La situation reste très tendue en Ukraine notamment après la prise du ministère de la Justice par les manifestants. Après son évacuation, l'opposition ukrainienne a annoncé, hier, qu'elle était prête à «poursuivre les négociations» avec le président Viktor Ianoukovitch, tout en avertissant que la «patience» des contestataires avait des limites. «Malgré la tentative des autorités d'interrompre les négociations et de décréter l'état d'urgence, l'opposition est prête à poursuivre les négociations», ont fait savoir, dans un communiqué commun, les principaux partis de l'opposition. Soulignant que ces derniers jours la situation était revenue au calme sur la place de l'Indépendance à Kiev, haut lieu du mouvement de contestation qui a commencé il y a plus de deux mois, ils avertissent que «la patience des gens mis en colère par la surdité du pouvoir peut atteindre ses limites à tout moment». Cette mise au point est intervenue à la veille de l'ouverture d'une session extraordinaire du Parlement ukrainien consacrée à la situation politique, et d'un sommet qui s'annonce difficile entre l'Union européenne et la Russie, dont les relations sont tendues par cette crise et des accusations mutuelles d'ingérence. La ministre ukrainienne de la Justice, Olena Loukach, qui participe aux négociations entre l'opposition et Viktor Ianoukovitch, a averti, hier, qu'elle réclamerait que ces pourparlers soient interrompus si les occupants de l'immeuble abritant son ministère, en plein centre de la capitale, y demeuraient. Elle a aussi menacé de s'adresser au Conseil de sécurité nationale ukrainien en vue de «discuter de l'instauration de l'état d'urgence». Après avoir délogé dans la nuit de samedi à dimanche des centaines de membres des forces de l'ordre déployés dans un musée situé non loin de là, des dizaines d'opposants radicaux ont envahi dimanche soir le ministère de la Justice, sans rencontrer de résistance. Le mouvement de protestation s'est brusquement radicalisé la semaine dernière, donnant lieu à des scènes de guérilla urbaine qui ont fait au moins trois morts à Kiev, et s'étend désormais à pratiquement toute l'Ukraine. M. Ianoukovitch a fait samedi une série de concessions, proposant les postes les plus élevés du gouvernement à l'opposition, mais les chefs de cette dernière ont affiché leur détermination à poursuivre la «lutte» afin notamment d'obtenir une élection présidentielle anticipée. La situation s'est, en outre, envenimée dans les régions, où les contestataires ont multiplié les actions contre des bâtiments publics. R. I.