Jamais les citoyens n'ont été confrontés à une insécurité aussi manifeste qu'au cours des dernières années où la criminalité a pris des proportions inquiétantes, les services concernés révèlent que celle-ci a évolué en courbe ascendante. Les citoyens, livrés à des bandes de délinquants bien organisées, ont peur pour leur sécurité, celle de leurs enfants et de leurs biens. Agressions en public, viols, vols à main armée et à la tire, enlèvement d'enfants, cambriolages de domiciles, pédophilie... sont les quelques aspects d'une situation des plus inquiétantes. L'épisode douloureux des enfants de Constantine, enlevés et froidement assassinés, a frappé l'imaginaire des Algériens. On se demande alors, face au ton rassurant des autorités, comment les criminels agissent avec une facilité aussi déconcertante. Un autre exemple qui fait froid dans le dos, rappelons le cauchemar vécu par les usagers du tramway Bab Ezzouar-Bordj El Kiffan, lorsque des individus portant des cagoules, munis d'armes blanches, avaient attaqué le tramway, au niveau de l'arrêt 5-Juillet. Ils avaient procédé au racket des usagers. Cette agression a suscité une indignation nationale et de nombreuses voix se sont élevées pour s'interroger sur l'efficacité du dispositif sécuritaire mis en place. Une fatalité qui semble s'installer dans la durée, si aucune stratégie efficace de lutte contre ce phénomène n'est mise en place. D'autre part, les agressions contre la gent féminine se sont accentuées au point où dans nos villes aucune femme ne peut s'aventurer à sortir à partir de 20 heures, au risque de se voir agressée. La problématique de la lutte contre le grand banditisme et la criminalité, réside-t-elle dans les effectifs mobilisés ou dans la stratégie mise en œuvre ? Menacés dans leur intégrité physique, les Algériens se rendent compte aujourd'hui plus que jamais que dénonciation n'est pas synonyme de délation, mais émane d'une inquiétude justifiée. Il s'agit, en premier lieu, d'une question de survie. En somme, l'Algérien n'a pas de quoi être satisfait de sa sécurité en dépit des assurances des responsables chargés d'assurer sa quiétude. Dans un bilan révélé par la Direction générale de la sûreté national (Dgsn), le nombre d'Algériens qui portent des armes blanches est en hausse. En six mois, 12 245 Algériens ont été agressés par armes blanches, alors que 12 498 ont été arrêtés dans le cadre d'affaires liées aux agressions par armes blanches. De plus en plus d'Algériens recourent à ce type d'objets, soit pour se défendre, soit pour agresser, soit pour planifier des actes de vandalisme ou des règlements de compte entre gangs. Le phénomène prend de l'ampleur et cela nous amène à nous interroger sur le comportement inquiétant de ces porteurs d'armes blanches. De plus en plus de mineurs y ont recours dans des actes de vandalisme. Les policiers présents sur le terrain sont appelés à lutter sans relâche contre les bandes de malfaiteurs qui recourent aux différentes armes pour arriver à leurs fins. Un autre phénomène aussi inquiétant, les bagarres entre bandes rivales dans les quartiers et souvent en pleine journée, Cette nouvelle forme de violence, à laquelle les Algériens ne sont pas habitués, est à mettre à l'actif de groupes de jeunes qui s'affrontent à coups de machettes, de sabres et de barres de fer, un arsenal auquel s'ajoutent parfois des armes destinées à la pêche sous-marine telles que les fusils à harpon. L'insécurité s'est désormais durablement installée dans certaines cités, au grand dam des citoyens qui sont contraints de vivre en permanence dans un climat de psychose. Des combats à l'arme blanche d'une rare violence commencent alors en début de soirée pour ne finir qu'à l'aube. La vague de violence fait souvent plusieurs blessés, et dure des heures voire des jours de suite. Cette situation se rapproche sensiblement des gangs qui sévissent en Occident. Car au fil du temps, ces groupes tendent à se structurer de manière rigoureuse et s'adonnent, en guise d'activité principale, au commerce illégal de la drogue. Ils se disputent alors des zones d'influence, ce qui est souvent un facteur déclencheur de règlements de compte. En l'absence d'une puissance publique efficace capable de mettre ces gangs hors d'état de nuire, ils continuent de sévir dans les quartiers, au grand dam des habitants. L'insécurité guette aussi les établissements scolaires. Les parents d'élèves se retrouvent confrontés à un phénomène récurrent qui pénalise le cadre de vie de leurs enfants, et par voie de conséquence, le leur. En effet, des bandes de délinquants investissent quotidiennement les abords des établissements scolaires et imposent leur dictat aux élèves des trois cycles qui sont souvent insultés malmenés, voire agressés physiquement. Sous la menace d'arme blanche, de chaînes et gourdins, ces malfrats détroussent impunément leurs victimes qui n'osent pas se plaindre craignant des représailles. De jeunes enfants, devenus otages de ces délinquants, sont régulièrement rançonnés et parfois délestés de leurs portables, des objets de valeur et effets vestimentaires. Des collégiennes et des lycéennes n'échappent pas aux railleries, provocations et aux comportements malsains de ces sinistres individus, même le corps enseignant, notamment la gent féminine, est ciblée par ces dévoyés qui agissent sans état d'âme. Craignant des conséquences fâcheuses, des pères et des mères de famille conduisent régulièrement leurs enfants à leur lycée avant de retourner les récupérer. Selon les responsables des services de sécurités, un programme de lutte contre la violence en milieu urbain a été mis en œuvre. Il a été dégagé dans le cadre de ces mesures un personnel qualifié rigoureusement sélectionné, qui plus est, est doté de moyens de lutte adéquats. Les services de sécurité s'attendent ainsi à des résultats probants. L'ancien ministre de l'Intérieur avait affirmée que «La sécurité n'exige pas de mesures exceptionnelles, mais un renforcement des effectifs». Cette déclaration est en décalage avec la réalité, car en dépit de l'augmentation des effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationale, la criminalité sévit encore et frappe toujours les esprits des citoyens qui se retrouvent obligés de regagner leur domicile avant la tombée de la nuit. Le phénomène de l'insécurité n'a pas fait l'objet d'études suffisantes qui permettraient de tirer les conclusions nécessaires pour une lutte efficace. Ce qui est sûr, c'est que le phénomène a toujours existé, mais à une moindre échelle. La recrudescence de la violence est certainement liée à des facteurs objectifs. Certains évoquent la tragédie qu'a connue notre pays dans les années 90 comme étant la seule raison de cette agressivité. Certes, la décennie noire a laissé des traces dans les esprits. Cela dit, qu'il existe un vrai problème de communication, mais cela ne justifie en aucun cas cette violence. A. K.