C'est à l'occasion d'une réunion formellement organique ayant regroupé, hier, à Alger, les responsables de la campagne électorale de sa candidature au niveau des wilayas, qu'Ali Benflis a préféré défendre les institutions de la République, dans une conjoncture où le Département des renseignements et de la sécurité, de l'Armée nationale populaire, a été publiquement critiqué par le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani. A l'adresse de ses partisans, et dans ce qui s'apparente à une orientation de campagne, Ali Benflis dira que «nous devons également axer notre discours sur notre programme, sans porter atteinte à nos adversaires politiques, ni tenir un discours préjudiciable aux institutions de la République que nous devons préserver parce qu'elles sont un acquis de tous les Algériens et un garant de la pérennité de l'Etat». Ali Benflis, s'il invite son staff de campagne à se concentrer sur «notre programme», n'en est pas cependant moins agacé par le discours de certains officiels, à qui il attribue un «chantage sécuritaire». L'ancien chef de gouvernement dénonce, «le discours alarmiste qui prend la forme d'un appel à préserver la stabilité de l'Algérie, mais qui vise en réalité, uniquement à faire un chantage sécuritaire dont le seul objectif est de maintenir le pays dans le statu quo actuel et de différer toute possibilité d'alternance portée par la volonté populaire. En somme, c'est le statu quo ou le chaos». Signe d'une colère préélectorale du postulant à la magistrature suprême, Ali Benflis martèle que «ces déclarations sont inacceptables d'autant qu'elles émanent d'officiels qui doivent prendre leurs responsabilités, faire preuve de mesure et de réserve et veiller, avant tout, à mettre en place les conditions politiques et matérielles de préparation et de déroulement de la prochaine présidentielle». Sur sa lancée, le candidat malheureux à la présidentielle de 2004 ne se privera pas de distiller des flèches à l'encontre des promoteurs du discours plaidant «la stabilité du pays», dans une allusion au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui appelle, sans cesse, les Algériens à préserver cet «acquis». Soutenant que «personne n'a le monopole de la préservation de la stabilité du pays», Ali Benflis déclare rejeter «toute forme de surenchère», jugeant que «chaque Algérienne et chaque Algérien est un gardien vigilant de la stabilité de son pays». Dans le chapitre réservé aux vertus du changement, il le suggère «responsable, graduel, le fruit d'une large concertation nationale et sans exclusion», Ali Benflis se présente comme étant «viscéralement opposé à toutes les formes de pouvoir personnel». S'agissant du comportement qu'il préconise à ses partisans à l'occasion de la campagne électorale, Benflis recommande l'écoute et la concertation avec toutes les couches de la société. «Le peuple ne vit pas de fausses promesses et d'illusions, il a besoin de connaître, de discuter et de débattre avec vous, les engagements en matière économique, sociale et politique contenus dans notre programme qui vise à instaurer un Etat de droit et une société de libertés», annonce le candidat. Faudrait-il rappeler, au sujet des libertés, que c'est sous la gouvernance d'Ali Benflis que les marches et autres manifestations populaires sont interdites à Alger depuis l'été 2001 ? L'intervention d'Ali Benflis suggère par ailleurs à ses partisans de ratisser large durant la campagne électorale. «Je vous invite à donner l'occasion à toutes les bonnes volontés de participer à la diffusion et à l'explication de notre programme pour gagner l'adhésion du plus grand nombre d'Algériennes et d'Algériens», souligne le candidat Benflis. Il ajoutera, qu'il «est contre toute forme de marginalisation, d'exclusion, de clientélisme et de régionalisme...». Des qualités que ne lui reconnaît pas néanmoins Ghazi Hidouci, ancien ministre de l'Economie et des Finances dans le gouvernement de Mouloud Hamrouche. Dans une interview accordée, à Paris, au quotidien Echourouk, Hidouci attribue à Benflis «une mentalité de régionaliste». A. Y. «Je ne suis pas le candidat d'un parti» «Nous devons demander le soutien de toute la société, je ne suis pas le candidat d'un parti, j'ambitionne de représenter tout le peuple algérien, sans renier ma qualité de membre du FLN», a déclaré, hier, le candidat Ali Benflis, sous les ovations de ses partisans, à l'occasion d'une réunion des responsables de sa campagne électorale au niveau des wilayas. A. Y.