La 23e session ordinaire du sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, dont les travaux ont pris fin vendredi dernier à Malabo, en Guinée équatoriale, a été une occasion pour les dirigeants africains de débattre d'une «activation rapide de la force africaine d'intervention», comme l'a indiqué le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, représentant personnel du président Bouteflika à ce sommet. À ce propos, il a expliqué que «l'Algérie et d'autres pays africains influents, comme l'Afrique du Sud et le Tchad, prennent en main sa sécurité, à travers l'intervention rapide lorsqu'il s'agit de problèmes sécuritaires menaçant le continent, afin d'éviter le recours à d'autres forces qui pourraient déstabiliser davantage le continent». L'Algérie a «fortement» soutenu cette proposition, à travers la mobilisation des moyens logistiques et la garantie de la formation, a affirmé M. Sellal se disant confiant quant à la capacité de ce mécanisme à rétablir la sécurité en Afrique. De son côté, le commissaire de l'Union africaine à la paix et la sécurité, M. Chergui, a indiqué : «Nous avons tenu en marge de cette réunion, une rencontre des pays volontaires pour mettre en œuvre cette capacité immédiate de réaction rapide.» Le diplomate algérien a affiché sa satisfaction après avoir constaté l'existence d'un engagement de certains pays qui s'ajoutent à la liste initiale et surtout leur détermination, a-t-il ajouté, «pour utiliser cette force partout sur le continent africain». M. Chergui, qui a souligné que ces pays sont actuellement au nombre de 12, a fait savoir que des préparatifs sont en cours pour tester «réellement» cette force africaine. «Ces pays ont eu l'élégance de détacher des officiers supérieurs qui ont travaillé avec nous sur la préparation des éléments techniques», a-t-il détaillé, sans citer ces pays. «Il ne faut pas que les gens comprennent que nous sommes en train de dupliquer les choses, car ce que nous faisons sur la Caric (capacité africaine de réponse immédiate aux crises) est en fait l'embryon de ce que sera la capacité de déploiement rapide de la force africaine», a-t-il expliqué. Il a ainsi parlé de l'existence d'un travail «cohérent» pour avoir «réellement» une force et une capacité de réaction africaine qui doivent être prêtes fin 2015, selon M. Chergui. Evoquant par ailleurs, le groupe terroriste Boko Haram, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA a évoqué une proposition de création d'une force militaire régionale pour lutter contre ce groupe. Il a ajouté dans ce sens, que cette force militaire composée du Cameroun, du Niger, du Tchad et du Nigeria, sera basée près du lac Tchad pour contrecarrer, a-t-il précisé, le groupe Boko Haram. Le sommet de l'UA a été également une occasion pour les chefs africains de saluer les efforts de l'Algérie dans le rétablissement de la paix et de la sécurité en Afrique, mais aussi pour son rôle capital dans la crise malienne. Le président tunisien, Mohamed Moncef El Marzouki, a ainsi été le premier à saluer le «rôle positif» de l'Algérie dans la crise malienne, se disant confiant que ce rôle était à même de parachever le processus démocratique dans la région. De même, et par la voix du Premier ministre, il est affirmé que la plupart des chefs d'Etat africains ont salué les efforts du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour le rétablissement de la paix et de la sécurité en Afrique et cela «à la faveur d'initiatives pacifiques menées au Mali, en Libye et dans d'autres pays», a indiqué M. Sellal. L'Algérie, qui a assumé un rôle «pionnier» notamment en matière de sécurité, a joué un rôle «prépondérant» pour la réintégration de l'Egypte à l'UA. M. Sellal a, d'autre part, indiqué que le sommet a porté sur plusieurs volets, à savoir l'agriculture, la sécurité alimentaire et les questions sécuritaires. Concernant ces volets, Abdelmalek Sellal a expliqué, lors de son intervention, qu'«il ne peut y avoir de développement en Afrique, sans l'instauration de la paix et de la sécurité» relevant que l'«enjeu central» concernait l'avenir de l'Afrique dans son ensemble. Le Premier ministre a jugé «conceptuellement erroné et politiquement inadmissible» de penser que chaque pays africain disposait d'un avenir propre sans lien étroit avec son environnement, appelant les dirigeants africains à oser «l'audace de la réconciliation nationale et du dialogue inclusif pour renouer avec la paix et la sécurité». M. Sellal a indiqué en outre, que la problématique de la sécurité alimentaire en Afrique ne pourrait être appréhendée sous le seul angle économique, précisant qu'en raison de sa complexité, elle revêt un caractère éminemment politique qui requiert, pour son traitement, la prise d'une décision politique globale appropriée. Notons enfin que la rencontre de Malabo a été consacrée à l'examen du rapport portant sur les activités du Conseil de paix et de sécurité de l'UA pour les derniers six mois ainsi que la situation globale en Afrique où les chefs d'Etat et de gouvernement ont passé en revue les dossiers sectoriels liés entre autres, au commerce, au transport, à l'agriculture et à l'habitat. Ce sommet, placé sous le thème «Agriculture et sécurité alimentaire» en Afrique, a également axé ses débats sur l'ouverture de nouveaux marchés et la promotion de l'investissement pour accélérer l'intégration économique africaine. H. Y./APS