On savait par Marx que «l'histoire se répète deux fois, la première comme tragédie et la seconde comme farce». Ce n'est pas parce que Marx est marxiste que ce n'est pas forcément vrai. Mieux, le nouvel impérialisme du XXIe siècle, fortement entretenu et impulsé par le sionisme, confirme la sentence en l'enrichissant d'un autre qualificatif : les impérialo-sionistes la (l'histoire) répètent en fumisterie. En attestent les sommets d'hypocrisie et de mauvais foi atteints par les jugements revanchards des grandes capitales occidentales, abondamment relayées par leur presse «mainstream», après l'élection- plébiscite qui a désigné le maréchal Sissi, président de la République en Egypte, la semaine dernière. Une échéance similaire est prévue en Syrie ce 3 juin et, là-aussi, les mêmes commentaires fielleux accompagnent l'événement. On peut, à la limite, convenir que dans l'un et l'autre pays, le vote organisé déroge par bien des aspects aux règles et contexte politique d'une consultation populaire qui réponde en tous points aux standards internationaux généralement admis. Mais de là à en tirer la conclusion que le scrutin n'est pas l'expression d'une volonté populaire, c'est réaffirmer un positionnement sur des parties bien connues en Egypte et en Syrie et qui, tout le prouve, sont loin de refléter la majorité de l'opinion. La vérité, la seule qui leur est toujours restée en travers de la gorge, c'est celle de l'échec avéré de l'islamisme politique couvé et soutenu par l'Occident et qui n'a abattu ni le régime du Caire ni celui de Damas. Le reste n'est que littérature et tout le monde sait bien que le vote égyptien n'est en rien un vote ordinaire dans un pays ordinaire. Celui qui va se tenir en Syrie se présente exactement sous les mêmes augures. En Egypte, l'armée qui s'est placée au côté de l'écrasante majorité du peuple a mis fin, il y a juste un an, au pouvoir des fascistes verts regroupés sous la vieille bannière des Frères musulmans. En Syrie, le président Bachar al-Assad et ses nombreux soutiens ont contrarié avec brio le vent mortel du faux «printemps arabe». Malgré la présence sur le sol syrien de plus de cent mille «djihadistes» -en fait des terroristes islamistes- particulièrement sanguinaires et venus du monde entier, trois ans de combats acharnés et un soutien massif d'une riche alliance occidentalo-islamo-arabe, la Syrie a tenu bon. Grâce à une armée forte et expérimentée, elle a réussi à passer de la défensive à l'offensive et elle continue de réduire l'un après l'autre les bastions de la rébellion. En matière de diplomatie, les gouvernements égyptien et syrien ont damé le pion aux diplomaties française, anglaise, qatarie, turque...Ils ont réussi à soustraire le Conseil de sécurité de l'ONU de l'emprise des puissances occidentales partisanes de frappes militaires contre la Syrie et programmées pour conférer un avantage décisif aux islamistes armés sur le terrain. Au Caire comme à Damas, les scores qui vont être annoncés auront sans doute un aspect brejnévien. Ici et là, ce n'est pas un vote ordinaire qui se sera déroulé. L'urne n'y aura été que le réceptacle pour un acte de résistance contre le pire obscurantisme qui menace l'humanité et conforte Israël dans son hégémonisme et sa suprématie régionale. Tout est cousu de fil blanc et les lamentations hypocrites sur le sort des pauvres Egyptiens et Syriens privés de la joie d'un «vrai» vote traduisent en réalité un grave déni de reconnaissance. Ce n'est pas le vote que «Les amis de la Syrie» ne reconnaissent pas, c'est l'acte de résistance d'une population majoritaire qui, entre l'idéal et le pire, a opté pour la survie réaliste. A. S.