L'annonce d'un référendum en Crimée qui proposera aux électeurs un rattachement de cette péninsule du sud de l'Ukraine à la Russie, a suscité de vives tensions entre la Russie et les Etats-Unis. Le Parlement local de Crimée a demandé jeudi au président russe, Vladimir Poutine, le rattachement de la péninsule à la Russie et annoncé l'organisation d'un référendum le 16 mars pour le valider. Le Kremlin a aussitôt confirmé que le président russe avait été informé de cette demande. Le Parlement russe a indiqué qu'il respectera le «choix historique» de la Crimée. Ainsi qu'il fallait s'y attendre, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a qualifié jeudi d'«illégitime» la décision du Parlement de Crimée. L'Assemblée de Crimée avait jusqu'à présent prévu l'organisation le 30 mars d'un référendum prévoyant simplement un renforcement de son autonomie. La Crimée, peuplée majoritairement de russophones, est une région d'Ukraine la plus opposante aux nouvelles autorités en place à Kiev après le renversement du président Viktor Ianoukovitch. Le président américain, Barack Obama, a insisté sur l'idée que la Russie agit «en violation de l'intégrité» du territoire ukrainien, lors d'un entretien au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine jeudi, quelques heures après que les Etats-Unis eurent mis en place des restrictions de visas et ouvert la voie à de possibles sanctions en réaction aux agissements de Moscou en Ukraine. «Le président Obama a insisté sur le fait que la Russie agit en violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui nous a conduits à prendre des mesures de représailles, en coordination avec nos partenaires européens», a indiqué la Maison-Blanche après une conversation téléphonique d'une heure entre les deux dirigeants. «Le président Obama a ajouté qu'il est possible de résoudre la situation diplomatiquement, ce qui irait dans le sens des intérêts de la Russie, du peuple ukrainien et de la communauté internationale», a ajouté un communiqué de la Maison-Blanche. Le président américain a une nouvelle fois exposé ses exigences : des «discussions directes, avec l'aide de la communauté internationale» entre la Russie et l'Ukraine, la venue «des observateurs internationaux pour s'assurer que les Ukrainiens sont protégés, y compris la minorité russe», et «le retour des forces russes dans leurs casernes». Le département d'Etat avait fait savoir, plus tôt dans la journée, qu'il mettait en place « des restrictions de visas sur un certain nombre de responsables et d'individus, reflétant ainsi une décision politique» visant à refuser des visas à ceux qui menacent la souveraineté de l'Ukraine. Le président russe a pour sa part déclaré hier au président américain que les relations entre leurs deux pays ne devraient pas être affectées par des désaccords sur l'Ukraine. «Le président de la Russie a rappelé l'importance des relations américano-russes pour assurer la stabilité et la sécurité dans le monde. Ces relations ne devraient pas être sacrifiées par des problèmes internationaux isolés, bien qu'extrêmement importants», a rapporté le Kremlin dans un communiqué. Bref, il faut comprendre par-là que Moscou ne lâchera pas la Crimée malgré les pressions occidentales. Preuve en est, quarante observateurs militaires de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont été bloqués au moment d'entrer dans la péninsule. C'est la seconde fois que cela se produit. Et à l'allure où vont les choses, il n'y aura probablement pas de troisième fois.