Eveiller l'enfant à l'art requiert une panoplie psychopédagogique. Voire tout un art. «Il faut se doter de manuels bien concoctés qui mettent en action des images, des tableaux, des contes,...et les illustrer aux gosses avec tant d'émerveillement», conseillent des spécialistes. C'est le point de départ à l'initiation. En plus, préconisent-ils, il est indispensable d'associer ses enfants à toutes les activités culturelles qui se tiennent dans sa région question de les mettre au goût de show multiples (musique, théâtre, peinture...). Une aubaine pour ranimer tous les sens surtout si certaines manifestations comportent des ateliers thématiques ! Ce décor existe dans toutes les localités du pays. Au moins une discipline y tient place. À Constantine «Lire en fête» aurait pu provoquer le déclic chez la jeunesse au terme de sa troisième édition. Or cette lecture se cherche encore. Elle est coincée aux quatre coins de la cité malgré les multiples moyens (livresques) mis à la disposition des bibliothèques, notamment parmi elles, celle mobile qui sillonne les municipalités. L'encadrement anachronique endigue toute initiative ou bonne volonté. Une seule victime : l'éveil des enfants. Pourtant l'expérience du conte menée par l'association Kan Ya Makan (Il était une fois...) dont le festival international a permis d'identifier les potaches et même des adultes, ô combien prisent-ils les conteurs et leur façon de débiter les histoires. Une hirondelle ne fait pas le printemps. L'étendue d'une semaine ne pourra combler ou susciter chez cette catégorie l'envie de demeurer attaché aux livres de chevet dès lors que le relais n'est pas garanti faute de spécialisation in situ. Et les rares établissements locaux qui assurent la transmission peinent à socialiser la fréquence. Ce fragment fragile du puzzle pédagogique et distractif destiné aux enfants est élargi à tous les rudiments des arts. «Il y a un manque flagrant en éducateurs et ‘‘éveilleurs'' qui pourront mettre les enfants sur le chemin de la lecture et l'initiation aux diverses formes artistiques », souligne un animateur. Les maisons de jeunes implantées à travers la wilaya, ou les wilayas, ne peuvent prendre en charge un créneau déjà alourdi de volume horaire scolaire, ce qui détourne en partie l'attention des jeunes à verser dans un domaine aussi passionnant et utilitariste. Et les parents absorbés par les programmes scolaires ne savent où donner de la tête. Il reste des pistes minimes pour combler ce déficit «artistico-éducatif», c'est le recours aux journées éphémérides consacrées à chaque évènement de l'année. Ainsi le Mois du patrimoine permet généralement aux scolarisés de se ruer vers les musées pour y voir les objets historiques. Des sorties programmées en collaboration avec les établissements assurent cette transmission et sensibilisation fut ce symbolique. «En contact direct avec les vestiges, l'enfant enracine ces repères et les protègera à sa manière surtout si ces visites guidées dans ces espaces muséaux se perpétuent», accentue un jeune éducateur. De son côté le théâtre, à travers son printemps, a pris le pli à Constantine de pondre des grilles qui répondent aux aspirations infantiles. Des associations notamment veillent annuellement à produire des pièces modestes, mais attirantes puisées dans le terroir et autres contes légendaires en vue de mettre l'enfant dans un bain qui lui est propre tant par l'imagination que par l'assimilation des actes et paroles. La sensibilisation des enfants aux arts et préservation du patrimoine passe par une équation simple : maintenir les activités culturelles et les socialiser davantage pour créer un maillage. Cela incombe aux éducateurs, offices et directions de la culture qui doivent «régénérer» leur potentiel. Avec en sus un intérêt particulier des parents. In fine agiter l'éventuelle fibre artistique qui gît dans l'âme des potaches. N. H.