Le ministre de la Communication, Hamid Grine, était, hier dans la localité d'Azazga (Tizi Ouzou) pour donner le coup d'envoi du colloque international organisé par le HCA sur le thème « Médias, communication, langues et langages : où en est tamazight ? ». Sa présence se veut « à la fois politique, pour porter le message du gouvernement quant au soutien aux efforts menés pour la consécration de tamazight, culturelle, parce que c'est un moyen de mettre en place tous les mécanismes pour renforcer tamazight langue et culture séculaire, et sentimentale car elle me ramène 26 ans en arrière lorsqu'en 1988, je suis venu ici pour animer une conférence sur le football national aux côtés de mes amis Khalef et Fergani ». Programme de formation Abordant les raisons et l'objet de sa visite, Hamid Grine a, dans son allocution d'ouverture des travaux de ce colloque, affirmé que « la question de tamazight dans les médias et au-delà de sa consécration mérite une prise en charge effective et continue, sur la base de règles professionnelles et couvrant l'ensemble des missions assignées aux médias, celles inhérentes à l'information, à la culture et au divertissement ». Tout en précisant que « cette prise en charge de la langue nationale amazigh doit être soutenue par un effort constant en matière de formation par les établissements spécialisés et/ou par l'Etat ». Il a indiqué que son département ministériel « s'attelle à la mise en œuvre d'un vaste programme de formation destiné à l'ensemble des professionnels des médias qui sera renforcé par un autre programme prévu dans le cadre du plan quinquennal 2015-2019 du président de la République ». Toutefois, le ministre ne manquera pas de préciser qu'« avec l'ouverture de l'audiovisuel à l'investissement privé, l'Etat a veillé, sur le plan du droit, à ce que le dispositif législatif inhérent à ce secteur, en cours de mise en œuvre, réponde aux impératifs de préservation et de promotion de la langue nationale amazigh ». Revenant sur le colloque, Grine soutient que sa thématique l'interpelle en tant que citoyen et ministre. « Les experts de la communication ainsi que les professionnels des médias, particulièrement la radio et la télévision, constituent les espaces les plus appropriés pour la promotion et le développement des langues et cultures », tout en ajoutant que l'essence même d'un média est de communiquer dans la langue de l'auditoire. « C'est d'abord une exigence professionnelle, mais surtout une obligation, lorsque le média est de service public qui est en train d'assumer pleinement sa noble mission tant cela figure dans le cahier des charges en tant qu'obligation de service public. C'est le cas de la radio et de la télévision algériennes », a-t-il enchaîné. Recrutement Le ministre soutiendra aussi que « tamazight, langue de nos pères, longtemps confinée dans des espaces réduits, n'a connu son véritable essor que durant les deux dernières décennies, d'abord à la radio puis à la télévision ». Un essor qui s'est, selon lui, matérialisé par la promotion de la Radio Chaîne II au statut de véritable chaîne nationale au même titre que les chaînes I et III, l'élargissement de l'utilisation de tamazight avec ses neuf variantes à savoir le chaoui, le targui, le chenoui, le mozabite, le znati, l'ouargli, le hassani, le chelhi et le kabyle à travers les radios locales. Il ne manquera pas aussi d'insister sur « la revalorisation de la ressource humaine par le recrutement de nouvelles générations de diplômés universitaires, l'implantation de radios dans les quarante-huit wilayas ayant permis jusqu'à présent l'introduction de tamazight dans vingt-quatre stations » A ce propos, le ministre annoncera l'ouverture, le mois prochain, de la variante chelhi au niveau de la station d'El Bayadh. Le ministre étayera ses propos relatifs à la ressource humaine en indiquant qu'à la télévision, les choses ont évolué différemment. « De l'introduction d'un journal télévisé en tamazight en 1996, tamazight s'est vu offrir une chaîne en 2009, en dépit des contraintes objectives liées notamment à la rareté de la ressource humaine spécialisée et l'offre réduite en matière de production audiovisuelle ». En marge de l'ouverture du colloque, le ministre a animé un point de presse au cours duquel il fait désormais sienne l'idée émise par un confrère de créer un journal dédié exclusivement à tamazight et a fait part de la volonté de l'Etat à aller vers l'application des règles de commercialité et de transparence dans la distribution de la publicité publique, tout en niant l'existence d'un quelconque monopole de l'Etat sur le marché de la publicité. « Le marché de la publicité est libre et on ne peut pas obliger un opérateur de donner sa publicité à tel titre ou tel autre. C'est l'aspect commercial qui prédomine ». Il reviendra aussi sur le contentieux SIA-journal El Fedjr suite à la question du correspondant de ce titre. « Une fois de plus, je le dis avec fermeté, c'est un contentieux purement commercial entre les deux partenaires. Si volonté politique il y avait d'en interdire la publication, cela aurait été fait avec les imprimeries de l'Est et l'Ouest. Or, ce journal continue à y paraître. Le quotidien a une créance de 7,8 milliards de centimes auprès de cette société qu'il doit honorer et j'en ai discuté avec la responsable de ce journal ». Grine rappellera également les différentes mesures en cours de mise en œuvre pour la délivrance de la carte nationale de journaliste professionnel et des organes de régulation de la presse nationale. Le ministre voudrait qu'elles soient « sérieuses et fiables » dans un délai bien court. Il a indiqué que la centaine de journalistes qui accompagneront l'EN au Brésil bénéficiera d'une allocation touristique de 3.500 euros sur instruction du Premier ministre, « dénotant la volonté du gouvernement à soutenir les médias dans leur mission ». Il a aussi précisé que l'Etat a acheté les droits de retransmission de 24 matches de la coupe du monde.