Le programme de Bouteflika «vise à bâtir une économie émergente» puisque le pays est aujourd'hui totalement désendetté, connaît un taux de croissance hors hydrocarbures de plus de 7% et dispose d'infrastructures de base à même de lui permettre d'atteindre ce but. Une économie totalement indépendante des hydrocarbures, à travers la valorisation des ressources humaines, de la connaissance et de la technologie. L'enjeu aujourd'hui pour le Président sortant est de donner un coup d'accélérateur au développement économique du pays et consolider sa base productive. L'Algérie, qui compte actuellement 92 universités et plus de 1,4 million d'étudiants, veut continuer à investir dans les ressources humaines, la connaissance et la technologie. D'où la nécessité «de créer une synergie entre l'université, la formation professionnelle et l'entreprise pour permettre à l'économie nationale de s'ancrer définitivement dans l'économie mondiale». Il s'agira aussi, selon le directeur de campagne de Bouteflika, de réviser la loi relative à l'investissement. «L'acte d'investir doit être économique et non pas administratif et pour ce faire il faut lutter sans relâche contre la bureaucratie», avait-t-il dit lors de sa rencontre avec le Forum des chefs d'entreprise (FCE) où il a révélé le programme économique du candidat dont il fait la promotion. Bouteflika : renforcer la stabilité économique Le programme du candidat Bouteflika vise à renforcer la stabilité économique. Son directeur de campagne avait rappelé la signature lors de la dernière tripartite (gouvernement-patronat-Ugta) du pacte économique, sans remettre en cause la dimension sociale de l'Etat algérien et «loin de tout libéralisme sauvage». Il rappellera que les crédits à l'économie ont atteint durant l'année écoulée 2 432 milliards de dinars. Pour ce qui concerne les résultats obtenus par l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej), cette expérience est jugée «réussie» avec un taux de remboursement des crédits qui dépassait les 72%. À l'avenir, il sera procédé au développement d'un dispositif qui se rapproche de celui de l'Ansej afin d'aider les jeunes diplômés à créer des start-up pour contribuer au développement du pays et à la création de postes d'emploi. «Les programmes lancés pour relever les défis du développement à travers la diversification des capacités productives de notre pays et la création d'emplois dans le cadre d'une stratégie de développement durable, inclusif et équitable seront intensifiés», peut on lire sur le document de la campagne électorale. Une place centrale reviendra «à la création et au développement de l'entreprise, à la promotion des capacités managériales, ainsi qu'au soutien à la recherche développement et à l'innovation. La stratégie de développement s'attachera à lever les contraintes qui entravent une croissance forte et soutenue à travers l'amélioration de l'environnement de l'investissement au triple plan des procédures, des délais et des coûts, ainsi qu'en mettant en œuvre des politiques rénovées de promotion de l'entreprise». Le souci constant de la démarche sera d'inscrire le développement économique dans une perspective «de protection des acquis sociaux du peuple et de renforcement de la solidarité nationale et de la cohésion sociale». Une politique vigoureuse de réindustrialisation du pays sera engagée, «en tant qu'enjeu majeur pour la transformation structurelle de l'économie algérienne, la densification du tissu économique, et l'accroissement de la richesse et l'offre d'emplois». Elle se déploiera, entre autres, sur le lancement et la promotion d'un processus de création d'activités économiques fondées sur le savoir, pour être au rendez-vous des défis du futur. Un programme d'aide spécifique sera dédié aux start-up montées par des jeunes diplômés. Volet agriculture, Bouteflika s'engage au développement agricole et rural pour la souveraineté alimentaire. «Il s'agit pour notre pays de redoubler d'efforts pour assurer la couverture des besoins alimentaires de base par la production nationale et d'assurer la promotion du monde rural. Le concours financier de l'Etat au développement agricole et rural, actuellement de 200 milliards de dinars par année, sera porté à 300 milliards de dinars par année pour le nouveau programme quinquennal 2015-2019». Le secteur vital de l'énergie n'est pas en reste dans le programme de Bouteflika qui compte intensifier l'effort national dans ce domaine, en développant entre autres les énergies nouvelles et renouvelables