Kamel Amghar Mis en service au début de l'année 2009 par la Sntf, l'autorail a vite séduit les voyageurs Béjaouis. A raison de deux rotations par jour, ce moyen de transport moderne permet de joindre Alger en moins de quatre heures et offre un confort nettement meilleur que le bus ou le taxi. Avec une capacité de 200 places assises et 160 autres debout, le train dessert de nombreuses gares secondaires entre Alger et Béjaïa (El Kseur, Sidi Aïch, Akbou, Béni Mansour, Tazmalt, Bouira et Thénia). La ligne ferroviaire en question a été, pour rappel, préalablement renouvelée et des équipements modernes ont été installés pour sécuriser la circulation. Malgré un tarif relativement élevé, soit le double du coût de la liaison en bus, et certaines insuffisances en matière d'organisation et du respect des horaires, de nombreux citoyens adoptent l'autorail pour les multiples avantages offerts, dont la célérité, la propreté et le confort. Etudiants et travailleurs empruntent chaque jour cet autorail qui fait le plein à chacune de ses navettes. Ils en sont fiers et veillent au grain concernant le maintien de la bonne qualité des prestations. Récemment, ces habitués se sont vivement plaints auprès du directeur régional de la Sntf de l'absence de chauffage et de sanitaires dans certaines rames substituées aux originales. Inspirée par l'encombrement permanent des routes et les fréquentes coupures du trafic routier, l'investissement de la Sntf dans ce créneau précis du transport de voyageurs a été, à l'évidence, bien ciblé. Aujourd'hui, on peut dire, sans crainte de se tromper, que la demande, notamment durant les week-ends et les débuts de semaine, dépasse largement l'offre. Dans son plan de développement, la Sntf a lancé l'année passée un projet de dédoublement de la voie ferrée sur un tronçon de 87 kilomètres (Béjaïa-Beni Mansour) afin d'augmenter la fréquence des arrivées et des départs. Doté d'une enveloppe de 106 milliards de dinars, le projet prévoit également la suppression de tous les passages à niveau pour des considérations de sécurité et de performance. Le train de voyageurs circulera, alors, à 160 km/heure et celui des marchandises à 100 km/h, avait annoncé le bureau d'études espagnol qui en a élaboré tous les détails techniques. Objectif : porter la capacité du transport de voyageurs à 120 000 places/jour et celle des marchandises à 1 800 tonnes/jour. Les travaux portent aussi sur le renouvellement de la gare et des hangars d'entretien de Beni Mansour, la réalisation d'embranchements vers les grandes entreprises comme Naftal, Steel Annaba SPA, les moulins de la Soummam et le port de Béjaïa. Sont également prévus plusieurs ouvrages d'art : 14 viaducs ; 7 ponts ferroviaires, 27 passages supérieurs, 7 passages inférieurs. Mais aussitôt lancés, les travaux ont été maintes fois suspendus en raison des oppositions récurrentes des riverains. L'Agence nationale d'études et de suivi des investissements ferroviaires (Anesrif), filiale de la Sntf, qui chapeaute le projet, a enregistré quelque 500 objections exprimées par les propriétaires fonciers de la région, qui réclament des indemnités de dédommagement. Le marché, confié à un groupement d'entreprises, parrainé par Cosider TP, risque sérieusement de dépasser le délai de 5 ans, initialement fixé. S'il est vrai que le transport ferroviaire (voyageurs et marchandises) a beaucoup de potentiel à Béjaïa, ce type de difficultés contrarie les plans de développement mis en œuvre au grand dam de l'ensemble de la région. K. A.