L'arbitrage est régulièrement mis à l'index par certains acteurs du football algérien. Des présidents de clubs, des entraîneurs, des athlètes et des supporters dénoncent, à chaque fois, la mauvaise prestation du corps arbitral et son influence sur le cours de différends championnats. Que cela soit dans les deux ligues professionnelles ou dans les différentes divisions du foot amateur, les referees sont couramment accusés de partialité dans la conduite des débats. Certains dirigeants, outrepassant les obligations de réserve, vont jusqu'à accuser les hommes en noir de corruption. Ces inculpations, souvent sans preuves formelles, suscitent immédiatement de virulentes réactions parmi les équipes adverses. L'échange d'amabilités, par presse interposée, prend des proportions alarmantes pour le fair-play, sans qu'aucune instance n'intervienne pour mettre de l'ordre. Il est vrai que des fautes d'appréciation, graves et décisives sur l'issue des matchs, sont parfois commises. Des enregistrements vidéo en témoignent. Là, des sanctions exemplaires doivent être prononcées pour inciter l'arbitre fautif à se perfectionner. Mais, il arrive aussi que des soupçons injustifiés soient gratuitement exprimés par des dirigeants et des techniciens dans le seul but de se protéger et de se couvrir vis-à-vis de leur galerie. Nos meilleurs arbitres, primés et reconnus au niveau international, n'échappent à cette injustice. Toute équipe qui perd, afin de se soustraire à la pression de ses propres fans, désigne automatiquement l'arbitre pour se justifier et se faire bonne conscience à bon frais. Dans ce type de diatribes, on retient l'absence et le silence des instances sportives (FAF, LFP, CFA) qui doivent, en principe, réagir promptement à chaque pareille situation. Cela pour protéger les intérêts et la notoriété de l'arbitre injustement incriminé, sauvegarder la transparence et le fair-play de la compétition, et mettre un terme au climat de suspicion et la méfiance qui en résultent. Un dirigeant, qui ose accabler arbitrairement un directeur de jeu, doit payer, cash, le prix de son outrecuidance. Des amendes et des sanctions doivent être prévues à ce genre de dépassements qui nuisent tellement à la bonne marche des compétitions et à l'image du football national. Dans les divisons inférieures (nationale amateurs, inter-ligues, ...), des arbitres, livrés à la vindicte des hooligans, sont sauvagement agressés et menacés de mort sans qu'aucune partie ne réagisse. Même la commission fédérale d'arbitrage ne prend plus la peine de dénoncer cette barbarie. Ainsi, quand on livre l'homme en noir, pieds et poings liés à une bande de sauvages, nul n'a moralement le droit de lui exiger quoi que ce soit. En gros, cet épineux problème de l'arbitrage exige, d'abord et avant tout, la protection, physique et morale, de l'arbitre. Les puissants acteurs, qui ont pris l'habitude de lui endosser leurs propres défaillances, doivent absolument apprendre à mesurer leurs propos. L'arbitre dans les divisions inférieures doit bénéficier d'une protection physique rapprochée pour pouvoir exercer son rôle dans les meilleures conditions et sans crainte pour sa propre vie. En second lieu, les instances footballistiques doivent s'atteler sérieusement à l'encadrement et à la formation des jeunes arbitres. Là aussi, la FAF et les ligues régionales doivent organiser périodiquement des stages, des regroupements et des séminaires au profit du corps arbitral qui reste, en quelque sorte, le parent pauvre du système. En un mot comme en cent, on ne peut remédier aux problèmes de l'arbitrage sans s'occuper vraiment du corps arbitral pour en faire un maillon fort, capable de s'émanciper, de s'organiser et d'imposer l'éthique qui lui sied. K. A.