La Russie continue à s'agripper à l'idée d'un sommet à Moscou pour solutionner la crise gazière qui l'oppose à l'Ukraine. En effet, le pays de Dmitri Medvedev a exhorté hier les dirigeants européens à se rendre aujourd'hui à Moscou, pendant que l'Union européenne se disait lassée du chaud et du froid des Russes. La Commission européenne a estimé que les négociations prévues d'ici à la fin de la semaine sont la « dernière chance » de la Russie et de l'Ukraine pour prouver leur volonté de régler la crise. « La patience des Etats européens est épuisée », a déclaré le chef du gouvernement tchèque, Mirek Topolanek, président en exercice de l'Union européenne. La déclaration du chef du gouvernement tchèque exprime le désarroi des pays de l'UE, pris en otage dans un conflit « commercial » opposant la Russie à l'Ukraine, mais qui tend à confirmer une couverture politique que les deux pays tentent tant bien que mal de contester. Dans une autre tentative de se refaire une virginité, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, était hier en Allemagne pour des discussions axées essentiellement sur l'approvisionnement en gaz du vieux continent. L'invité de la chancelière allemande s'est déclaré prêt à « aider (ses) partenaires ukrainiens », sans « chercher qui a raison et qui a tort ». « Nous ne devrions pas politiser la situation (...) Nous sommes intéressés pour fournir du gaz », a poursuivi M. Poutine. Néanmoins, la compagnie russe Gazprom a laissé entendre la semaine dernière que les Etats-Unis jouaient un rôle dans la crise gazière qui perturbe l'Europe depuis plusieurs jours en influençant leur allié ukrainien. « On a l'impression que toute la comédie musicale qui est en train de se dérouler en Ukraine est dirigée par un tout autre pays », a déclaré Alexandre Medvedev, le numéro deux de Gazprom. Ce dernier, pour étayer ses dires, a évoqué l'accord stratégique signé en décembre par les Etats-Unis et l'Ukraine. Et c'est à Vladimir Poutine de lâcher hier un autre morceau depuis Berlin. Le Premier ministre russe a accusé l'Union européenne « de soutenir de facto l'Ukraine » dans le conflit du gaz, en plaçant Moscou et Kiev sur un pied d'égalité. La partie ukrainienne, accusée, elle, par Moscou de « voler » son gaz et bloquer les livraisons vers l'Europe, a tenté d'organiser un « sommet » de six présidents d'Europe de l'Est, mais remplacé par les entretiens qu'a eus le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, avec son homologue slovaque Ivan Gasparovic et avec le Premier ministre moldave, Zinaïda Grecianii. Les Ukrainiens tentaient manifestement ainsi de reprendre l'initiative, après que le président russe, Dmitri Medvedev, eut proposé mercredi l'organisation d'un sommet entre la Russie, l'Ukraine et l'UE, aujourd'hui à Moscou. L'UE se montrait pour le moins sceptique face à une telle réunion et Viktor Iouchtchenko insistait pour qu'elle se déroule « sur le territoire européen ». Une nouvelle partie de ping-pong. En tout cas, une nouvelle série de négociations sur la crise gazière devrait avoir lieu aujourd'hui à Moscou entre Vladimir Poutine et son homologue ukrainienne, Ioulia Timochenko. Mardi dernier, une tentative de rétablir le transit du gaz russe vers le vieux continent, interrompu le 7 janvier, s'était soldée par un échec.