Mouloud Hamrouche ne présentera pas sa candidature à la présidentielle de 2014. Pour cause, il estime que la problématique dépasse l'échéance du 17 avril : il y a une crise au sein du régime. Une impasse à laquelle il appelle l'institution militaire à trouver une solution politique pour «ne pas se laisser surprendre par les débordements» qui guettent le pays. Lors de sa conférence de presse, jeudi dernier à l'hôtel Essafir (ex-Aletti), la première depuis 1999, Hamrouche, une fois levé le suspense autour de sa candidature pour la prochaine échéance électorale, s'est astreint à l'obligation de s'excuser auprès de ses amis et ses soutiens qui ont cru comprendre que sa précédente déclaration était un acte de candidature, comme souligné dans sa déclaration préliminaire. Mais, pour étayer sa décision, il n'y va pas du dos de la cuillère. Il fait état d'une impasse politique au sein du système, qui dépasse la présidentielle. «Nous avions une crise politique, maintenant nous avons une crise à l'intérieur du régime», a-t-il indiqué, arguant que «cette problématique dépasse la présidentielle». Il fera état dans ce sens, d'une situation de blocage qui a pour cause «un système obsolète et incompatible avec la société et l'évolution politique du pays aux plans interne et externe». Dans son analyse, il devait insister sur le fait que «les facteurs de blocage sont toujours là, avec ou sans renouvellement de mandat. Ce sont des impasses qui recèlent de graves menaces, exacerbent les facteurs de division, paralysent les institutions et soumettent les hommes à des pressions impossibles». Et d'ajouter : «Tout l'encadrement de nos forces de défense, de sécurité, les cadres et acteurs économiques sont soumis, à chaque échéance présidentielle et à chaque changement de responsables, à d'intolérables pressions, interrogations et examens de conscience.» Le père des réformes dans les années 1990, dira ne pas croire au changement par les urnes, parce que «l'élection en Algérie est devenue un outil d'exclusion, non d'arbitrage». Il estime que «les élections servent à donner une pseudo-légitimité pour le système politique qui laisserait les administrations publiques et les services de sécurité lutter contre la société», et ce avant de déplorer l'absence de courroies de transmissions. Pour y remédier, Hamrouche préconise l'élaboration d'«un consensus national» bâti sur de nouvelles règles, que sont l'Etat de droit et la démocratie, et auquel participerait l'institution militaire. Il devait souligner le rôle de l'ANP, en affirmant qu'«Il n'y a aucune chance d'instaurer un système démocratique sans l'aval et le soutien actif de l'armée». En sa qualité d'ancien militaire (colonel, avant sa retraite), Hamrouche a interpelé ses anciens collègues militaires pour agir afin de sauver le pays de l'impasse, mais dans «le calme» et «la discipline». «Je ne demande pas un coup d'Etat, et je n'appelle pas l'armée à empêcher Bouteflika de se représenter. Je l'appelle à sauver l'Algérie de l'impasse», a-t-il affirmé. «La mission essentielle de l'armée est de défendre le peuple et l'Etat. Elle ne doit pas entrer dans les luttes politiques et idéologiques», a précisé d'autre part Hamrouche, qui lancera un appel «à la discipline et à l'application des ordres quelle que soit la situation». «Je n'appelle pas l'armée à la désobéissance ou à la dissension», a-t-il martelé. Il devait indiquer que «l'édification d'un régime démocratique et l'instauration d'un Etat de droit sont des approches raisonnables qui mettront à l'abri la cohésion, la discipline et l'adhésion de tous les constituants de notre société». L'ancien chef du gouvernement est catégorique et affirme que «le système doit changer», car «il n'est plus apte à gérer le pays». Selon ses dires, «il n'y a pas de lutte entre deux parties, mais il s'agit de la fin d'un système de gouvernance» dont le mécanisme ne produit plus en le comparant à un arbre sénile. Néanmoins, il plaide pour un changement «organisé» et «calme». «Je veux faire tomber le système, mais de façon méthodologique, sereine et pacifique, avec le concours de toutes les composantes de la société. Le moment est venu de tourner la page actuelle et d'en ouvrir une nouvelle pour l'Algérie», a-t-il affirmé. En affirmant que «l'heure est grave», le conférencier a souligné «la nécessité de faire appel à la raison, à la sagesse et à se mobiliser», pour «chercher une solution pour tous les Algériens». À la question sur sa responsabilité dans ce blocage, Hamrouche dira que «tous les Algériens sont responsables, y compris moi de par les postes de responsabilités que j'ai eu à occuper dans le passé». Hamrouche affirme, d'autre part, «ne pas détenir d'éléments suffisants pour comprendre les raisons qui ont mené le système à opter pour ce choix». En revanche, il a mis en garde contre le statu quo, en affirmant que «ce qui s'est passé depuis 2 ans, dans notre région est assez éloquent pour ne pas être tenté par un solution individuelle», en faisant allusion aux pays qui ont été submergés par la vague du printemps arabe. Et ce, tout en s'interrogeant sur ce que va faire le Président après le 17 avril, tout en déplorant l'absence d'outils de décision qui expliqueraient les échecs répétés des gouvernements. A. R.