Le président russe Vladimir Poutine a affirmé hier au Premier ministre britannique David Cameron «vouloir trouver une solution diplomatique à la crise» en Ukraine, selon un porte-parole de Downing Street s'exprimant après un entretien téléphonique entre les deux dirigeants. «Le président Poutine a reconnu qu'il était dans l'intérêt de nous tous d'avoir une Ukraine stable. Il a dit que la Russie voulait trouver une solution diplomatique à la crise et qu'il discuterait demain (lundi), avec son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, des propositions sur le groupe de contact, dont la création est souhaitée par les Occidentaux», a déclaré une porte-parole du bureau de M. Cameron dans un communiqué. «Le Premier ministre (britannique) a appelé dimanche, le président Poutine pour l'exhorter à réduire la tension en Ukraine et à soutenir la formation d'un groupe de contact qui pourrait conduire à des discussions directes entre les gouvernements russe et ukrainien», a poursuivi la même source. M. Cameron a également insisté sur le fait qu'il voulait - tout comme ses partenaires européens et américains «travailler avec la Russie à une solution diplomatique à la situation en Ukraine, y compris en Crimée», péninsule ukrainienne passée fin février sous le contrôle de facto des forces russes après la chute du président ukrainien pro-russe Victor Ianoukovitch. Le président russe Vladimir Poutine avait estimé, par ailleurs, que les autorités pro-russes de Crimée, qui vont organiser un référendum le 16 mars pour demander le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, sont «légitimes», a annoncé le Kremlin hier. Au cours d'entretiens téléphoniques avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron, M. Poutine a «souligné en particulier que les mesures prises par les autorités légitimes de Crimée étaient basées sur les normes du droit international et visaient à protéger les intérêts légitimes de la population de la péninsule», a précisé le Kremlin dans un communiqué. «Le président russe a aussi attiré l'attention de ses interlocuteurs sur l'absence de toute action des autorités actuelles à Kiev pour limiter les activités d'ultranationalistes et de forces radicales dans la capitale et dans de nombreuses régions», selon le communiqué. La Russie ne cesse de répéter que la situation en Ukraine est hors de contrôle et que la population russophone est la cible de violences depuis la destitution le 22 février du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et l'arrivée au pouvoir de dirigeants pro-européens. L'Occident estime qu'il n'y a aucune preuve de violences et accuse la Russie, dont les forces contrôlent de facto la Crimée, de se livrer à de la propagande. Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, avait qualifié jeudi d' «illégitime» la décision du Parlement de Crimée de demander le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, après une rencontre avec les dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles. M. Iatseniouk a également jugé que le référendum organisé en Crimée le 16 mars n'avait «aucun fondement légal». Le Premier ministre britannique a dit reconnaître «le droit de tous les Ukrainiens à décider de leur avenir», ajoutant que «les élections, actuellement prévues pour fin mai, étaient le moyen de le faire». Une élection présidentielle anticipée a été fixée au 25 mai en Ukraine, mais la Crimée doit organiser le 16 mars un référendum où les électeurs auront le choix entre un rattachement à la Russie ou une autonomie nettement renforcée. La date de ce dernier scrutin a été qualifiée de «ridicule» par le chef de la diplomatie britannique, William Hague. MM. Cameron et Poutine ont également discuté «des défis économiques importants auxquels l'Ukraine doit faire face et ont convenu de la nécessité pour la communauté internationale de lui apporter un soutien financier dans les mois prochains», a conclu Downing Street. R. I.