En juin dernier, la nouvelle loi sur le sport était promulguée et adoptée par les deux chambres du Parlement. Le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) a pris trois axes fondamentaux lors de l'établissement de ce texte législatif. La formation, la lutte anti-dopage et la réduction de la violence sont les réelles lacunes qui entravent le développement d'un mouvement sportif à la dérive. Ce projet, en voie de finalisation, devrait permettre à l'Algérie des sports de faire ce bond en avant tant attendu : «Les textes d'application sont en phase de finalisation. Il ne reste que quelques textes à enrichir en ateliers. Les textes seront ensuite soumis pour approbation par les services compétents», a déclaré M. Tahmi, ministre de la Jeunesse et des Sports, à l'occasion de l'ouverture de la journée d'études qui s'est tenue le 22 février dernier à l'Office du complexe olympique Mohamed-Boudiaf. Selon le premier responsable du sport en Algérie, «le gros des problèmes du sport algérien ces dernières années est lié, directement ou indirectement, à l'organisation et la gestion des clubs professionnels et amateurs.» Cette «mutation» que connaît aujourd'hui le secteur des sports, en particulier le développement du sport professionnel, l'importance des ressources tirées des droits de télévision et du sponsoring, l'émergence des acteurs privés dans le sport de haut niveau et l'internationalisation des enjeux conduisent en effet à s'interroger sur le rôle de l'Etat dans le financement du sport et sur les adaptations qui doivent être apportées à ce nouveau modèle d'organisation du sport pour en préserver les atouts essentiels. Partant du constat de la forte implication de l'Etat dans l'organisation et le financement du sport national, et de l'imbrication des responsabilités des services du MJS avec celles des fédérations sportives, dont la plupart ont connu une gestion approximative dernièrement, engendrant les résultats dont tout le monde a été témoin. Le ministère a donc décidé de passer au peigne fin l'organisation et le fonctionnement du «modèle» sportif algérien, ainsi que l'efficience et l'efficacité d'une politique d'intervention à laquelle il consacre d'importantes sommes sur le plan financier. Les «anomalies» constatées disent que la revalorisation du sport en Algérie s'annonce délicate et prendrait beaucoup de temps. À titre d'exemple, même s'il y a une instance (FAF) autonome et indépendante, financièrement parlant, le football vivra encore des subventions de l'Etat et le cordon ne sera pas coupé «jusqu'en 2018», selon M. Tahmi. La Fédération algérienne reste le modèle numéro 1 en termes de gestion et du rapport dépenses-bénéfices. À contrario, la professionnalisation du jeu à onze constitue une véritable préoccupation. C'est pour cette raison que l'homme fort de la bâtisse du 1er Mai a multiplié les rencontres avec les différents acteurs du sport roi ces derniers temps. Le foot, mais pas que ça Le MJS n'entend pas intervenir directement dans le sport professionnel, mais semble vouloir jouer un rôle de régulateur juridique et économique. Ainsi, les dispositions de l'amendement de la loi 13/05, relative à l'organisation et au développement des activités physiques et sportives, prévoit une procédure d'agrément ministériel des centres de formation des clubs professionnels. Un énorme chantier qu'est l' «opération professionnalisation», mais le ministère pourrait compter sur ce paramètre et non des moindres : l'autonomie de la fédération présidée par Mohamed Raouraoua. Cette indépendance financière permet aujourd'hui à la FAF d'avoir une plus grande souplesse d'exécution dans ses prises d'initiatives et d'actions. Il est vrai que la balle ronde captive toute l'attention parce que c'est la discipline la plus pratiquée et la plus en vue au pays à en devenir la vitrine. Cependant, M. Tahmi, en sa qualité d'ancien président de la FAHB, insiste sur le fait qu'à travers cette nouvelle loi sur le sport, l'Etat aspire à consolider le mouvement sportif en Algérie en confortant le mode d'organisation du sport et adaptant toutes les disciplines aux évolutions environnementales sur les plans économique et social comme ça se passe partout dans le monde. M. Tahmi, lors des rencontres, a toujours invité l'ensemble des acteurs du sport algérien pour prouver que cette nouvelle loi englobe l'ensemble de la famille sportive algérienne comme il le martèle souvent : «Faire participer l'ensemble des acteurs actifs du mouvement sportif national dans le processus de développement du sport algérien fait partie de notre vision des choses. Nous voulons mettre en place les bases qui permettront au sport algérien de démarrer sur une assise solide tournée vers l'avenir et portant les germes d'un véritable renouveau, qui permettra son véritable essor. Nous faisons du développement du sport notre cheval de bataille.» La jeunesse, ce pilier solide et irremplaçable Les intentions sont là, les gros moyens financiers aussi. Soixante-treize (73) milliards de dinars! C'est l'enveloppe que l'Etat a réservée pour cristalliser son programme de relance qui viendra donner de l'allure à la carte sportive nationale mise en place par le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS). Une coquette somme destinée à mettre sur pieds les différents établissements nécessaires pour aider le mouvement sportif national à franchir un nouveau palier. Les stades de football, les pistes d'athlétisme, les piscines, mais aussi une maison des fédérations auront la part de lion de cette «injection» qui promet un avenir bien meilleur à un sport national en voie de reconstruction. Tout raser et repartir à zéro, mais en gardant les fondamentaux. Tout part d'une graine qu'on plante, entretenue en attendant qu'elle fleurisse dans un environnement adéquat bien sûr. La graine c'est les jeunes, l'entretien est l'encadrement quant à l'environnement adéquat c'est les moyens et la bonne gouvernance qui permettent au sportif de s'exprimer pleinement et démontrer tout son talent. Pour ces raisons, la formation représente un pilier solide. M. Tahmi, conscient qu'il faut travailler avec un encadrement sportif permanent, a décidé de lancer un programme de formation pour ce secteur en plus du sport scolaire. Ce dernier représente une véritable pépinière de l'élite sportive nationale et sera soutenu à travers les différents programmes de développement qui touchent à la revalorisation du sport d'élite. Car l'élite de demain, c'est les jeunes d'aujourd'hui. Les Empires et les dynasties sportives ont toujours reposé sur cette solide base qu'est la jeunesse. Un gisement inépuisable et renouvelable qui garantit la pérennité. Cela dit, ce réservoir doit être bien exploité afin de mettre en valeur tout ce qui s'en dégage. Les intentions sont là et sont illustrées par cette envie de bien faire, mais qui dépend de beaucoup de paramètres. Les fruits ne seront pas cueillis dès demain certes. Mais le futur (proche ou lointain ?) s'annoncerait meilleur. Wait and see. M. T.