À l'approche des élections législatives à Tripoli, prévues pour le 25 juin, et devant le risque de leur report, pour des raisons sécuritaires et politiques, la communauté internationale a pris vendredi une nouvelle initiative diplomatique en faveur de la Libye. À travers la mission d'appui en Libye (Manul), l'Organisation des Nations unies a lancé une invitation de dialogue aux acteurs politiques et chefs de tribus les plus influents en Libye. Cette initiative intervient à la veille de la visite du ministre français, Laurent Fabius, en Algérie, dont le pays avait été l'un des membres de l'Otan qui a participé activement à la chute de l'ancien régime du défunt guide libyen Mouammar Kadhafi, tué fin 2011, au terme de neuf mois de rébellion. La crise politique libyenne sera en effet au cœur de la visite du chef de la diplomatie française à Alger pour deux jours (aujourd'hui et demain). L'aide de l'Algérie sera d'un précieux apport pour ramener les différents protagonistes libyens à la table des négociations, dans un contexte marqué par une flambée des violences à travers le pays, notamment à l'est où un général dissident, Khalifa Haftar, conduit depuis mai dernier une meurtrière offensive contre les groupes islamistes d'Ansar Acharia, appuyé par une partie de l'armée régulière qui a rejoint ses troupes à Benghazi. «La rencontre comportera des discussions sur les affaires urgentes et conflictuelles, afin de parvenir à un accord ou de réduire l'écart entre les parties concernées, de sorte qu'une période de transition puisse débuter avec les élections» du 25 juin prochain et qui sont d'une importance capitale, a affirmé la Manul dans un communiqué de presse. Les rencontres entre les politiques et chefs de tribus libyens sont programmées pour la semaine précédant le scrutin législatif, a précisé Tarek Mitri, envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU et chef de la Manul. «Les diverses parties libyennes devront se rencontrer une semaine avant les prochaines élections législatives pour élaborer une déclaration contraignante de principes», a-t-il expliqué, repris par l'agence d'information chinoise Xinhua. La persistance des violences à travers plusieurs régions du pays où pullulent les groupes armés, notamment les groupuscules islamistes qui veulent imposer un Etat islamique en Libye, la guéguerre au sommet des autorités de transition qui ont créé deux gouvernements parallèles qui ont alerté une communauté internationale que le chaos libyen interpelle plus que jamais. La mise en place de la Manul, en septembre 2011, au lendemain de la chute du régime de Kadhafi, n'a pas suffi pour éviter à ce pays voisin de l'Algérie de sombrer dans l'anarchie. L'intervention ciblée de l'Otan, décriée par la Russie et la Chine qui avaient pourtant opposé leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU envers toute ingérence armée en Libye, a plongé ce pays aux enfers, déstabilisant même les pays voisins, déjà infestés par les groupes islamistes armés, affiliés à la présumée nébuleuse terroriste Al-Qaïda. Outre cette instabilité politique et sécuritaire, l'empressement de la Manul à amorcer un véritable dialogue politique en Libye est motivé par des violations et atteintes enregistrées ces derniers mois en matière de droits de l'Homme. Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (Hcdh) a tiré la sonnette d'alarme, pour la énième fois, vendredi, se disant «très préoccupé» par la violence en Libye. «Nous exhortons toutes les parties à un maximum de retenue pour éviter une escalade supplémentaire et entamer un dialogue pacifique. Nous appelons les autorités à renouveler leurs efforts pour répondre à leurs obligations en vertu des droits de l'homme internationaux», a souligné vendredi soir le porte-parole du Hcdh, Rupert Colville, lors d'un point de presse. Vendredi matin, un attentat à la voiture piégée a visé Hachem Becher, ancien président de la Haute commission de sécurité de Tripoli (HCS), une force d'ex-rebelles relevant du ministère de l'Intérieur. La HCS a été formée par les autorités de transition pour assurer la sécurité dans le pays. L. M.