plus de perturbation puisque les quantités produites sont depuis samedi augmentées de 15% et même plus dans les wilayas du centre du pays, notamment Alger, Tipasa et Blida». «Cette cadence va être maintenue pour bien approvisionner le marché en cette matière», a rassuré ce même responsable, sans donner plus de précisions. Cela fait maintenant une semaine que cette déclaration a été faite sans pour autant que la distribution reprenne son cours normal et se fasse plus régulière. Ce qui démontre que le dysfonctionnement est toujours présent dans le circuit. Alors que les raisons invoquées par les responsables du secteur du commerce concernant cette crise sont imputées essentiellement à une très forte demande du marché, dû au changement du mode de consommation de nombreux ménages qui se sont retournés vers le lait pasteurisé en sachet à 25 DA le litre (les autres produits ayant vu leurs prix augmenter, tel Candia). L'augmentation de la production n'a pas pour autant régler la situation. Il est vrai qu'après tant de pression il faudrait un peu de temps pour réguler un tant soit peu le marché, mais les consommateurs ne l'entendent pas de cette oreille tant que la crise, qui a démarré depuis presque un mois, perdure. Et il ne s'agit pas de n'importe quel produit puisque le lait est vital et indispensable pour la majorité de la population, particulièrement pour les enfants. La production de lait en sachet a atteint 1,5 milliard de litres en 2012 Où se situe donc le dysfonctionnement ? Alors que certains observateurs évoquent l'utilisation de la poudre de lait pour les produits dérivés, d'autres s'accordent à dire que le circuit de distribution y est pour beaucoup dans ces perturbations. D'où l'importance d'un contrôle rigoureux dans le secteur en soumettant les distributeurs à un cahier des charges bien défini disent-ils. C'est-à-dire qu'il faut instaurer des règles strictes pour leur faire obligation de desservir convenablement les quartiers et non pas un au détriment d'un autre. Car, parfois, le consommateur se voit dans l'obligation de faire des kilomètres pour aller acheter son lait dans un quartier autre que celui qu'il habite parce que le distributeur n'est pas passé par là, ce qui crée des tensions sur ce produit qu'on peut trouver à profusion à certains endroits alors que dans d'autres il est introuvable. Une situation que les citoyens n'arrivent plus à comprendre, ni d'ailleurs à admettre. Pour rappel, plusieurs régions du pays, dont Alger, ont connu ces dernières semaines une perturbation dans la distribution du lait pasteurisé en sachet (25 DA/l) en même temps qu'une hausse qui a touché plusieurs produits dérivés. Pourtant, la subvention de l'Etat à la poudre de lait destinée à la production du lait pasteurisé en sachet (25 DA le litre) a atteint en 2013 les 30 milliards de dinars, soit une hausse de 15,38% par rapport à 2012 (26 milliards de dinars) et 22,44% par rapport à 2011 (24,5 milliards de dinars). Selon l'Office interprofessionnel du lait et dérivés (Onil), la production de lait pasteurisé en sachet a atteint 1,5 milliard de litres durant l'année écoulée. Pour rappel encore, le Premier ministre «a ordonné l'augmentation de la production du lait pasteurisé en sachet à travers l'accroissement des quotas de matière première livrés aux producteurs pour répondre à la demande supplémentaire», avait indiqué, dans une conférence de presse, le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Ait Abderahmane. M. Sellal a ordonné également «l'encouragement et la dynamisation de la filière du lait ainsi que l'amélioration de la collecte du lait frais et le soutien des capacités nationales de production, à travers la mise à niveau de la filière du lait et la mise en place d'un stock suffisant par l'Office interprofessionnel du lait et dérivés (Onil)», a ajouté le même responsable. Le moment est donc venu d'apprendre de nos erreurs et d'en tirer les enseignements pour éviter que de tels scénarios se reproduisent, qu'il s'agisse du lait en sachet ou des autres produits de large consommation. L'urgence de réguler le marché se fait ressentir de plus en plus, et le citoyen attend impatiemment de revoir le lait en sachet dans les commerces sans avoir à faire de longues queues. B. A.