À partir de demain la planète entière parlera une seule langue, celle du football. Le coup d'envoi du Mondial-2014 au Brésil enclenchera un mois de compétition sportive haute en couleur. Les médias du monde entier, dans leurs diversités, seront irrémédiablement braqués sur l'événement scrutant les moindres détails. Grande particularité de cette 20e édition, le lieu de l'épreuve. Le Brésil est bien «Le» pays du football et l'origine de footballeurs mythiques. Mais le Mondial-2014, événement de taille universelle, est aujourd'hui au cœur d'un vif débat politique. Des Brésiliens reprochent à leur gouvernement d'avoir trop dépensé dans les préparatifs du grand rendez-vous sportif, et revendiquent davantage d'hôpitaux, d'écoles et l'amélioration des services sociaux. Pour la première fois dans l'histoire du Brésil le football sacro-saint est au centre d'une grosse polémique sociale qui n'est point à son avantage. Les légendes vivantes du football, à l'image du roi Pelé, ont été obligées de se positionner sur le débat, non sans embarras. Aussi, les critiques liées aux billets des rencontres n'auront pas été avares en enseignements. Les Européens qui constituent sans conteste le gros des acheteurs avec les Brésiliens grands amateurs de football, ont déploré des tarifs jugés excessifs pour assister aux rencontres. En cette période de crise mondiale se déplacer au Brésil, y séjourner ne serait-ce que durant une petite période, coûte une petite fortune. Et lorsque les «riches» habitants d'Europe se plaignent des prix onéreux des tickets il n'est même plus question de s'interroger sur les autres zones géographiques, moins nanties. Les amoureux du football et de la Coupe du Monde en Algérie ont dû casser la tirelire, pour ceux qui ont le privilège d'en avoir, afin de pouvoir participer in situ à la grande fête. C'est que la Coupe du Monde est irrémédiablement devenue une grosse machine à sous. Exit les valeurs du football, sport le plus populaire la planète. La Fifa, dont les pratiques obscures sont de plus en plus critiquées par les observateurs, semble définitivement installée dans une logique de rente tout azimut. Le dieu dollar est aujourd'hui la langue de l'empire dirigé par Sepp Blatter depuis 1998. Les droits de sponsoring et ceux des télévisions génèrent des sommes colossales pour la Fifa qui devient de ce fait un des organismes les plus puissants au monde. Parfois plus influent que beaucoup d'Etats. Aujourd'hui, les Brésiliens, qui se sont mobilisés pour dénoncer la mauvaise gouvernance dans leur pays, refusent que leur Coupe du Monde soit déviée par et pour les riches. Au pays de la samba et du carnaval le football est bien le sport des couches populaires. M. B.