La relance économique est assurément le premier et grand défi auquel devra s'atteler le président de la République dès l'amorce de son quatrième mandat, l'économie étant la locomotive du développement et le moteur de la croissance. Des avancées ont certes été enregistrées dans différents secteurs économiques, mais il reste encore beaucoup à faire en termes de visibilité économique, environnement des entreprises, mécanismes de gestion, politique d'investissement... Le chef de l'Etat en fait d'ailleurs le constat dans son programme en résumant la démarche à adopter par la nécessité d'instaurer la bonne gouvernance économique et d'entreprise pour la relance économique, l'objectif étant de «construire une économie émergente», avec une croissance inclusive qui bénéficiera aux populations et contribuera à l'édification d'un développement durable équitable. Dans cette perspective, il est prévu le parachèvement du cadre législatif, réglementaire et organisationnel des gestions monétaire, budgétaire, fiscale et douanière, ce qui impactera l'activité économique. Cette action devrait être soutenue par l'amélioration de l'environnement économique des entreprises et la facilitation des opérations d'investissement, qui se posent actuellement comme un véritable frein pour les opérateurs économiques, nationaux et étrangers. À ce propos, l'engagement est pris que l'Etat «s'attachera à lever les contraintes qui entravent une croissance forte et soutenue à travers l'amélioration de l'environnement de l'investissement au triple plan des procédures, des délais et des coûts, ainsi qu'en mettant en œuvre des politiques rénovées de promotion de l'entreprise». À cet effet, «une place centrale reviendra à la création et au développement de l'entreprise, à la promotion des capacités managériales, ainsi qu'au soutien à la recherche-développement (R&D) et à l'innovation», soutient-on. Reste à savoir quand ce grand chantier sera lancé, avec quelle équipe et le temps qu'il durera. Car, il est question d'embrayer sur la réindustrialisation du pays avec l'objectif d'une densification du tissu économique qui aboutira à l'accroissement de la richesse, laquelle permettra d'élargir et diversifier l'offre d'emplois, contribuant ainsi à réduire le chômage. Or qui dit réindustrialisation, dit création et/ou relance d'entreprises, laquelle dépend de l'aboutissement du grand chantier cité précédemment. Aucune structuration ou restructuration ne peut être engagée si on n'a pas auparavant garanti aux investisseurs un climat d'affaires adéquat et aux opérateurs économiques un environnement propice, ce qui implique la levée de tous les freins bureaucratiques et blocages administratifs ainsi que la réduction, si ce n'est l'éradication, de la sphère économique informelle. Evidemment, les actions et mesures qui seront lancées dans la perspective de la relance économique devront s'étendre à tous les secteurs d'activités, avec une attention pour l'agriculture et la PME. Des facilitations des procédures de création et des soutiens aux plans de développement des PME sont au programme. Mais la survie et la vitalité d'une entreprise, quel que soit son volume, dépend aussi de la compétence de ses dirigeants et de leur capacité à élaborer et mettre en place une stratégie de management. Et c'est là que le bât blesse : les managers sont une denrée rare dans le monde entrepreneurial, public comme privé. On a des patrons, des P-dg, des hauts cadres, des présidents de directoires, mais peu de véritables capitaines d'industrie. Pour l'agriculture, comme pour l'industrie, il est question d'exploiter tout le potentiel existant en augmentant la superficie agricole utile (SAU) d'un million d'hectares supplémentaires grâce à la valorisation de nouvelles superficies, notamment dans les Hauts-Plateaux et le Sud. Il est également prévu de doubler les superficies irriguées pour atteindre, à l'horizon 2019, 25% des terres cultivées. «Le soutien public portera aussi sur la bataille des rendements. Dans ce cadre, la recherche agronomique bénéficiera de moyens additionnels et sera orientée vers le développement de variétés et espèces à rendement élevé. En outre, la vulgarisation agricole sera systématisée, de même que le soutien à la production sera renforcé. Il s'agit d'augmenter la productivité dans les filières stratégiques que sont les céréales, les viandes rouges, les laitages et les légumes secs. Le concours financier de l'Etat au développement agricole et rural, actuellement de 200 milliards de dinars par année, sera porté à 300 milliards de dinars par année pour le nouveau programme quinquennal», lit-on. Mais l'expérience nous a montré qu'entre un texte et sa concrétisation sur le terrain, il y a des hommes, toute une chaîne de responsabilités, qui peuvent aussi bien construire que saborder. À ce titre, les résultats dépendront avant tout du choix des hommes auxquels seront confiés les projets, les entreprises ou les politiques sectorielles. Car, toutes les formules, schémas et stratégies à adopter pour tel résultat ou tel objectif ont déjà été élaborés, appliqués et éprouvés ailleurs, dans d'autres pays et il ne s'agit que de les copier et les adapter aux caractéristiques de l'économie nationale, en tirant les leçons de nos échecs et réalisations précédentes, et ceux des autres. Mais, la plus prometteuse politique peut produire les résultats les plus catastrophiques par la grâce des hommes. L'économie algérienne en a fait l'amère expérience plus d'une fois. H. G.