Wafia Sifouane Mouffok L'Unesco vient d'inscrire «en urgence» à la liste du patrimoine mondial de l'humanité, le village de Battir, situé dans le sud de la Cisjordanie occupée. Déclaré patrimoine mondial en péril, ce petit village palestinien où les paysans pratiquent depuis des siècles la culture en terrasses est en fait menacé de destruction par la colonisation israélienne, a annoncé l'organisation onusienne samedi dernier. Le village est menacé par la construction du mur d'occupation israélien, bien que, depuis 2012, la Cour suprême israélienne, fait rarissime, ait donné raison aux plaignants palestiniens et ordonné au gouvernement israélien de redessiner le tracé de son mur de la honte. Cette inscription au patrimoine mondial de l'Unesco et sur la liste du patrimoine mondial en péril, est une nouvelle victoire politique pour la Palestine, qui intervient à la suite d'un vote qui s'est déroulé dans le cadre d'une procédure d'urgence. Les Palestiniens avaient revendiqué en juin 2012 une première victoire historique en obtenant l'inscription au patrimoine mondial par l'Unesco de la basilique de la Nativité de Bethlehem en Cisjordanie occupée. Pour sa part, l'ambassadeur palestinien à l'Unesco, Elias Sanbar, a déclaré que «ceux qui ont voté pour cette inscription disent que seule la chute des murs assure l'avènement de la paix et de la réconciliation». «Vous venez de prendre, au-delà de l'inscription de Battir, une décision courageuse contre l'enfermement, l'exclusion et la domination», ajoutera-t-il en s'adressant aux ambassadeurs qui ont voté favorablement. La Palestine a ainsi réussi à isoler Israël au sein des 21 membres du comité du patrimoine mondial. Seuls trois ont voté contre l'inscription de ce site sur la liste du patrimoine mondial en péril, onze votants pour, alors qu'il fallait dix voix pour atteindre la majorité. Rappelons que la vallée de Battir est connue pour ses terrasses agricoles, toujours exploitées, et son système d'irrigation datant de l'antiquité. D'autres sites ont également été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité. Il s'agit de la Citadelle d'Erbil en Irak, la ville historique de Jeddah en Arabie saoudite, la Filature de soie de Tomioka au Japon, et l'usine Van Nelle située aux Pays-Bas. Les Chemins des Incas, un chef-d'œuvre d'ingénierie préhispanique qui traverse l'Amérique du Sud de bout en bout, a aussi été inscrit, samedi dernier à Doha, à la liste du patrimoine mondial. «Tout comme ces différentes civilisations qui ont su s'unir à travers le Qhapaq Ñan, nos six pays ont su travailler ensemble et unir leurs volontés», a dit le représentant du Pérou sous les applaudissements. Voie royale millénaire, les Chemins des Incas (Qhapaq Ñan) relient aujourd'hui le Pérou, le Chili, la Colombie, l'Equateur, l'Argentine et la Bolivie dans un entrelacement de routes construites sur une période de 2 000 ans et culminant parfois à plus de 5 000 mètres d'altitude. Le classement par l'Unesco au patrimoine mondial devrait permettre à ce site de recueillir des fonds pour sa conservation, sa restauration et son développement touristique. W. S. M.