Dans quelques années, la wilaya de Jijel deviendra l'un des pôles industriels les plus importants du pays. Les pouvoirs publics avec le concours des autorités locales s'attellent depuis des mois à mettre en œuvre les différents projets, dont la plupart à caractère industriel aux retombées positives sur la population locale. De la modernisation du port de Djendjen (et la réalisation d'un terminal à conteneurs) à la réalisation d'une pénétrante autoroutière pour le relier à l'autoroute Est-Ouest, en passant par la construction d'une voie ferrée entre ledit port et El Eulma à Sétif (projet inscrit au profit de l'Anesrif), les projets sont multiples. Ces derniers sont inscrits suite notamment à la «réactivation» de la zone industrielle de Bellara (50 km de Jijel). Initialement destiné à recevoir un complexe sidérurgique, le site, après l'abandon de ce projet au début des années 90, a été retenu pour abriter une zone franche à vocation industrielle. Plusieurs projets ont été prévus sur cette zone, qui intéresse de plus en plus de groupes industriels étrangers. Même si l'implantation de l'usine de montage des véhicules Renault en Algérie est finalement à Oran (Oued Tlelat), alors qu'initialement elle était prévue dans cette zone, le choix du site de Bellara pour d'autres projets industriels d'envergure régionale et continentale renforce l'option d'un pôle intégré, le modèle d'investissement de Renault au nord du Maroc. En effet, le site de l'usine marocaine de Meloussa s'est appuyé sur la proximité du terminal de Tanger Med. Pour le cas de l'Algérie, cette zone industrielle est conçue pour être en connexion avec le port de Djendjen. «La zone industrielle de Bellara, qui est le second pôle économique, va recevoir au moins deux complexes sidérurgiques : l'un avec les qataris (il a déjà franchi toutes les étapes administratives et donné lieu à la création de la société mixte Qatar Steel-Sider), le second, actuellement au stade de projet, aura pour activité la production de la matière première pour le premier et les autres aciéries du pays. En attendant le lancement du complexe sidérurgique algéro-qatari, le groupe Sonelgaz est en train de réaliser dans la zone de Bellara une centrale électrique de 1 600 mégawatts destinée à alimenter la zone en énergie et à renforcer le réseau national d'électricité par interconnexion», nous a expliqué Ali Bedrici, wali de Jijel, joint hier par téléphone. Il est utile d'indiquer que le projet avec les qataris, dont le coût global est estimé à 134 milliards de DA, soit près de 1,7 milliard de dollars, produira, dans sa première phase (à partir de 2017), pas moins de 2 millions de tonnes d'aciers par an avant de passer à 4 millions de tonnes en 2019. Ceci dans le souci de répondre aux besoins du marché national en rond à béton et autres aciers. Ce futur pôle industriel aura un impact positif sur toute la wilaya. En effet, la première phase du projet permettra la création de près de 2 000 emplois directs. Port Djendjen-zone Bellara : un «tandem» gagnant Pour les autorités locales, l'approche développée par les pouvoirs publics pour le développement tous azimuts de cette wilaya est des plus judicieuses. En effet, en sus des projets industriels qui seront réalisés sur le site de Bellara, faire de Djendjen un port aux standards internationaux ne peut que servir positivement l'activité industrielle de la zone. «Le port de Djendjen a, dès le départ, été conçu pour deux objectifs : approvisionner en matières premières et évacuer la production du fameux complexe sidérurgique prévu dans les années 70 à Bellara. Il garde cette vocation avec le projet algéro-qatari qui sera bientôt lancé dans cette zone industrielle», nous a expliqué le wali de Jijel. Pour la même source, l'autre objectif assigné à Djendjen est celui d'en faire un port méditerrano-africain. «Par lui ( le port Ndlr) transiteront les marchandises destinées à plusieurs pays d'Afrique noire et ce à travers le nouveau réseau autoroutier, y compris les pénétrantes, les rocades et la Transsaharienne. C'est pour ces raisons que ce port a bénéficié d'importants projets, comme les ouvrages de protection et le terminal à conteneurs Ces deux projets ont été confiés à Dewoo Construction, entreprise sud-coréenne. A eux deux, ils frôlent les 30 milliards de DA», selon le premier magistrat de cette wilaya. Des projets aux retombées socio-économiques pour la wilaya Pour M Bedrici, l'impact direct sur la modernisation des infrastructures de base et des chemins de fer est certain. «Il est prévu le dédoublement et l'électrification de la voie ferrée Jijel-Constantine avec une bretelle sur la zone de Bellara, ainsi que la réalisation d'une nouvelle voie ferrée entre Jijel et Sétif, parallèlement à la pénétrante autoroutière. Ces deux projets ont été confiés par le Ministère des Transports à l'Anesrif», nous dit-il. Et d'ajouter que l'autre projet structurant est la pénétrante autoroutière qui doit relier le port de Djendjen à l'autoroute Est-Ouest au niveau de l'échangeur d'El Eulma sur 110 km. «Ce projet, confié à un groupement d'entreprises algéro-italien, est actuellement en cours de réalisation», explique la même source. Par ailleurs, l'autre impact direct de ces grands projets est de permettre la création de milliers d'emplois en phase de réalisation et d'exploitation. «Naturellement, le boom économique que connaîtra la wilaya de Jijel avec la réalisation de ces grands projets aura des effets induits sur le tourisme, l'urbanisation, le développement des PME-PMI etc...L'ouverture de la wilaya par rail et par route va attirer les touristes et les investisseurs, d'où la nécessité de réaliser des infrastructures hôtelières et des zones d'activités qui vont générer de l'emploi», selon notre interlocuteur. «En résumé, tous ces projets vont induire une forte croissance économique dans la wilaya de Jijel qui va jouer un grand rôle dans l'économie régionale et nationale, au grand bonheur des milliers de demandeurs d'emploi qui trouveront du travail», a-t-il conclu. S. B.