et en assurant la transition vers une économie verte. Benflis : transformer le modèle de développement économique Pour sa part, Ali Benflis, l'autre candidat libre, estime nécessaire de transformer le modèle algérien de développement économique, d'avoir une vision d'une économie diversifiée portée par un Etat stratège, régulateur, ouvert et pragmatique. Pour lui, «il est impératif de mettre en place une stratégie nationale de développement qui repose sur la libéralisation des initiatives pour développer les entreprises et créer des emplois, et ce, en améliorant, entres autres, l'environnement de l'entreprise et de l'investissement, en modernisant le secteur bancaire et financier, en levant la contrainte d'accès au foncier industriel et commercial, en engageant une grande réforme fiscale et budgétaire, et en encourageant la formalisation de l'économie». Ceci, en plus de réindustrialiser le tissu économique pour qu'il réponde à la demande nationale et s'insère dans la compétition mondiale, et moderniser l'Etat et les institutions pour une réforme de la gouvernance économique. Le projet économique de Benflis «est le début d'un renouveau fait d'opportunités nouvelles, de croissance, d'offres d'emplois et de vraies carrières pour les jeunes. Il est également un gage de confiance retrouvée entre l'Etat et les opérateurs économiques et dans lequel l'entreprise sera le moteur de la diversification, de la création d'emplois et de la sortie de la rente. Ce projet est destiné également à nous protéger des difficultés économiques qui menacent toujours une économie excessivement dépendante de l'étranger». Ce nouveau modèle de croissance «ne pourra s'appuyer que sur le capital physique qu'investiront les entreprises, le capital humain qui contribue à la création de richesse, et la croissance de la productivité et de l'efficacité de notre tissu économique, que génèrent la concurrence et le développement technologique». «Le secteur privé demeure le parent pauvre de notre économie», estime Benflis, alors qu'il est par essence «le moteur du développement et de la croissance». Le dépassement de l'économie de rente «suppose également que soit dynamisée la création d'entreprises pour que notre croissance soit de plus en plus portée par des sources de création de richesses reproductibles, le capital et le savoir». Concrètement, le programme économique proposé par Benflis pour les cinq prochaines années vise à atteindre à l'horizon 2019 dix objectifs clairs et mesurables. Il s'agit d'atteindre entre autres un taux de croissance hors hydrocarbures de 7% en moyenne à partir de 2017, de porter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut au minimum à 15% à l'horizon 2019, d'accroitre nos exportations hors hydrocarbures afin qu'elles atteignent au minimum la barre des 5 milliards de dollars en 2019, de doubler, d'ici 2019, le taux annuel de création d'entreprises, d'augmenter la part de la fiscalité non pétrolière dans le budget de l'Etat à 50% d'ici 2019, de hisser l'Algérie au rang des 5 pays les plus attractifs du bassin méditerranéen et des 50 pays les plus attractifs au niveau mondial en termes de climat des affaires, coût des facteurs, d'infrastructures et de fiscalité. Ajouté à cela l'ambition de porter le volume annuel des investissements directs étrangers, hors secteurs énergétiques et infrastructures, au minimum, à 1 milliard de dollars en moyenne à partir de 2017, d'augmenter de 50% au moins la part des crédits bancaires aux PME à l'horizon 2019, de doubler le taux de création d'emplois dans l'industrie et les services, et réduire le taux de chômage des jeunes diplômés à 15% en 2019, notamment celui des femmes. Hanoune : priorité à la préférence nationale De son côté, la seule femme à cette élection présidentielle, Louisa Hanoune, promet de mettre en avant les propositions et positions défendues jusque-là dont notamment la constitutionnalisation de la règle 51/49 se référant à la préférence nationale, la suspension ou l'abrogation d'accords conclus par l'Algérie avec des parties tierces et qui ne l'avantagent pas. Il s'agira entres autres de l'annulation des accords conclus avec l'Union européenne (UE), l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Zone arabe de libre échange (Zale). Les droits au logement, à l'emploi, à la formation, sont contenus dans le programme électoral de Mme Hanoune, de même que la question du développement économique lequel est appelé à devenir «harmonieux» et «équitable» pour toutes les régions du pays. B. A.