Dans toutes les villes brésiliennes par lesquelles ils ont transité, les supporters de l'équipe nationale de football ont laissé une bonne impression. Décontractés, chaleureux et vraiment passionnés, les inconditionnels d'El Khadra ont été vite adoptés par leurs hôtes. En fait, les latinos partagent exactement la même spontanéité insouciante et la même joie de vivre. Bien avant de voir les Fennecs à l'œuvre, les Brésiliens ont, d'abord, découvert les fans algériens et chanté avec eux au rythme de «One, two, three, viva l'Algérie». Beaucoup parmi eux ne connaissaient pas l'Algérie, mais ils s'étaient joints à nos compatriotes, sans préambule ni protocole, pour nourrir l'ambiance et partager la fête. Femmes, hommes ou enfants, ils étaient ravis de faire connaissance avec des Nord-Africains, sympathiques et mordus du ballon rond, qui aiment leur équipe et chantent à sa gloire. Ils repartent tous émus avec le drapeau algérien en écharpe. «Je ne connaissais pas l'Algérie, mais vous avez-là un joli drapeau», lâche une dame en guise d'adieu dans le micro d'un confrère. À Porto Alegre, à l'issue du choc palpitant Algérie-Corée du Sud, des troupes de musiques brésiliennes s'étaient gaiement invitées à la fiesta improvisée à la sortie du stade de Beira-Rio. Brésiliens et Algériens ont dansé aux rythmes de la salsa pour saluer l'éclatante victoire des Verts. «Vous avez une très bonne équipe qui développe un beau football », témoigne Carlos, un fan de la Seleção. Oui, le football rapproche. En une semaine, les supporters algériens ont fait découvrir leur pays à des milliers de Brésiliens. Dans ce registre, ils ont fait bien plus que la longue présence de notre représentation diplomatique sur place. C'est un aspect d'une grande importance qu'il faut absolument prendre en considération à chacune de nos participations aux grands événements sportifs internationaux. Cela ne fait aucun doute, le sport constitue un outil de communication très puissant et un instrument diplomatique efficace. Aucun pays ne le reconnaît ouvertement, comme çà, mais tous agissent, underground, pour en tirer le maximum de profit. Durant les années 1970, Henry Kissinger, le fameux diplomate américain, regrette de ne pas disposer d'une bonne sélection de football, à l'image de la Seleção ou de la Squadra Azzurra, qui rapprocherait les Etats-Unis du reste du monde. Il est vrai que les Américains excellaient dans le rugby, le baseball et le basket-ball, mais le monde aime plus le foot. L'attribution d'une édition de Jeux Olympiques ou d'un Mondial de football fait aujourd'hui l'objet de lutte et de concurrences acharnées entre les pays candidats. Les relais politiques et diplomatiques jouent très serré pour gagner la confiance des instances sportives comme le CIO ou la Fifa. À l'heure de la public diplomacy et des réseaux sociaux, «disposer» d'un public comme celui des Fennecs est un atout qu'il ne faut pas sous-estimer. «Le sport a sans doute sa place dans l'analyse de la scène internationale; il est un critère parmi d'autres; c'est une grille de lecture qu'il ne faut ni surestimer, ni négliger. Le sport -au même titre que l'art- devient un vecteur marketing pour les groupes de pression internationaux ainsi que pour les Etats», note, à ce sujet le célèbre, magazine français Diplomatie. Alors, disons «Bravo» à nos supporters au Brésil qui ont su, mieux que quiconque, exprimer la chaleur, l'hospitalité et l'humanisme du peuple algérien. K. A.