Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a procédé hier samedi à l'ouverture du Colloque international que le Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) a consacré à la problématique de Tamazight dans les médias qui a lieu au Centre culturel d'Azazga, Tizi Ouzou. Organisé sous le thème «Médias, communication, langues et langages où en est Tamazight ?», cette manifestation scientifique se tiendra durant trois jours avec la participation d'experts algériens, mais aussi marocains. Dans son introduction au colloque, Belkacem Mostefaoui, Professeur à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information, mais aussi coordinateur scientifique du colloque, évoquera les enjeux sociaux du droit à la communication en Tamazight pour affirmer que «le droit à la communication (émettre et recevoir des informations, des opinions et des valeurs symboliques) est un fondement des droits humains et de l'Etat de droit». Il plaidera dans son intervention pour «une formation au journalisme amazighophone» comme une exigence de l'heure. Pour sa part, le secrétaire général du HCA, El Hachemi Assad, saisira l'opportunité de son allocution pour répondre indirectement aux présidents de l'APW de Tizi Ouzou et de l'APC d'Azazga qui avaient réclamé auparavant que la langue Tamazight soit introduite dans la future Constitution en tant que langue nationale et officielle. Cherchant vraisemblablement à dépassionner ce débat, le nouveau SG du HCA dira que son institution invitera le ministère de l'Education à lancer une réflexion autour d'actions visant le développement de l'enseignement de la langue amazighe par étapes. Il s'agira pour lui de rendre obligatoire l'enseignement de Tamazight là où il est effectif, l'étendre vers les zones amazighophones avant son extension vers les autres régions du pays et enfin créer une académie qui aura entre autres missions la normalisation de la langue amazighe dans le but de bien préparer la constitutionnalisation de son caractère officiel. En somme, le débat politique se situera entre ceux qui affirment que l'officialisation doit attendre que la langue soit développée et ceux qui estiment que l'officialisation de Tamazight travaillera pour son développement. Le colloque qui se tient à Azazga jusqu'à demain lundi abordera sans aucun doute cette question sous un angle scientifique et apportera peut-être des arguments des scientifiques qui y participent. «Au HCA, nous considérons que le processus est déjà amorcé, mais il doit être consolidé par la création d'une Académie qui est nécessaire et vitale pour la normalisation de la langue. Nous espérons que la décision de principe de l'officialisation ne prendra pas autant de temps que son introduction comme langue nationale», ajoutera El Hachemi Assad. Plusieurs communications sont au programme de ce colloque auquel participent de nombreux universitaires et spécialistes qui traiteront de thèmes qui intéressent autant Tamazight que les médias. Cette manifestation scientifique sortira avec des recommandations selon le vœu des organisateurs, mais aussi des spécialistes participants pour que cette rencontre ne soit pas un coup d'épée dans l'eau. «J'insisterai personnellement auprès de tous les communicants pour qu'ils mettent à la disposition du colloque la totalité des communications», dira Belkacem Mostefaoui qui semblait à cheval sur l'organisation et surtout sur les objectifs que le colloque devra atteindre. M. B. Grine : «Tamazight dans les médias mérite une prise en charge effective et continue.» Le nouveau ministre de la Communication, Hamid Grine, a tenté, hier à l'occasion du Colloque international sur Tamazight et les médias organisé par le HCA à Azazga, wilaya de Tizi Ouzou, de rassurer les militants de la cause en affirmant que «Tamazight occupe une place de choix» dans son département. Pour lui, «la question de Tamazight dans les médias et au-delà de sa consécration, mérite une prise en charge effective et continue sur la base de règles professionnelles et couvrant l'ensemble des missions assignées aux médias, à savoir celles inhérentes à l'information, la culture et le divertissement», dira-t-il précisant que «cette prise en charge doit être soutenue par un effort constant en matière de formation par les établissements et/ou par l'Etat». Après un bref historique sur l'introduction de la langue Tamazight dans les médias, notamment la télévision et la radio, le ministre de la Communication fera savoir que 24 radios locales diffusent actuellement des programmes en Tamazight selon les variantes locales. Dans le courant du mois de juillet, une vingt-cinquième radio, celle d'El Bayadh, introduira des programmes en Chelhi, selon Hamid Grine qui ajoutera que son département donnera son importance à la formation dans le secteur de la presse. À la question d'un journaliste sur la nécessité de créer un journal public en langue Tamazight au même titre que ceux édités en arabe et en français, le membre du gouvernement avouera qu'il n'y a pas pensé, étant installé à son poste depuis peu de temps, mais dira apprécier cette idée et promet de «s'en accaparer». M. B.