Beaucoup de choses ont été dites au sujet de la crise du gaz entre la Russie et l'Ukraine. Des analystes écrivent que les Russes abordent ce conflit avec un arrière-plan politique. C'est une occasion pour Moscou de reprendre la main politiquement face à l'Union européenne et face aux Etats-Unis. Quelle est la part de vérité dans tout cela ? On l'aura compris, l'Europe des Vingt-sept ne veut pas d'une Russie forte au plan politique et surtout économique. Flash back sur une actualité européenne pas toujours clean aux yeux de Moscou. L'année 2008 a vu le Kosovo devenir indépendant, les Européens approfondir leurs relations avec leurs voisins orientaux et la présidence française de l'UE présenter un front uni inédit des Vingt-sept lors de la crise géorgienne. S'y ajoutent l'activisme des Etats-Unis pour promouvoir le bouclier anti-missile en République tchèque et en Pologne ainsi que le rapprochement de la Géorgie et de l'Ukraine avec l'OTAN. Autant de dossiers qui fâchent en Russie et qui n'arrangent pas du tout les affaires de Moscou. Les Russes perçoivent tout cela comme une incursion dans leur sphère d'influence, souligne un fonctionnaire de la Commission européenne cité par le Point.fr. L'expert dit, en termes clairs, que la fin de la récréation a été sonnée dès le 7 août avec l'incursion de l'armée russe en territoire géorgien. Il est clair que les pays les plus embêtés par cette crise sont ceux ayant un lien avec le bouclier antimissile américain ou en phase de rapprochement avec l'OTAN. L'un et l'autre ont, peut-être, un lien, ajoute-t-il. Lors d'une visite à Bruxelles, le directeur adjoint de Gazprom, Alexandre Medvdev, a d'ailleurs accusé les Etats-Unis de continuer de tirer les ficelles en coulisse. On dirait que (...) les Ukrainiens dansent sur une musique composée non à Kiev mais en dehors du pays, a-t-il dit, en référence à l'accord de partenariat stratégique signé par Kiev et Washington le 19 décembre dernier et qui, selon lui, comporte une clause relative au transit du gaz. Le vice-premier ministre russe, Igor Setchine, qui dirigeait la délégation russe a, quant à lui, indiqué, sur un ton ironique, que l'Ukraine (pouvait) toujours postuler auprès de l'Union européenne pour une aide financière. Et selon Susanne Nies, spécialiste des questions stratégiques et énergétiques européennes et responsable de l'antenne de l'IFRI (Institut français des relations internationales) à Bruxelles, la PEV (Politique européenne de voisinage) et l'OTAN, ce n'est pas l'obsession principale de la Russie à l'heure actuelle et ce n'est pas l'origine de la crise. Certes, l'idée que la Russie se fait de sa grandeur est un élément important, mais l'essentiel, c'est la crise économique et ses effets sur l'économie russe, poursuit-elle. Y. S.