Mohamed Touileb C'est certainement l'un des groupes les plus relevés dans cette Coupe du Monde 2014. Dans cette poule D, la «mort» rode. Des noms, des gros, et pas des moindres. L'Uruguay, l'Italie et l'Angleterre font partie des nations qui composent le quatuor, la quatrième nation étant le Costa Rica. Le pays d'Amérique Latine voit déjà ses chances quasiment réduites à néant pour pouvoir survivre et jouer plus que les 3 matchs d'un premier tour qui s'annonce infernal. Logiquement, et si l'on se réfère au «papier», les deux tickets qualificatifs en 8es de finale seront disputés par la Squadra Azzura, les Three Lions et la Celeste. Des habitués des rôles avancés dans le tournoi universel. Pour l'une des sélections, l'éventuel échec s'annonce d'ores et déjà cuisant. L'élimination dès la phase de «poules» serait une catastrophe. On assistera sans doute à des duels à couteaux tirés. Une lutte sans merci pour continuer de rêver et faire rêver. Sur les pelouses, il y aura des joueurs de qualité. Des stars qui porteront les espoirs de tout un pays. La Squadra Azzura : The Italian job L'Italie (17 participations pour ... 4 consécrations) avance souvent masquée. Sans faire de bruit, la Squadra Azzura a souvent fini par trouver la brèche pour atteindre des stades avancés dans les compétitions continentales ou universelles. Championne du monde en 2006, finaliste de l'Euro en 2012, que faut-il attendre de la sélection transalpine ? Des dinosaures du foot (Pirlo, Buffon ou encore De Rossi) et des jeunes bourrés de talent (Insigne, Destro et Verratti) : voilà une parfaite alchimie qui devrait faire de l'équipe de Cesare Prandelli un favori pour ce Mondial brésilien. La richesse du banc italien pourrait être utile lors de ces trois rencontres qui s'annoncent ardentes. Les Azzuris ont toujours été brillants et performants, peut importe le onze du départ comme le prouve bien leur campagne de qualifications. Quand ont dit Italie on ne peut s'empêcher de penser à Super Mario ! On ne vous parle pas du plombier des jeux vidéo mais bel et bien du joueur qui a cassé la baraque lors du dernier Euro. Paradoxalement, sa saison avec le Milan AC, qu'il a rejoint en provenance de Manchester City après le tournoi européen, n'a pas été brillante. Pour se racheter, le fantasque Balotelli tentera certainement de sauver sa saison lors de cette 20e Coupe du Monde. Lors des qualif', l'ancien citizen a inscrit 5 buts en 5 matchs. L'auteur de la fameuse célébration de «Why always me ?» sait bien qu'il est l'un des arguments offensifs des quadruples champions du Monde. Cependant, si l'on peut trouver un point faible aux héritiers de Dino Zoff ça sera ce onze qui change beaucoup. En effet, Prandelli a utilisé 40 joueurs au total donc comment dégager une équipe type et des automatismes si on est constamment en recherche pour cause de blessures ou de méforme ? L'Italie reste une équipe tellement bourrée de talents que ça risquerait bien d'être son plus gros point faible, mais si tous les joueurs sont en forme ça pourrait faire mal. Selon les sondages et les statistiques, les quarts de finale, au minimum, sont à la portée de la Nazionale qui compte bien effacer la déconvenue de la dernière édition. Elle a été, rappelons-le, éliminée lors du premier tour. L'Uruguay : l'attaque à outrance ? Sur ces mêmes terres, en1950, l'Uruguay (11 phases finales) remportait ce qui était son second et dernier sacre international. Depuis, la Celeste a failli se reposer sur le toit du monde après de nombreuses tentatives. La dernière en date était en Afrique du Sud lorsque les coéquipiers de Diego Forlan ont figuré dans le dernier carré avant de se heurter aux Pays-Bas et finir 4e à l'issue du match de classement face à l'Allemagne. Avec la même détermination et un effectif toujours aussi riche, l'équipe d'Uruguay possède, pour nombre d'observateurs, un des duos d'attaque, composé de Suarez et Cavani, les plus redoutables parmi les 32 équipes qualifiées. L'homme fort du onze d'Oscar Tabarez reste ce diable de Luis Suarez. El Pistolero a joué 2 matchs de moins que Cavani lors des éliminatoires (16 pour Suarez et 18 pour Cavani), mais