El Maamora ou El Maemora est une petite commune de quelque 7 000 habitants. C'est plus un gros bourg qu'une petite ville de la wilaya de Saïda, qui n'a pour toute ressource que ses richesses agropastorales. El Maamora n'est sur aucun carnet de rendez-vous culturel. Pas un festival n'y a délocalisé un spectacle. La petite ville est au cœur de «no culture-land». Et elle n'a pas les moyens matériels et infrastructurels de ses grandes sœurs, de la wilaya et du pays, pour initier, organiser ou accueillir de gros événements culturels. Mais cela ne veut pas pour autant dire que les Maamoris sont hermétiques à toute culture et qu'ils refusent de voir les arts se balader dans leurs rues. Bien au contraire. Avec le peu qu'ils ont, en termes matériels, ils essayent tout de même d'aménager une place pour la culture dans leur village. Le groupe de scouts Belhemidi Taher et l'association de l'environnement de la commune El Maemora Saïda ont ainsi joint leurs efforts pour organiser, en collaboration avec l'association El Basma des arts plastiques de Sidi Bel Abbès, pour organiser, du 24 au 30 mars, «Les ateliers des arts plastiques du jeune artiste». 9 plasticiens dont un photographe et vidéaste - qui ne font pas partie de ces artistes médiatiques et médiatisés évoluant sur les scènes des grandes villes-ont répondu à l'invitation des organisateurs pour l'animation des ateliers et l'encadrement des Maamoris. «Ces ateliers sont une première à Maemora. Ils vont durer une semaine, avec comme but d'encourager et d'initier les enfants à l'art et l'amour du beau, afin de leur offrir un moyen de mieux utiliser leur énergie et de les éloigner de la violence. Les enfants qui vont participer à ces ateliers sont issus de quartiers pauvres et de familles défavorisées. Ce sont des enfants qui n'ont, habituellement, pas accès à la culture. Grâce à ces ateliers, les enfants vont profiter d'un contact entre générations, très important dans la transmission du savoir et de la vocation artistique. Encadrés par des artistes professionnels, dont plusieurs sont des professeurs d'éducation artistique, ils vont apprendre à s'exprimer avec la peinture et les crayons de couleur, à travailler autour d'une table dans une ambiance de camaraderie», indiquent les organisateurs dans le mail de présentation de la manifestation. Le programme est diversifié, de manière à ne pas lasser les enfants. Ainsi, une kheima sera installée et servira de lieu de rendez-vous et de détente. Des ateliers seront également organisés en plein air, ce qui permettra aux enfants de ne pas se sentir confinés. Le village s'ornera aussi d'une fresque consacrée au thème de l'environnement qu'exécuteront les artistes alors que les enfants se chargeront de planter des arbres. Quant à El Basma, elle a ramené dans ses bagages deux documentaires sur le premier et deuxième salon d'art plastique pour enfants (2003 et 2004) que l'association a organisés et qui seront projetés à El Maamora. Très active depuis de nombreuses années, et soutenue par la direction de la culture de Sidi Bel Abbès, l'association El Basma des arts plastiques organise tout au long de l'année des rencontres artistiques, des expositions individuelles et collectives, des hommages... L'association s'implique également dans la gestion d'une salle d'éducation artistique à la Maison de culture Kateb-Yacine de Sidi Bel Abbès. La salle est équipée de tables spécialement étudiées pour le dessin des enfants, ainsi que de chevalets, matériel de peinture... mis à la disposition des jeunes désireux d'apprendre le dessin et la peinture. Chaque année, les enfants produisent de nombreux dessins et peintures qui sont encadrés et exposés dans la galerie de la maison de culture afin d'encourager leurs auteurs et de montrer aux visiteurs la créativité et l'imagination des enfants. El Maamora et l'action des associations ne sont-il pas un exemple pour toutes les communes d'Algérie et une leçon à méditer pour tous les responsables de la culture ? H. G.