«Il est d'une extrême importance de rappeler que le président de la République n'a posé aucune limite préalable au projet de révision constitutionnelle, hormis celles relatives aux constantes nationales et aux valeurs et principes fondateurs de la société algérienne [...]. La révision constitutionnelle projetée sera menée à son terme suivant une démarche qui se veut résolument participative, fondée sur une concertation ouverte aux forces politiques, aux principales représentations de la société civile ainsi qu'aux personnalités nationales. Cette concertation conduira à l'élaboration d'un texte consensuel qui sera soumis, au regard de son contenu, à la procédure de révision constitutionnelle appropriée.» Par ces trois phrases qui concluent la «Présentation générale des propositions d'amendements pour la révision constitutionnelle» adressée aux acteurs politiques invités à cette concertation, la présidence de la République aura répondu à tous les procès d'intention quant à son intention de se tailler une Constitution à sa convenance. De plus, le document soumis au débat est clairement défini comme n'étant que des «propositions d'amendements», donc discutables, révocables et aptes à être enrichies. Autrement dit, rien n'empêche les parties qui accepteront de participer aux concertations de proposer la création d'un poste de vice-président, l'adoption d'un régime parlementaire,l'institutionnalisation de tamazight comme langue officielle, la suppression du Conseil de la nation ou tout autre disposition... même la plus aberrante ! Et pour lever tout doute sur la transparence de la procédure de révision constitutionnelle, le document comme l'invitation adressée aux partis, associations et personnalités sont mis en ligne sur le site web de la présidence, et engagement est pris que toutes les interventions et propositions faites, seront également rendues publiques. Avec une telle démarche qui peut honnêtement soutenir, à ce stade, qu'il y a anguille sous roche, que le jeu est fermé ou que l'affaire est pliée, à moins de pousser la mauvaise foi jusqu'à poser des présomptions comme des certitudes que le pouvoir manœuvre pour se doter d'une loi fondamentale qui l'agrée? Le plus paradoxal et dramatique c'est d'entendre ceux qui rejettent la concertation, parler de consensus, de nécessité d'élargir le dialogue, voire «d'associer le peuple à la démarche de révision de la Constitution», pour que cette dernière ne soit pas «l'œuvre d'une minorité», mais sans s'impliquer pour qu'elle ne soit justement pas le produit d'une minorité ou qu'elle soit soumise à l'appréciation du peuple. Au lieu d'assumer leurs responsabilités politiques en apportant le plus qu'ils ont au débat, quitte à partir et dénoncer la manœuvre s'il s'avère que le pouvoir tente encore une fois de manipuler tout le monde, ces partis ne font rien d'autre que jeter le bébé avec l'eau du bain, en accusant le pouvoir d'en être le responsable. H. G.