Les opposants ukrainiens poursuivaient mercredi à Kiev leurs protestations contre le pouvoir en place réclamant son départ, alors que le gouvernement a lancé un avertissement aux contestataires les appelant à la fin de l'escalade. En ouvrant le conseil des ministres, le premier depuis la mobilisation de l'opposition dans les rues de Kiev pour dénoncer la suspension du processus d'intégration avec l'Union européenne (UE), le Premier ministre, Mykola Azarov a sommé les opposants d'arrêter leur mouvement : "J'appelle à arrêter l'escalade de la tension politique", a-t-il déclaré. "Le Parlement a exprimé hier la confiance au gouvernement. C'est un fait que l'opposition et nos partenaires à l'étranger doivent accepter", a encore dit M. Azarov. Peu avant les déclarations du Premier ministre ukrainien, des manifestants ont encore tenté dans la matinée de bloquer les accès au siège du gouvernement, en plein centre de Kiev, et continuaient d'occuper la place de l'Indépendance. Ils ont dressé des barricades sur ce haut lieu de la Révolution orange qui avait porté au pouvoir des pro-occidentaux fin 2004. Les contestataires réclament le départ du gouvernement, et celui du président Viktor Ianoukovitch alors que le Parlement, dominé par le Parti des régions (au pouvoir), a rejeté mardi une motion de défiance dont l'examen avait été imposé sous la pression de la rue. Par ailleurs, des centaines de personnes bloquent toujours la mairie de Kiev, occupée depuis dimanche par les militants pro-européens. Le gouvernement veut des noms Au moment où les manifestations se poursuivent, l'Université de Kiev a été sommée mercredi de fournir les listes d'étudiants susceptibles d'avoir pris part aux manifestations contre le pouvoir, selon le quotidien en ligne Ukraïnska Pravda. Le parquet général demande à la direction de l'Université de "fournir d'urgence" des informations concernant les étudiants et les professeurs absents des cours entre le 29 novembre et le 2 décembre, écrit Ukraïnska Pravda. Il ordonne également donner les noms des "instigateurs et militants qui ont appelé les étudiants à participer à des actions de protestation de masse". Le parquet demande si "des mesures ont été prises pour interdire aux étudiants d'y participer et si oui lesquelles". Réunions à Bruxelles et à Moscou Le pouvoir ukrainien a soudainement suspendu fin novembre la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne (UE), en préparation depuis des mois, pour se tourner vers la Russie. Cette volte-face a provoqué les manifestations de l'opposition et une mobilisation sans précédent depuis la Révolution orange. Le président Ianoukovitch a expliqué qu'il ne pouvait pas signer l'accord en raison de la situation économique "difficile" de l'Ukraine, mais son Premier ministre a reconnu que la Russie avait fait pression sur Kiev. Dans la foulée de cette crise, une délégation ukrainienne devrait se rendre ce mercredi à Bruxelles afin de poursuivre des négociations pouvant permettre de signer l'accord d'association avec l'UE dans des conditions "plus avantageuses" pour l'Ukraine, selon le Premier ministre ukrainien. Une autre délégation ukrainienne est attendue mercredi à Moscou pour discuter du partenariat stratégique avec la Russie. Toutefois, Bruxelles n'a pas confirmé la visite d'une délégation ukrainienne. "Nous ne pouvons pas confirmer cette visite demain à Bruxelles. La date et le lieu seront décidés via les canaux diplomatiques habituels, et une fois qu'un accord aura été trouvé, elle sera annoncée", a déclaré Peter Stano, porte-parole du commissaire chargé de la Politique de voisinage, Stefan Füle. Pour sa part, une source européenne à Bruxelles a indiqué mardi soir que l'UE n'était "pas prête à rouvrir les négociations sur l'accord d'association".