Le génocide de Ghaza pèsera lourd dans l'opération d'investiture du nouveau président américain, Barack Obama, qui prendra, dans 48 heures, les destinées des Etats-Unis en remplacement de George W. Bush dont le bilan de huit ans de règne est qualifié de catastrophique, aussi bien par les Américains que par le reste de la planète. La période de transition au pouvoir achevée, Obama va hériter d'un dossier qu'il a voulu éluder, comme en témoigne le peu de déclarations de sa part à ce sujet. Alors qu'il préparait son mandat sur le terrain de l'économie avec la crise mondiale qui refuse encore de livrer ses secrets et ses méfaits, le nouveau président américain sera dans deux jours devant une question relevant de la politique étrangère de la première puissance du monde. Changement de priorités oblige, Obama est tenu par l'urgence de la situation de traiter un dossier pour lequel il aurait préféré prendre plus de temps. Ne voulant pas entamer son mandat en décevant tous ceux qui ont applaudi l'accession historique d'un homme d'origine noire à la tête de la Maison-Blanche, Obama annonce sa disponibilité à adapter son agenda aux réalités de l'heure. Une annonce qui demeure fidèle au discours électoral qu'avaient tenu Obama et Hillary Clinton dans la pièce angulaire, avec les sévères critiques émises à l'égard de l'administration Bush accusée de ne pas avoir assez œuvré pour la résolution du conflit proche-oriental. Dans la perspective de faire mieux, Obama prévoit une délégation américaine dans la région juste après le 20 janvier. Personne n'oserait remettre en cause une solution équitable à laquelle aboutirait l'option diplomatique promise par l'équipe d'Obama dans la région. A plus forte raison quand on intègre l'échec cuisant subi par le sommet arabe tenu sur initiative de l'émir du Qatar. Les raisons de la continuité dans la politique étrangère américaine ne sont pas moins présentes dès qu'on se réfère à l'historique de la touche américaine dans le conflit palestino-israélien. L'histoire du conflit, vieux d'un demi-siècle, enseigne qu'Israël s'est comporté comme un Etat exceptionnel évoluant au-dessus de la logique de droit à laquelle sont astreints tous les pays du monde. C'est pour cette raison que les chances d'évaluation, dans le sens positif, de la politique étrangère américaine face à ce conflit sont très minimes. Même si l'administration d'Obama est convaincue de la nécessité de privilégier l'option diplomatique, il lui sera difficile, voire impossible, de changer ce qui fait office de constante dans l'exercice de la politique américaine dans cette région. L'administration américaine, quelle soit républicaine ou démocrate, n'abandonnera pas son attachement à la sécurité d'Israël pour se pencher sur le fond de la question. Espérer donc un changement de fond dans la politique étrangère américaine au Proche-Orient traduit une méconnaissance étendue de l'histoire du conflit. Ceux qui lisent la diplomatie à travers l'entourage du leader voient dans le staff annoncé d'Obama le signe de la fidélité américaine envers Israël. A. Y.