Après l'assassinat au premier jour de Ramadhan d'un jeune mozabite de 19 ans au quartier de «Bouhraoua» à Ghardaïa, des associations mozabites ont appelé à un rassemblement de colère pour dénoncer l'insécurité qui règne dans la vallée du M'zab. Hier, des dizaines de Mozabites ont marché pacifiquement en signe de protestation contre l'insécurité et les promesses non tenues des premiers responsables du pays, avant de se rassembler devant le siège de la wilaya de Ghardaïa où leurs représentants ont rencontré le wali pour lui transmettre leurs doléances. La marche, dont le coup d'envoi a été donné à partir de la place du marché de la ville, a vu la participation de plus de 2 000 personnes, selon les services de police, et de 4 000 selon les organisateurs. Brandissant des banderoles sur lesquelles il était notamment écrit «Halte à l'impunité», «Halte aux promesses non tenues», «La vérité sur les crimes commis», les manifestants, toutes souches sociales confondues, ont dénoncé «toutes les positions hostiles au patrimoine mozabite et à l'unité du pays» et ont scandé des slogans dans lesquels ils ont condamné les actes criminels contre les personnes et les biens qu'a connus dernièrement Ghardaïa. Dans une plateforme de revendications, citée par l'APS, les organisateurs et les acteurs locaux des ksour ont revendiqué la mise en place d'une commission d'enquête sur les événements de Ghardaïa, l'application des lois de la République dans leur rigueur, sur l'ensemble des citoyens, la concrétisation des décisions prises par les hautes instances de l'Etat en matière d'indemnisation, d'aides et de relogement des populations victimes de cette tragédie. Les marcheurs ont exprimé, avant de se disperser dans le calme, leur engagement et leur mobilisation constante pour la concrétisation de leurs revendications. Une délégation des marcheurs a été reçue par le wali de Ghardaïa qui a ensuite reçu les membres du conseil «El-Kourti», la plus haute instance en matière sociale, politique et culturelle de la société mozabite. Notons que le conseil des sages mozabites, juste après l'agression mortelle du jeune étudiant, avait mis en garde contre d'autres agressions, affirmant que «d'autres attaques étaient prévues au deuxième jour du mois sacré, juste après la prière de l'aube». Le conseil des sages n'a pas manqué de rappeler au Premier ministre ses engagements non tenus et de rappeler que «la patience des jeunes mozabites a des limites». «L'arrestation immédiate des fauteurs de troubles, l'application des lois de la République et une justice forte et sereine restent un autre moyen, encore possible, de conjurer la crise et éviter des dérapages dont personne ne peut prédire les conséquences», a mis en garde le conseil des sages. Pour rappel, de violentes échauffourées récurrentes avaient secoué depuis le mois de janvier dernier la région de Ghardaïa faisant neuf morts, plusieurs blessés et la destruction d'énormes biens dont certains ont été vandalisés, d'autres pillés et incendiés. De nombreuses personnalités politiques, religieuses, sportives ont usé de leur pouvoir pour mettre fin à ces échauffourées par le dialogue et le rapprochement entre les parties dans ce conflit mais, après plusieurs semaines d'accalmie, des affrontements ont repris au premier jour du mois sacré après l'assassinat à coups de pierre et de projectiles du jeune Aouef El Yesaâ Benmohamed alors qu'il se trouvait sur une motocyclette au quartier de «Bouhraoua», au nord de la ville de Ghardaïa. Le meurtre de Aouef El Yesaâ, a remis Ghardaïa dans la case départ alors que les autorités avaient promis de faire sortir la Valée du M'zab de la spirale d'affrontements communautaires qui dure depuis une année. Abdelmalek Sellal alors qu'il portait la casquette de directeur de campagne d'Abdelaziz Bouteflika, avait promis à plusieurs reprises dans ses discours électoraux : «Juste après les élections et si Abdelaziz Bouteflika brigue son quatrième mandat et que je suis maintenu, je reviendrai à Ghardaïa et je resterai le temps nécessaire jusqu'à ce que le problème soit résolu.» Trois mois après les élections et après un nouvel assassinat, des échauffourées et plusieurs blessés, Abdelmalek Sellal est toujours attendu à Ghardaïa. H. Y./APS