En visite de deux jours en Algérie, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a été reçu, hier, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L'audience s'est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, du général de corps d'Armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Auparavant, M. Le Drian avait été reçu, successivement, par M. Gaïd Salah, et le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Avec le vice-ministre de la Défense, les entretiens, qui se sont déroulés au siège du ministère de la Défense nationale en présence de hauts cadres des deux parties, ont été l'occasion pour «examiner les relations de coopération militaire bilatérale et explorer les voies et moyens susceptibles de la consolider et la diversifier en ce qui sert au mieux les intérêts réciproques», indique un communiqué du ministère de la Défense. Les entretiens ont, également, porté sur un «échange d'approches et de points de vue au sujet des préoccupations sécuritaires qui caractérisent la scène internationale, plus particulièrement dans la sous-région du Sahel, en vue d'éclaircir et rapprocher les visions en perspective d'une meilleure coordination des efforts pour asseoir des solutions fiables et durables au contexte sécuritaire prévalant dans cette sous-région», ajoute-t-on de même source. Ayant été reçu durant la même journée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l'hôte de l'Algérie a abordé avec lui les relations bilatérales, «notamment celles relatives aux domaines politique et sécuritaire», a indiqué un communiqué des services du Premier ministre. Les deux parties ont ensuite procédé à un échange de vues sur la situation prévalant dans la région et sur ses «conséquences sur les plans sécuritaire, humanitaire et économique». La rencontre a par ailleurs été l'occasion, pour les deux responsables, d'«insister sur la nécessité d'approfondir le dialogue de haut niveau entretenu par les deux pays et de coordonner les efforts dans la recherche des voies et moyens à même de contribuer à assurer la paix et la stabilité dans toute la région», est-il précisé. A son arrivée hier à l'aéroport international Houari-Boumediène, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a été accueilli par le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. En lui souhaitant la bienvenue, le général de corps d'armée a indiqué que la visite du ministre français de la Défense représentait «un moment fort dans les consultations et la coopération militaires entre les deux pays et permettra de leur donner de nouvelles impulsions». La France, de son côté, avait souligné l'importance de cette visite qui «revêt une très grande importance, on y travaille intensément. Ce sera l'occasion d'un dialogue politique à haut niveau» où seront notamment évoqués «les dispositifs de lutte contre le terrorisme au Sahel» et «la situation au Mali», a-t-on indiqué la veille de la visite, au ministère français de la Défense. Par ailleurs, pour certains observateurs, cette visite de Jean-Yves Le Drian, qui était prévue depuis plusieurs mois, est destinée à informer ses partenaires algériens de l'intention de la France d'installer un centre d'écoute au nord du Mali, non loin de la frontière algérienne, pour intercepter les communications entre les différents groupes islamistes ou les séparatistes Touareg afin d'anticiper leurs actions. Cette annonce intervient dans une conjoncture marquée par le déploiement sécuritaire de la France au Sahel et en Afrique subsaharienne, dans le prolongement de son intervention militaire au Mali et en République Centrafricaine. Mais, pour l'instant, Paris semble tempérer ses ardeurs en annonçant le report de «quelques semaines» le redéploiement prévu de son dispositif militaire au Sahel, qui est une alliance diplomatico-militaire entre la France et quatre Etats sahéliens (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad). Ce mécanisme a été précédé d'un mini-sommet «régional» organisé, samedi dernier, dans l'urgence à Paris par le président français François Hollande, pour mettre en place une stratégie de lutte antiterroriste, notamment contre le groupe intégriste Boko Haram au Nigeria. A. R.