il a marqué 11 buts au total alors que Cavani n'en a mis que 6. Pour certains spécialistes, Luis Suarez est au même niveau qu'un Ronaldo ou un Messi. Le Liverpouldien devrait figurer parmi les meilleurs joueurs de cette compétition. Si en attaque les Uruguayens pourront compter sur leur doublette, en défense, la donne n'est pas la même. Avec un Diego Lugano vieillissant, l'arrière-garde risque d'être prise de vitesse face aux Rooney, Balotelli, Sturridge et autres comme ce fut le cas face à la Colombie lors des éliminatoires et ce lourd 4-0. Diego Godin, qui évolue à l'Atlético Madrid et qui a fait une bonne saison, sera à la rescousse de Lugano. Serait-ce suffisant pour s'extirper du groupe D ? Les prédictions disent «oui» et envoient les camarades du portier Fernando Muslera jusqu'en quarts. Les Three Lions devront rugir C'est une équipe d'Angleterre très « corporate» que nous avons vue lors des éliminatoires. Tous les joueurs évoluent dans la Barclays Premier League. Ce qui laisse présager que cette équipe, qui pèse 11 participations et un unique sacre (1966), aura forcément une vraie identité lors de la compétition. Mais il y a toujours un mais, les Three Lions étant souvent passés à coté lors des rendez-vous importants, même si dans leurs rangs il y a toujours eu des noms ronflants. Eternellement favorite mais qui ne tient jamais ses promesses, la sélection anglaise va faire une nouvelle tentative au pays de la Samba avec une nouvelle formule. L'entraîneur en chef, Roy Hodgson, a opté pour un mélange de jeunes, à l'instar des Alex Oxlade-Chamberlain (20 ans), Sturridge (24 ans) ou encore Luke Shaw (18 ans) et Sterling (19 ans), et de vieux briscards tels les Steven Gerrard et Frank Lampard pour tenter de concocter la «potion victorieuse». Par ailleurs, l'attraction de cette équipe reste Wayne Rooney (89 sélections, 38 buts). A 28 ans, le joueur de Manchester United constitue un véritable relai entre l'ancienne et la nouvelle génération. Sa frappe chirurgicale et sa générosité dans l'effort sont ses principales qualités. Mis à part le fait d'être tombée dans ce fameux groupe de la mort, la sélection british devrait avoir un coup à jouer. La «carcasse de lion» ne suffirait pas. Il faudra rugir et être féroce pour ne pas se faire dompter. Avec un grand gardien, une charnière centrale à la hauteur de la compétition, un milieu de terrain emmené par Gerrard ou Lampard et une attaque de feu Sturridge- Welbeck-Rooney, il faudra sortir l'artillerie lourde pour vaincre cette équipe anglaise dont la valeur réelle ne sera connue qu'une fois la compétition entamée. Ses chances de se qualifier sont conséquentes et égales à celles des équipes précitées. Le Costa Rica condamné... à l'exploit Entre les 3 anciens champions du monde qui composent le groupe, le Costa Rica est forcément l'équipe qui a le CV le moins riche. Quatre participations ponctuées par... 4 éliminations lors du premier tour, on voit mal comment les Costariciens pourraient survivre aux 3 chocs qu'ils vont subir. Le représentant de la Concacaf pourrait, tout de même, avoir à jouer le rôle d'arbitre dans cette poule s'il venait à accrocher une des trois équipes qui se disputeront les deux sésames. Parmi les joueurs qui pourraient se révéler lors de ce rendez-vous on citera Joel Campbell. L'attaquant de l'Olympiakos, prêté par Arsenal, qui a fait trembler Manchester United en Ligue des Champions, est un élément indispensable de la sélection de Jorge Luis Pinto. On peut espérer un éclair de génie de sa part lors d'un match au Mondial. Il y a aussi le meneur et le capitaine Bryan Ruiz qui évoluait à Fulham avant de rejoindre récemment le PSV Eindhoven. Face à des ogres du football planétaire et au potentiel offensif énorme, le Costa Rica va certainement bétonner en défense pour espérer un contre grâce à la vitesse de ses attaquants. On ne donne pas cher de cette équipe mais dans ce genre d'évènement tout peut se passer et les rêves les plus fous sont permis. Il faudra plus que l'envie de bien faire. Chaque point vaudra son petit pesant de cacahuètes. On sortira, à coup sûr, les calculettes lors du 3e match. M. T.