Les citoyens du village de Houaoura, relevant de commune de Bouzedjar située dans la wilaya de Aïn Témouchent, ont gagné la bataille du transport. Se révoltant contre l'augmentation illégale des prix des tickets, ils ont eu finalement gain de cause puisque les autorités locales sont intervenues pour rappeler à l'ordre les transporteurs privés de voyageurs. Ces derniers ont compris cette fois-ci que toute augmentation illicite des tarifs de transport ne sera plus tolérée. Ainsi, lundi dernier, 19 transporteurs de voyageurs de la wilaya de Aïn Témouchent ont été verbalisés et leurs dossiers transmis à la justice pour «augmentation illégale des tarifs». Cette augmentation, en moyenne de cinq DA, «a été décidée d'une manière unilatérale par les opérateurs sous la coupe de l'Union nationale des transporteurs (UNAT) et de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA)», a dénoncé Mounir Yaala, directeur des transports de la wilaya. «Ces deux organisations syndicales ont même placardé des affiches portant augmentation des prix», a-t-il ajouté. Il faut savoir que cette nouvelle envolée des prix du transport a conduit une centaine de citoyens du village enclavé de Houaoura à bloquer, lundi matin, la route menant vers El Amria, en signe de protestation. L'intervention immédiate des autorités locales, dont le directeur des transports, a permis de rétablir dans le calme la circulation routière et de rassurer la population. Il a en effet signifié aux utilisateurs du transport l'annulation de ces nouveaux prix et leur caractère illégal. Tout en indiquant que «l'augmentation forfaitaire n'est pas justifiable», le directeur des transports de la wilaya a précisé qu'elle doit, au contraire, prendre en considération les distances parcourues par chaque opérateur. Il est à signaler à ce propos que la réglementation actuelle (décret 96/39) fixe le prix pour chaque kilomètre parcouru à 0,25 DA. Malheureusement, il s'avère que cette réglementation est peu respectée par les opérateurs privés dans plusieurs régions du pays. Pour preuve, l'été dernier, un véritable bras de fer a opposé une semaine durant les opérateurs aux usagers des transports publics de voyageurs à Béjaïa, lesquels, avec des barricades de fortune, ont fermé à la circulation plusieurs routes, exprimant ainsi leur colère contre la décision «injustifiée». Toute la région a failli basculer dans l'émeute n'était-ce l'intervention de la wilaya qui a persuadé les transporteurs de revenir sur leur décision d'augmenter les tarifs des tickets. Cependant, l'issue de pareils conflits n'est pas aussi heureuse dans d'autres wilayas. Récemment, dans la wilaya de Mila, les transporteurs privés activant sur les lignes intercommunales au niveau des villes et villages du nord-ouest de la wilaya ont fait carrément dans la surenchère. Même à Alger, le constat est amer. Et pour cause, dans plusieurs communes de l'Algérois, des citoyens subissent au quotidien le diktat des opérateurs privés du transport. Et la situation est telle que se déplacer à Alger aujourd'hui nécessite un budget conséquent. De leur côté, les transporteurs défendent toujours leurs augmentations. Les raisons avancées s'articulent pour l'essentiel autour de l'affichage, de la cherté des pièces détachées et des lubrifiants, de la vignette et des assurances. Mais, depuis l'épisode de Aïn Témouchent, certains observateurs croient savoir que les spéculateurs se tiendront dorénavant à carreau. Alors vérité ou pure naïveté ? A. S.