Les affrontements intercommunautaires ont éclaté à nouveau jeudi à Ghardaïa et se sont poursuivis toute la journée faisant plus de cent blessés et des dizaines d'habitations et de locaux commerciaux incendiés. La trêve fragile observée depuis le début de l'application du plan gouvernemental, a vraisemblablement montré ses limites. Les violences ont éclaté, à nouveau, dans la soirée de mercredi, rapporte l'Algérie presse service (APS), entre des groupes de jeunes des quartiers Hadj Messaoud et Ksar Mélika, avant de s'étendre aux quartiers de Sidi Abbaz, aux carrefours de Bounoura et Merakchi et à Theniet El Makhzen, et par la suite à Salem Ouaissa. Hier, affirment des témoins sur place, les affrontements se sont généralisés poussant les femmes, enfants et vieux à fuir. Les affrontements ont été émaillés par des jets de cocktails Molotov et divers projectiles, lancés à partir des terrasses des maisons par ces jeunes, qui s'accusent mutuellement, d'être responsables de ces affrontements déclenchés sans raison apparente. Du mobilier urbain, des murs de cimetières et des véhicules ont été également visés par ces actes de vandalisme, commis par des groupes de jeunes non identifiés, selon de nombreux témoins interrogés par l'APS. La mobilisation d'un important dispositif des forces anti-émeutes de la police, appuyées par des unités d'intervention de la Gendarmerie nationale, a été redéployé dans les différents quartiers «chauds» de la ville, n'a pas réussi à faire cesser les heurts et ramener le calme et la quiétude dans la région. Hier les magasins avaient baissé de peur d'agression et d'actes de vandalisme et de pillage. Cette situation dangereuse perdure depuis décembre avec une trêve fragile depuis ce début du mois de mars. Les heurts entre ces deux communautés avaient alors fait quatre morts et plus de 200 blessés. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait reçu dans ce cadre, début janvier dernier, une délégation de citoyens représentant les communautés Ibadite et Malékite de Ghardaïa afin de mettre fin aux tensions qu'a connues cette wilaya. A l'issue de cette rencontre, plusieurs décisions ont été prises afin de permettre le retour à la normale à Ghardaïa, notamment la création, au niveau des communes touchées, d'un conseil de sages, un «espace d'arbitrage et de conciliation» sur la base de la «coexistence harmonieuse et pacifique» ancestrale qui prévalait dans cette wilaya. Aujourd'hui, il est clair que les mesures prises si elles ne s'avèrent pas inefficientes, restent néanmoins insuffisantes. La situation est tellement dangereuse dans cette région sensible du pays qu'il faut prendre urgemment des décisions susceptibles d'apporter le calme et la sérénité aux habitants d'une région qui a longtemps été le symbole de l'harmonie et la quiétude pour le reste du pays. M. N.