Réélu le 17 avril dernier pour un quatrième mandat, le président Abdelaziz Bouteflika a prêté serment hier lors d'une cérémonie officielle au Palais des Nations en présence d'un nombre important d'invités. En plus de nombreux invités : ministres, parlementaires, diplomates, chefs militaires, hauts cadres de l'Etat et artistes. La présence à cette cérémonie, entre autres, du patron de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, du président de la Commission des droits de l'Homme, Me Ksentini, du patron de l'Etrhb, Ali Haddad ou encore du chanteur de raï Cheb Khaled, a été des plus remarquée. Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs et Abdelaziz Belaïd sont les deux seuls rivaux d'Abdelaziz Bouteflika à l'élection présidentielle du 17 avril dernier, qui ont répondu favorablement à l'invitation. Les premiers responsables du RND, du FLN, et du FC (front du changement de Abdelmadjid Menasra) ont également honoré la cérémonie d'investiture. C'est vers 10h30 que le président de la République est arrivé au Palais des Nations. Avant de prêter serment, le président a salué le drapeau national et a passé en revue un détachement de la Garde républicaine et des trois corps de l'Armée nationale populaire (ANP), qui lui rendaient les honneurs. Dans les couloirs du palais, il a été accueilli par le président du Conseil constitutionnel Mourad Medelci, le chef d'état-major, Gaïd Salah, ainsi que des membres du gouvernement, son chef de Cabinet, Ahmed Ouyahia, et son représentant personnel Abdelaziz Belkhadem. Ces deux derniers prendront place juste à côté d'Abdelmalek Sellal, l'ex-Premier ministre et le directeur de campagne du président, qui est arrivé d'ailleurs en même temps que le cortège présidentiel. Dans la salle, Abdelaziz Bouteflika a été accueilli par une salve de youyous et d'applaudissements. Même si une certaine fatigue se laissait ressentir, le chef de l'Etat a réussi, la main droite sur le Coran, à répéter le texte du serment lu par le président de la Cour suprême, Slimane Boudi. Après la prestation du serment qui intervient conformément à l'article 75 de la Constitution, le chef de l'Etat a lu une partie du discours, distribué aux invités, dans laquelle il a remercié tous ceux qui ont participé au succès du scrutin présidentiel. Dans le reste du discours distribué, le président de la République a tenu à «confirmer dès ce jour ces engagements, étant entendu que j'ai l'occasion, dans les semaines et les mois à venir, de revenir sur chacun d'entre eux dans le détail». Il annoncera que son premier engagement est la préservation de la stabilité du pays et à ce propos il lance encore une fois un appel aux «égarés» : «La main de l'Algérie demeure tendue à ses enfants égarés que j'appelle de nouveau à revenir dans leurs foyers.» Il ne manquera cependant pas d'avertir que «la loi sanctionnera tout acte terroriste». Evoquant la sous-région, Abdelaziz Bouteflika rappellera que l'Algérie reste fidèle à son credo de non-ingérence et demeure solidaire pour la stabilité de ses voisins. Convaincu de la loyauté de l'ANP et des services de sécurité pour protéger le pays de toute tentative subversive, le président réélu lance cependant un appel «à tous nos compatriotes à l'effet de placer l'intérêt national au dessus de toutes divergences ou différences politiques». Car, pour Abdelaziz Bouteflika, ni démocratie, ni développement, ni aucune autre ambition ne pourra être concrétisée sans «une entente nationale forte». Et dans l'optique de renforcer l'entente, le Président annonce sous peu «le chantier des réformes politiques qui aboutira à une révision constitutionnelle consensuelle», où toutes les forces politiques et les principales représentations de la société civile ainsi que les personnalités nationales seront conviées à s'associer à cette entreprise. Déflorant les grandes lignes de cette révision dans son discours, le président écrit «la loi fondamentale sera notamment destinée au renforcement de la séparation des pouvoirs, à conforter l'indépendance de la justice et le rôle du parlement, à l'affirmation de la place et des droits de l'opposition et à garantir davantage les doits et libertés des citoyens». Le Président annonce également l'ouverture d'autres chantiers pour améliorer la gouvernance, faire reculer la bureaucratie, promouvoir une décentralisation appuyée sur une démocratie participative... Le discours d'Abdelaziz Bouteflika évoquera également, le volet économique et abordera le rôle et les relations de l'Algérie avec la communauté internationale ainsi que la priorité de la construction du Maghreb arabe. Il est enfin question d'un appel du chef de l'Etat pour les citoyens «par delà vos obédiences partisanes ou politiques que je lance un appel pour m'aider à servir notre patrie». H. Y.